Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 24.09.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 2220 fois

AU PALAIS La juge : "vous avez un problème avec l'autorité"? "Plaît-il, j'étais caporal chef matricule 87-08"

Le palais de justice de Nîmes.

" Monsieur vous avez un problème avec l'autorité, si l'on en croit votre casier judiciaire et les faits reprochés dans ce dossier", indique la juge Florence Cot qui préside l'audience correctionnelle mercredi 22 septembre.

"Plaît-il, j'étais caporal chef matricule 87-08 à l'armée", répond du tac au tac le prévenu qui devient raide à la barre du tribunal correctionnel comme s'il était au garde à vous. Cet homme, âgé de 51 ans, s'est fait remarqué durant toute l'audience correctionnelle. Convoqué à 14h, il ne comprenait pas pourquoi son dossier n'était pas retenu immédiatement. Par moments, il sommeillait. A deux reprises, il a même chuchoté : "Allez c'est mon tour maintenant, on va pas passer la journée sinon je vais boire un coup".

Lorsque son nom a été prononcé et son affaire examinée vers 19h, il se lève, titube et une fois arrivé face à la juge, se retourne pour scruter la salle comme s'il cherchait quelqu'un.

Une audience de mercredi après-midi, surréaliste par moment, avec des prévenus aux profils particuliers et aux réponses énigmatiques. "On se demande par moment où se trouvent les caméras de vidéo-gags", souligne l'avocat du policier victime, maître Jean-François Corral. Le prévenu comparaissait pour conduite en état d'alcoolémie, et rébellion sur un policier... Alors qu'il avait été contrôlé fortement alcoolisé, il a cumulé les délits. Ce 4 septembre 2020, il avait emprunté le véhicule d'un ami, mais rapidement sa conduite hasardeuse a suscité la curiosité d'une patrouille de la police. Une fois au commissariat, il a pété un plomb.

"Le policier a touché mon épaule, je me suis mis en position self défense", glisse le curieux personnage en mimant le geste. " Et alors", lui demande la juge qui ne comprend pas bien pourquoi le policier et le mis en cause vont finir à terre dans un face à face tendu dans le couloir des geôles.

" J'avais mal à l'épaule, je venais de me faire opérer", poursuit le prévenu. "Mais monsieur, le policier vous a demandé de regagner la cellule au commissariat et vous avez refusé. Ce n'est pas à vous de choisir l'horaire où vous devez regagner la cellule tout de même", lui répond la présidente.

" Plaît-il, mais excusez-moi, il ne m'a pas écouté ce policier, je lui ai dis à trois reprises que j'avais mal à l'épaule", insiste le prévenu qui lève les bras au ciel et se tourne à nouveau vers le public comme s'il ne comprenait pas les questions de la juge.

C'est à cet instant que maître Jean-François Corral ose une question : " je suis l'avocat du policier". Il n'a pas le temps de finir sa phrase que le prévenu le coupe : " Ah Fred", sans savoir s'il parle du policier où s'il s'adresse à l'avocat.

" Je comprends parfois le désarroi des policiers, qui se retrouvent face à des individus qui sont difficiles à gérer", glisse Maître Corral. La procureure adjoint Véronique Compan, n'a pas envie de se perdre dans la nébulosité des réponses et de cette affaire, et tranche dans ses réquisitions : " moi je vais en rester aux faits et rien qu'aux faits. Monsieur est interpellé en milieu d'après-midi avec 2g d'alcool dans le sang, il n'a pas voulu regagner sa cellule". Elle réclame une sanction de 100 jours amende à 10 euros et une suspension du permis de conduire.

" Mon client à une personnalité atypique, il a besoin avant toutes choses de soins psys et d'aides", plaide le conseil du prévenu, maître Alexandre Zwertvaegher. Un homme, déjà connu pour des alcoolémies au volant, pour des violences, qui est finalement condamné dans ce dernier dossier à 100 jours amendes à 5 euros.

Boris De la Cruz

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