Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 16.06.2022 - pierre-havez - 13 min  - vu 5379 fois

ASSISES Meurtre du petit Ethan, 3 ans : 30 ans de réclusion requis contre le légionnaire italien

Assises procès de Martin Baridon (Photo Yannick Pons) - Yannick Pons

Accusé d'avoir tué à coups de pieds et de poings le petit Ethan, un soir de novembre 2019, dans un petit appartement de la rue des Lombards, à Nîmes, alors que sa maman était sortie faire la fête, Martin Barison a avoué hier, pour la première fois, sa responsabilité dans le meurtre du garçonnet de 3 ans. « J'étais en colère, je souffrais énormément. Je m’occupais de ses enfants comme les miens, je faisais tout pour elle. J’ai tout donné. Elle ne m’a jamais remercié. Elle m’a trompé, ridiculisé et toutes petites choses m’ont mis hors de moi ce soir-là », s'est notamment justifié le légionnaire. Aujourd'hui, pour la deuxième journée d'audience, différents experts et témoins ont mis en lumière les mensonges de l'accusé pendant plus de deux ans de procédure et ses aveux tardifs et froids.

19h30 : La première avocate de Martin Barison plaide pour son client. Elle tente d’expliquer ses longues dénégations et de lui donner un visage plus humain. « Sa seule survie a lui a été de se renfermer sur lui-même car c’était insupportable pour lui d’avoir commis un tel acte et de le reconnaître. C’est pour cela que ses aveux ont été tellement long, débute Florence De Prato. Jugez-le pour ses actes, mais ne perdez pas de vue que ce n’est pas un monstre, il n’avait que 28 ans, il n’avait pas beaucoup d’expérience. Essayez de le comprendre, faites un pas vers lui, car il a pris du temps, mais il est arrivé à revenir dans le giron de l’humanité. Tout le monde peut passer à l’acte. Ne le rejetez pas définitivement. »

Son confrère est le dernier à s’exprimer. « C’est un funambule en équilibre entre le mensonge et la vérité. Il ajoute de l’horreur à l’horreur. Mais on touche-là à la nature humaine. Je ne plaide pas pour Machiavel, mais pour un homme comme vous, comme moi, avec une éducation et une famille normale, commence Pierry Fumanal. Mais depuis ses aveux, il renoue avec le contrat social, il accepte son statut de coupable, il a évolué dans sa position de funambule. Il encourt 30 ans de réclusion dont 20 ans incompressibles. Mais Barison ne se trouve pas fier quand il se regarde dans la glace, et on ne doit pas nier son évolution. »

Les juges délibèreront demain matin. C'est la fin de ce Live.

18h : L’Avocat général démarre ses réquisitions. Il s’adresse aux jurés. « Le sort de nos enfants est une responsabilité à partager. J’ai entendu ses aveux fébriles, ses revirements, ses hésitations. Mais il reconnait avoir porté des coups volontairement à Ethan pour se venger de la mère, débute Willy Lubin. Comme vous, je suis choqué de ce que ce bébé de trois ans a souffert ce jour-là. Comme vous, je suis choqué qu’un voisin entende ses cris pendant 40 minutes et n’intervienne pas. Comme vous, je suis choqué qu’un enfant puisse mourir en silence, dans notre société, pour une raison futile, sous les coups du compagnon de sa mère. Cette affaire était la chronique d’une mort annoncée, tout était réuni pour la mort d’Ethan. La veille de sa mort, il était à l’école, heureux d’y aller. Vous avez vu les photos de ce frêle enfant, allongé au sol. Pas de quoi faire peur à un militaire formé à tuer ses ennemis. »

« Vous avez commis deux crimes : vous avez tué Ethan et vous avez détruit sa mère »

L’Avocat général laisse traîner une minute d’arrêt pour laisser aux jurés le temps d’imaginer le calvaire du jeune garçon face à son bourreau. « Imaginez un enfant tenter de se protéger pendant 40 minutes, comme cela, avec ses bras d’enfants. C’est cruel, reprend Willy Lubin, interrompant ce lourd silence. Sa mère a été naïve, elle n’a pas imaginé que son compagnon puisse tuer Ethan. Mais Martin Barison avait déjà choisi sa victime. Il est allé jusqu’au bout de sa lâcheté, pendant plus d’un an, il a multiplié les combines pour faire croire que c’est elle qui avait tué son enfant, se faisant même passer pour leur protecteur, faisant croire qu’il jouait avec eux. Mais c’était le jeu du loup et de l’agneau. »

