FAIT DU JOUR Au Vigan, le pôle d'enseignement supérieur relie la cité aux universités régionales
Ouvert en septembre, intégrant la formation des aides-soignants et infirmiers, en plus d'un campus connecté et d'une licence professionnelle, le pôle d'enseignement supérieur Charles-Flahaut a été inauguré ce jeudi, en présence des financeurs et des universités et instituts partenaires. Impulsé par l'ancien maire du Vigan, Éric Doulcier, réalisé par la municipalité de Sylvie Arnal, le projet a su fédérer malgré l'ambition qui pouvait paraître trop grande. Une soixantaine de personnes y étudie chaque jour, pour l'instant...
L'émotion était palpable et sincère, ce jeudi après-midi, dans les locaux flambant neufs du pôle d'enseignement supérieur Charles Flahaut du Vigan, avant même que ne soit coupé le ruban d'inauguration. Une émotion accrue par la présence de l'ancien maire, Éric Doulcier, qui impulsa l'idée de la possibilité d'une enseignement supérieur au Vigan "dès 2008", précisa le président du Pays viganais, Régis Bayle, et fut freiné dans sa fonction par la maladie, qui le contraignit à renoncer à se représenter en 2020.
La première émue et reconnaissante de l'impulsion donnée fut la maire actuelle, Sylvie Arnal. "Qui aurait cru qu'un jour, au Vigan, il puisse y avoir une rentrée universitaire ?", s'est enthousiasmée l'ancienne adjointe d'Éric Doulcier, soulignant sa "satisfaction de voir aboutir aujourd'hui l'effort de plus de quinze années au service de notre collectivité". En 2010, la municipalité lançait les éco-dialogues, recevant Pierre Rabhi, Stéphane Hessel ou Francis Hallé. "Ces rencontres (...), raillées par l'opposition qui n'y voyaient là que des délires de "bobos écolos" étaient en réalitéla première pierre de ce pôle d'enseignement supérieur".
"À la Région, ils nous prenaient pour des fous"
Régis Bayle, président du Pays viganais et conseiller régional
Des étudiants masteuriales de la faculté des sciences de Montpellier furent ensuite accueillis, "pour travailler une semaine par an, sur la biodiversité et la richesse patrimoniale naturelle du pays viganais", a rappelé Sylvie Arnal pour marquer la période de séduction de sa cité envers les responsables de l'enseignement supérieur régional. "Grâce à ce partenariat, la création au sein de ce pôle d'une licence professionnelle EDEN (étude et développement des espaces naturels) est désormais une réalité." Puis, en 2019, la présidente de Région, Carole Delga, propose à la ville d'accueillir un campus connecté, même si "à la Région, ils nous prenaient pour des fous", a nuancé Régis Bayle, également conseiller régional. Enfin, en 2021 débarquait une antenne de l'Institut de formation des soins infirmiers.
Il fallait agglomérer cette impulsion éducative. Le directeur actuel du pôle d'enseignement supérieur, Rachid Mdaam, en fut, une cheville ouvrière importante, salué par les différents intervenants (relire ici notre article sur la rentrée du pôle d'enseignement supérieur, en septembre dernier). Et ceci, même si "le monde universitaire fut parfois plus dubitatif" que la municipalité, a ensuite souligné Régis Bayle, qui a défini le campus connecté comme un moyen de "lutte contre l'assignation à résidence". Et a longuement remercié le Département pour son engagement financier important dans l'opération.
"Mon ambition est d'en faire un centre d'expérimentation pour des séjours d'étudiants de longue durée"
Jean-Michel Marin, directeur de la faculté des sciences de Montpellier
"Certainement, ce lieu servira à accueillir des étudiants en médecine", s'est projeté le président du Pays viganais. À quoi le directeur de la faculté des sciences de Montpellier, Jean-Michel Marin, a répondu, en élargissant à tous ses élèves : "Quel terrain d'expérimentation incroyable d'amener nos éltudiants dans un territoire comme celui-ci ! Mon ambition est d'en faire un centre d'expérimentation pour des séjours d'étudiants de longue durée." Tandis que Benoît Roig, président de l'université de Nîmes, a insisté sur l'importance d'un outil décentralisé, quand "25 à 30% des bacheliers ne continuent pas dans l'enseignement supérieur, notamment à cause de l'éloignement". Il a souhaité voir développées "des formations de niche qui correspondent aux besoins du territoire".
Enfin, le préfet du Gard, Jérôme Bonet, en habitué des inaugurations aux nombreux discours, a fait court. "Il y avait quelque chose d'audacieux à se dire "on va faire un pôle d'enseignement supérieur au Vigan". Le préfet a ensuite loué "le doute et la nuance" que délivrent l'enseignement supérieur, et plus largement l'éducation. Sur l'audace et la réussite du projet, les discours n'ont, en revanche, pas douté une seconde.