Publié il y a 1 an - Mise à jour le 05.11.2022 - corentin-corger - 5 min  - vu 1135 fois

COSTIÈRES STORY Robert Malm avec Renaud Ripart : "C'est une passation de pouvoir"

Robert Malm commentera ce dernier match pour beIN Sports (Photo Anthony Maurin). - Anthony MAURIN

Robert Malm explosant de joie lors du match de la montée [Photo via MaxPPP] • TEAMSHOOT TEAMSHOOT
Dans notre fait du jour de ce matin, Renaud Ripart a livré ses souvenirs avant ce dernier match au stade des Costières. "On faisait des bisous sur le crâne de Robert Malm", a confié le meilleur buteur de l'histoire de cette enceinte âgé à ce moment-là de 15 ans. Un moment immortalisé en 2008 après le succès contre Laval, synonyme de montée en Ligue 2.

Une image symbolique sur laquelle a souhaité revenir le principal intéressé. Désormais consultant pour beIN Sports, Robert Malm sera présent à 15h aux Costières pour commenter la rencontre et l'émotion sera forcément palpable pour ce héros du 16 mai 2008 qui, cette saison-là, avait inscrit 16 buts en 16 apparitions.

Objectif Gard : Quels sont vos souvenirs marquants au stade des Costières ? 

Robert Malm : Comme je suis gourmand je vais en donner deux. Le premier c'est le match face à Arles aux Costières (33e journée de National le 12 avril 2008). On arrivait à la fin de saison ça commençait à sentir bon.  On gagne 2-0 et je marque à peu près deux fois le même but de la tête. Cette victoire dans le derby a conditionné le reste la fin de saison. C'est un match fondateur par rapport à cette fin de saison dont on connaît l'issue.

Et le deuxième ? 

C'est évidemment ce match contre Laval. J'ai plusieurs images en tête. D'abord la queue aux guichets pour acheter les places. On est aux Costières 72 heures avant le match, on s’apprête à faire un dernier entraînement et on voit la queue impressionnante qui allait jusqu’au rond point devant la stade. On s’était mis à la fenêtre. On en revenait pas, c'était un truc de fou. Après sur le match personne ne le sait mais je joue ce match blessé.

Comment ça ? 

Une semaine avant d'affronter Laval, on perd 4-3 à Pau. Pendant le match, je prends un coup pas beau du tout à la cheville. Pour la petite histoire on refait un dernier entraînement aux costières et comme cela arrive neuf fois sur dix, je reprends un coup au même endroit. Le doute s’installe quant à ma participation. Lors de la mise au vert à la Grande-Motte, j'ai fait tout ce que je pouvais en termes de soins, même marcher dans l'eau de mer. Avant le match, on m'a fait une petite infiltration, j'ai pris des anti douleurs et on m'a strappé la cheville. À l'issue de l’échauffement je ne me sentais pas à l’aise alors j'ai dit : on enlève tout ça et on verra bien. Le strap me gênait et me faisait penser à la douleur alors que je voulais être concentré dans le match. Avec l'adrénaline j'ai eu l'impression d'être guéri et je n'ai ressenti aucune douleur jusqu'à la fin du match.

"Je sens la vibration des sauts sous mes pieds"

Cela ne vous a pas empêché d'inscrire un doublé et Nîmes de monter en Ligue 2...

Quand je marque le troisième but, le jeu reprend puis le ballon sort. Je m'arrête et ça dure cinq, six secondes où je prends le temps de réaliser ce que l’on est en train de faire. Tout le stade chante et reprend : "qui ne saute pas n’est Nîmois !" Je suis statique, je regarde et je sens la vibration des sauts sous mes pieds. Permettre à nouveau au Nîmes Olympique de retrouver le monde professionnel, car pour moi le National c'est un championnat amateur avec des contrats pros, on ne s'imagine pas la joie immense que l’on a procuré aux gens. On leur a redonné le sourire le temps d’une soirée, c’est quelque chose qui restera marqué à vie.

Robert Malm sous le maillot de Nîmes Olympique (Photo Jean-Claude Azria)

Que se passe-t-il au coup de sifflet final ?