Il se tourne vers l’accusé. « Vous êtes machiavélique. Vous avez trompé tout le monde. Vous avez commis deux crimes : vous avez tué Ethan et vous avez détruit sa mère. Deux crimes… », assène le magistrat. La mort d’Ethan a été réfléchie, calculée et volontaire : il a été choisi depuis un certain temps, comme le montre ses messages de menace le ciblant en particulier, car il savait que c’était le chouchou de sa mère. Ils étaient fusionnels et cela ne lui plaisait pas. Pour le faire dormir, il ne chantait pas, ni ne racontait d’histoires ou de contes, il lui faisait peur pour ne pas qu’il retourne dans le lit de sa mère ! Il était le chouchou de sa mère, et il est mort pour elle. À son âge, ça devrait être l'inverse...» Le magistrat s'adresse de nouveau au légionnaire. « Vous êtes un lâche : au lieu d'affronter sa mère, vous vous en êtes pris à un enfant ! »

L'Avocat général requiert 30 ans de réclusion criminelle contre le militaire italien, avec une peine de sûreté des deux tiers.

L'Avocat général Willy Lubin lors du procès de Martin Barison pour le meurtre du petit Ethan. (Photo : PH)

17h : L’avocat du père d’Ethan débute sa plaidoirie. Le légionnaire, en opération à étranger, n’est pas présent au procès du meurtrier de son fils. « Comment vais-je lui expliquer qu’un homme de 80 kilos a massacré son enfant de trois ans et onze kilos et qu’il reste de marbre devant nous, depuis deux jours ? pointe Arthur Mounet. Il aurait pu sauver cet enfant, mais il avait la volonté de tuer et faire souffrir Ethan et sa mère. Ethan hurlait, l’implorait, le suppliait et puis Ethan n’a plus rien dit. Et Martin Barison continuait à frapper. Le père d’Ethan, c’est l’antinomie de Martin Barison. Il attend toujours des nouvelles de son fils, mais la seule chose qu’il va recevoir, c’est une décision de Justice. »

L'avocate Annélie Deschamps dans la salle des pas perdus du tribunal (Crédit : Yannick Pons)

« Sous ses bouclettes de chérubin, c’est un monstre »

C’est au tour de l’avocate de la maman d’Ethan de s’avancer à la barre. « J’ai rencontré Mme Farrah au tribunal, menottée, après une garde à vue éprouvante au cours de laquelle on lui avait demandé de s’expliquer sur la mort de son fils. Pourtant je l’ai très vite sentie sincère dans sa douleur et son incompréhension, rappelle Annélie Deschamps. Comment se sentira-t-elle un jour de nouveau heureuse et légère ? On l’a caricaturée, traitée de prostituée, de toxicomane, on l’a accusée de confier ses enfants à n’importe qui, de les maltraiter ! Elle a fait un an de détention. Et aujourd'hui encore, dans la communauté, certains l'appellent la Mangeuse d'enfants. »

L’avocate marque un temps d’arrêt avant de reprendre. « Je rappelle que ce n’est que grâce aux rapports des légistes qu’il a finalement avoué. Mais même-là, il continue à dire que c’était par jeu. Je ne le crois pas. En pleine nuit, sa colère s’est déchaînée, avec ses pieds, avec ses poings contre le petit corps d’Ethan, enfonce Annélie Deschamps. Il veut la blesser, nous dit-il ? Bravo, c’est réussi. Elle a été détruite ! Et il a encore l’ignominie de continuer à s’en prendre à elle après : il manipule le thermostat, les policiers, les experts, et il pousse le vice jusqu’au bout. Mais quand il pleure au milieu de la nuit, ce n’est que sur son sort et son avenir… C’est Machiavel : sous les bouclettes de chérubin, c’est un monstre que je vois… »

16 h : Le rapport de l’expert psychiatre a lui aussi été influencé par les mensonges de l’accusé. « Je n’ai pas relevé la moindre pathologie, maladie mentale, déviance ou manipulation chez lui, commence Nicolas de Carolis. Pendant notre entretien, il a beaucoup chargé sa compagne, mais de manière adaptée et argumentée, sans exagération. Il montrait de la sollicitude envers les enfants. Sa dangerosité criminelle n’est pas avérée, sauf s’il a menti... »

Le président rebondit, rappelant à l’expert que l’accusé a finalement avoué avoir battu l’enfant à mort. « Sachant qu’il est bien passé à l’acte, qu’est-ce que cela nous apprend sur sa personnalité ? », interroge le président. L’expert semble à son tour choqué par ces révélations. « C’est très déconcertant. Il n’a pas de trouble manifeste de la personnalité, ce qui ne veut pas dire que ceux-ci ne soient pas ressortis avec l’accumulation entre cette relation toxique et ces violences mutuelles, élabore le psychiatre. Avec son idéal de masculinité et sa rigidité, il a pu se trouver en difficulté en voyant partir l’objet de son désir. »

« Il a dû perdre toute notion qu’il avait un enfant devant lui, celui-ci est devenu un défouloir »

Le président tente d’aller au fond des choses. « Ce n’est pas un coup de sang, c’est le massacre d’un enfant qui va pleurer et hurler pendant une heure. Et à côté de ça, l’accusé a un comportement extrêmement lisse et atone devant le psychologue et vous-même. C’est cela que nous ne parvenons pas à comprendre. », rappelle Eric Emmanuelidis. Il insiste sur la gravité des mensonges de l’accusé, qui ont envoyé la mère d’Ethan en détention provisoire pendant un an. En réponse, le psychiatre évoque la possibilité d’un mensonge « utilitaire ». « Ce n’est pas de la perversion, mais il y a des processus manipulatoires, de comédie et d’émotion, avec l’utilisation d’éléments plausibles, rappelle le psychiatre. Et il faut savoir que plus on s’enferre dans ses mensonges, plus on finit par y croire… »

Pierry Fumanal tente de comprendre les raisons de ce passage à l’acte. « À un moment donné, poussé par sa machine à fantasme s'est mise en route, alimentée par une nouvelle absence de sa compagne : il a dû perdre toute notion qu’il avait un enfant devant lui, celui-ci est devenu un défouloir, conclut Nicolas de Carolis. Sa colère a pu être ruminée pour faire payer l’autre et durer dans le temps, froidement. Mais ce clivage pourrait être circonscrit à un contexte et à un évènement précis. »

Me Pierry Fumanal aux Assises du Gard, lundi 11 avril 2022 (Photo d'illustration : PH)

« Il paraît peu concerné, froid, et sans empathie. Est-ce pathologique, de la manipulation ? »

15 h : L’expert psychologue Bruno Vignal est en difficulté. Il a rencontré Martin Barison en prison et décrit un profil « grégaire » et « compliant » : c’est-à-dire n’aimant pas la solitude et se pliant volontiers aux volontés de l’autre.  « Il n’expose pas ses émotions et fait preuve d’un certain contrôle de ses sentiments, mais il a une certaine tendance à la négativité, établit-il. Il était très soucieux d’Ethan, c’en est à se demander s’il n’était pas avec Mme Farrah pour l’enfant. » La salle gronde et chuchote d’étonnement en entendant ses conclusions.

Le président interrompt l’expert et lui apprend que l’accusé a menti à tous pour se défendre. « Sachant ce qu’il a fait, il ne montre pas beaucoup d’émotion. Il paraît peu concerné, froid, et sans empathie. Il vous a conduit gravement dans l’erreur ! Est-ce pathologique, de la manipulation ? », veut savoir Eric Emmanuelidis. Pris de court, le psychologue ne sait que répondre. L'avocat général rebondit. « Pour tromper vos tests à ce point, fut-il être très intelligent ou est-ce à la portée de n'importe qui ? », demande Willy Lubin. L'expert consent que cela nécessite une certaine intelligence.

Interrogé par les avocats du légionnaire, le psychologue fournit une explication possible au long mensonge de Martin Barison. « Je ne sais pas s’il y a de la perversité chez lui. Il est possible que la peur se soit installée en lui après avoir pris conscience de l’horreur de son acte, et que cela l’ait conduit à refouler une partie des faits. Et peut-être que son travail psychologique en prison lui a ensuite permis une certaine récupération », avance l’expert.

14h : Les débats reprennent avec l’audition de Michel Robardey, qui a enquêté sur la personnalité de l’accusé, en 2020. Il rappelle que les parents de Martin Barison se sont séparés quand il avait onze ans. Il a vécu avec son père jusqu’à ses 25 ans et son départ pour la France. Dès l’âge de 15 ans, il interrompt ses études pour travailler dans l’entreprise de maçonnerie de son père, puis, à 25 ans, quitte, du jour au lendemain, l’Italie et sa petite amie de l’époque pour rejoindre la Légion, à Aubagne, Castelnaudary, puis au 2e REI à Nîmes, en mai 2018. « Il ne s’est jamais fait remarquer par la moindre violence. Au contraire, en close combat, il n’était pas vaillant, préférant toujours combattre les plus faibles », ajoute l’enquêteur. Après sa rencontre avec la maman d’Ethan en discothèque, il s’éloigne peu à peu de la vie du régiment jusqu’à ce que le couple connaisse ses premiers soubresauts à cause de la jalousie du légionnaire vis-à-vis des nombreuses sorties de sa compagne.