Sur le moment, je cherche le coach Jean-Luc Vannuchi. On venait de réaliser quelque chose d’énorme. Je ne le vois pas car on est pris par la cohue et puis finalement j'arrive à le trouver et il me tombe dans les bras. Et puis il y a ce garçon qui est à côté de moi...

"C'est quand même assez dingue"

Est-ce que vous vous souvenez de ce visage ?

Oui, sincèrement oui. Je revois encore le visage de Renaud Ripart. Quelques années après, on en a reparlé ensemble. Quelque part, on s’est dit c'est une passation de pouvoir. On a posé les fondations et maintenant démerdez-vous. Faites le reste et amenez le club là où il doit être. Il a pris plus que le relais et la génération suivante a fait ce qu’il fallait pour faire remonter le club jusqu'en Ligue 1. C’est une histoire quand même assez dingue de voir un gamin du club qui deviendra ensuite un acteur majeur de la remontée du club. La boucle est bouclée cette photo a beaucoup de sens. J’ai 35 ans et lui c'est un gamin de 15 ans. On ne pensait pas que dix ans après il serait au même endroit et qu'il réaliserait l'exploit de ramener Nîmes au plus haut niveau du foot français. C'est un super clin d'œil. Sur cette photo il y a aussi Abdoulaye Coulibaly. Je devais sortir vers la fin du match pour faire entrer Stéphane Beyrac mais il n'a pas voulu. Si j'avais su, j'aurais aimé qu'Abdou entre à ma place car il méritait de participer à cette fête.

Tout à leur au moment de commenter ce match, quel sentiment dominera ?

Je serai nostalgique. Des moments comme ça tu veux en vivre quasiment tout le temps dans ta carrière. C'est là que tu te dis que l’on en a pas assez profité de ces moments-là. On ne les savoure pas suffisamment. Il faut savoir les apprécier à sa juste valeur. Car je visionne le DVD de la montée, je vois dans ma réaction d'après-match que je passe tout de suite à la saison d'après. Et c'est pour ça que la photo avec Renaud elle dit tout. On voit un gamin qui est là et qui se rend compte de ce que l’on vient faire et lui il aimerait bien faire ce que l’on a fait. Et il fera même mieux. Il fallait qu’il y est un commencement à cette histoire. On l’a fait avec notre groupe, c’est quelque chose qui compte pour moi. C’est vrai que j’arrivais de Montpellier âgé de 35 ans et que j’étais attendu au tournant. En étant recruté en janvier, je devais apporter quelque chose et être opérationnel de suite. Et tout s'est passé d'une manière remarquable. Quasiment 15 ans après je me pose parfois la question de savoir comment on a réalisé ça.

"Le stade des Costières restera un formidable souvenir dans ma carrière"

Hier soir, l'ancien président Jean-Louis Gazeau nous confiait que votre venue a pu se faire grâce aux bonnes relations avec Louis Nicollin...

Oui, c'est le cas. Les deux présidents ont discuté et ils se sont mis d'accord. Après coup Rolland Courbis en a voulu à Louis Nicollin car il pensait que si j'étais resté on serait peut-être monté en Ligue 1. Mais ça reste hypothétique et le réel ça n’a pas de prix. Ma venue était aussi conditionné par un bon restaurant. Jean-Louis Gazeau s’était tapé dans la main avec Louis Nicollin qui a été royal avec moi. Le président Jean-Louis Gazeau m’a accueilli comme il le pouvait même si je sais qu’il y a eu un doute concernant mon arrivée. Mon âge posait problème.

Et est-ce que vous le ressentiez au quotidien ?

Quand il y avait un contrôle antidopage, après chaque match j’y avais droit. Après le match à Sète, je dis au doc que c'est la troisième fois et qu'il faut arrêter. Alors je lui demande si c'est fait exprès et que l'on pense que je me dope pour expliquer que je marque beaucoup à 35 ans. Et il sourit donc j'ai compris. Je peux faire pipi tant que vous voulez dans les éprouvettes, je ne prends pas de produits magiques. Ce n’est pas en me dopant que je vais mieux cadrer les ballons. Ça pouvait m'aider à courir plus longtemps mais je n'avais pas besoin de ça. En tout cas c'était cool de partager toutes ces anecdotes. Le stade des Costières restera un formidable souvenir dans ma carrière.

Propos recueillis par Corentin Corger

Corentin Corger

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