12h : Martin Barison se décrit à son tour comme quelqu’un de calme. Mais le président lui rétorque qu’on ne lui reproche pas une bagarre qui a mal tourné, mais le meurtre d’un garçonnet de trois ans « qui n’a eu aucune chance, seul contre lui ». Depuis son interpellation, il est détenu à la maison d’arrêt de Villeneuves-lès-Avignon où son comportement est irréprochable. « Je travaille heureusement pour pouvoir sortir un peu de ma cellule. Je reste moi-même, je pleure beaucoup, mais je vis avec », décrit-il d’une voix triste. Je vois une psychiatre et je suis plusieurs traitements pour m’aider à tenir. » L’audience est suspendue.

Martin Barison, dans le box des accusés de la cour d'Assises du Gard, jeudi 16 juin 2022 (Photo : PH)

« Nous sommes deux mamans dans la peine. On les met au monde, mais on ne sait pas où ils peuvent finir ! »

11h : Le père de Martin Barison est appelé à la barre. Il a toujours cru les premières déclarations de son fils, rejetant la faute sur la mère de l’enfant. Visiblement chamboulé par les aveux tardifs de son fils, il ne parvient toujours pas à expliquer son geste. Il revient sur le parcours de son fils : école de cirque, musique, celui-ci a ensuite travaillé avec lui comme géomètre. « Rien dans son enfance n’explique ces violences. Il a certainement un caractère fragile. Il ne m’a rien dit quand il est entré dans la légion car il était certain que je l’en dissuaderai. » Florence De Prato lui demande comment il a réagi en apprenant les faits terribles dont est accusé son fils. « Je n’ai pas dormi pendant deux ou trois mois, c’est toujours mon fils. », lâche-t-il.

La grande sœur du légionnaire s’avance à son tour. « Mon frère n’est pas le monstre qui ressort de ces faits. C’était un enfant enjoué, dynamique, passionné de sport. Il n’a jamais fait de mal à personne. Il avait une petite amie depuis six ans en Italie, avant de venir en France. » Elle s’effondre lorsque le président lui rappelle ce que son frère a fait subir à Ethan. « C’est dur d’admettre ce qu’il a fait, c’est mon petit frère ! Il n’a probablement pas su comment se comporter avec cet enfant, car il n’est pas papa, lui-même. Mais il n’est pas comme cela, c’était un gentil garçon ! » Proche de son frère, bien qu’elle ait quitté la maison assez jeune, elle explique que Martin Barison n’aimait pas les études et qu’il a toujours voulu devenir militaire dans la marine. Arrivé en France à 25 ans, Martin Barison a tout plaqué de son ancienne vie en Italie pour atteindre ce but. « J’ai souvent parlé avec son ancienne fiancée, il est un peu jaloux comme tout le monde, mais pas violent. Je ne peux toujours pas croire la vérité. »

La maman de l’accusé est à son tour entendue. « Il a toujours été un bon garçon, il a toujours fait son devoir, il avait beaucoup d’amis, il était très affectueux avec sa famille. Puis il a décidé d’abandonner son travail pour s’engager dans la légion, une passion qu'il avait depuis tout petit, décrit-elle. Je voulais qu’il soit heureux, quel que soit son choix. Je ne peux pas croire ce qu’il s’est passé. » Son fils lui a écrit de nombreuses lettres en détention, expliquant au départ que la mère d’Ethan était violente et que le temps prouverait son innocence. « Vous savez que votre fils a admis avoir tué cet enfant en le frappant pendant une heure durant ? Comment réagissez-vous en tant que mère, dont le fils est toujours vivant ? » La mère de l’accusé pleure soudainement. « C’est terrible ce qui est arrivé, je demande pardon pour mon fils, implore-t-elle en se tournant vers la mère d’Ethan. Nous sommes deux mamans dans la peine. On les met au monde, et ensuite on ne sait pas où ils peuvent finir ! »

10h45 : Pierry Fumanal, l'un des avocats de l'accusé, revient sur les aveux tardifs du légionnaire italien et sur les enjeux de cette journée pour lui.

« J’avais envie de la blesser elle, et malheureusement Ethan était entre nous deux »

10h : Le président poursuit l'interrogatoire du légionnaire italien. « Je n’avais pas l’intention de tuer. Sous la colère, je ne voyais plus rien. Je suis devenu méchant. Au départ, j’étais seul dans le salon, je faisais du nettoyage. J’ai fait du bruit et je les ai réveillés : j’ai donné un biberon au petit, puis j’ai pensé à ce qu’elle me faisait et là, j’ai pété les plombs. Ethan regardait la télévision. J’ai explosé, je l’ai tapé, j’ai donné des coups sur le ventre, je l’ai jeté par terre, il a tapé la tête plusieurs fois. Je savais que c’était son préféré. Il a eu mal, il a crié, je n’ai rien entendu, j’étais hors de moi. »

La mère d’Ethan s’effondre à ces mots. Dans l’assistance, d’autres proches pleurent sur les bancs. « Plutôt que de l’étouffer, vous avez préféré lui donner des coups pendant plus d’une heure, pour le faire souffrir, pourquoi ? », insiste Eric Emmanuelidis. « J’avais envie de la blesser elle, et malheureusement Ethan était entre nous deux », répète Martin Barison, d’une voix mécanique.

Le président tente de comprendre pourquoi l’accusé a ensuite rejeté la faute sur la maman du petit garçon, élaborant un scénario très évolué pendant deux ans et sept mois de procédure. « J’avais peur, j’ai été lâche, j’ai tenté de m’en sortir par tous les moyens en cachant la vérité », avoue-t-il platement. J’ai beaucoup travaillé avec des psychologues, ça a été très difficile de me l’avouer à moi-même. Je me lève le matin en pensant aux horreurs que j’ai faites. Il est toujours dans mes prières. J’ai mal au cœur. »

L'un des avocats du légionnaire prend la parole. « Après tout ce que vous avez mis en place : les mensonges, les manipulations avec votre codétenu, les courriers que vous lui écrivez, c'est une autre façon de lui faire mal ? », demande Pierry Fumanal. « Oui, finit par admettre l’accusé. Je l'ai aimé très fort, oui. Je regrette ce que j'ai fait, j'ai mal au cœur, je suis désolé. Quand je me lève le matin, à la maison d’arrêt, je vois une merdre, un lâche », admet Martin Barison.

Son autre avocate, Florence De Prato lui demande ce qu’il a fait depuis son arrivée en détention en arriver à admettre sa culpabilité. « J’ai vu un psychiatre pour finalement réussir à accepter la vérité. Ce déni, c’était une question de survie, c’est extrêmement difficile d’accepter d’avoir tué un enfant. Je pense toujours à lui, lâche-t-il en reniflant. Je suis malheureux. Tous les jours, je pense à lui, je suis déçu de moi-même. »

Les avocats Annélie Deschamps (à gauche), Arthur Mounet et Florence De Prato (de face) et Pierry Fumanal (à droite, de dos) (Photo Yannick Pons) • Yannick Pons

« Si les secours avaient été immédiats, Ethan aurait pu être sauvé »

9h : Le professeur Marie-Dominique Pierececchi Marti a autopsié le corps du petit Ethan. « Il y a eu une phase de coma d’une heure minimum, mais pas de mort immédiate. Il a succombé d’une défaillance respiratoire, après avoir perdu beaucoup de sang, notamment au niveau de la zone du foie qui a été éclaté et du thorax, confirme-t-elle. La mort relève d’un phénomène traumatique qui a pu durer jusqu’à une heure, constitué d’impacts extrêmement violents de coups de pieds et de poings, voire, sur l’abdomen, d’une compression, comme si quelqu’un lui avait marché dessus. » Le président revient sur certaines des conclusions de l’experte. « L’absence de lésions post-mortem montre que tous les coups ont été reçus par ce petit garçon de son vivant. La nature des coups reçus ne lui ont pas permis de survivre plus d’une heure, mais si les secours avaient été immédiats, Ethan aurait pu être sauvé », rappelle Éric Emmanuelidis.

Après les conclusions médicales, le magistrat se tourne vers l’accusé. « Quelles ont été les violences précises que vous avez commises sur cet enfant ? », lui demande-t-il. « Dans un premier temps je me suis mis par terre et je l’ai lancé en l’air. Il est tombé quelques fois. Ensuite, je le faisais courir vers moi et avec mes poings et mes pieds je le repoussais… », commence Martin Barison. Le juge lève les yeux au ciel et l’interrompt, lui faisant remarquer que cette version ne colle pas du tout avec les conclusions médicales. Acculé, l’accusé se reprend. « Ensuite il était debout contre le mur et je l’ai frappé violemment avec mes poings et mes pieds, puis encore lorsqu’il était par terre. » « Vous avez utilisé quelque chose ? Avez-vous appuyé votre pied sur son thorax ? », insiste Eric Emmanuelidis. « Oui, je l’ai fait », admet le légionnaire Italien.

Pierre Havez

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