FAIT DU SOIR L'Alésien Martis Vuillaumier au sommet du Mont Blanc

Martis Vuillaumier a accompli son objectif
- Droits réservésCe qu'il voulait est arrivé. Mardi 5 août à 6h50 précisément, Martis Vuillaumier atteignait le sommet du Mont-Blanc, dans une épopée remplie d'émotions en tout genre. Il nous raconte son histoire.
Souvenez-vous il y a quelques mois, Martis Vuillaumier avait un objectif majeur : grimper au sommet du Mont-Blanc. Une ascension qui compte plusieurs rebondissements, partagés entre fierté du fait accompli et événement dramatique. De base, le jeune homme devait se lancer le week-end du 26 juillet, pour une arrivée au sommet le 28 au matin. Mais en raison des conditions météorologiques, il fut contraint de reporter l'événement deux jours plus tard.
Martis a ensuite dû faire face à un abandon de son guide : "Il m'a complètement lâché avec de fausses excuses", explique-t-il. La décision était prise : il allait grimper sans lui, par la voie normale, la plus apte à prendre lorsqu'on décide d'y aller seul. "J'ai regardé des vidéos sur YouTube, beaucoup l'ont fait comme ça, j'ai trouvé l'itinéraire sur une application. Je savais mine de rien que j'allais suivre les traces de quelqu'un, parce qu'on n'est jamais réellement seul, il y a toujours une cordée devant ou derrière toi, et les conditions étaient parfaites", dévoile-t-il.
Se confronter à la peur
Lors de la grimpée, Martis Vuillaumier a été confronté à une scène horriblement choquante, qui aurait pu remettre tout en cause et le pousser à rebrousser chemin. Un alpiniste grec d'une trentaine d'années est décédé sous ses yeux, en dévalant le fameux "couloir de la mort". "C'est un événement auquel je n'aurais jamais voulu assister, j'ai vu son corps tomber de la pente. C'est le seul moment où j'ai eu peur. J'ai été choqué, je suis resté une demi-heure sans bouger", se souvient-il.
Petit à petit, il finit par reprendre ses esprits, hésitant tout de même à faire demi-tour. "Je me suis dit : écoute, tu y es. Et j'avais pris toutes les précautions possibles, en étant accroché à la ligne de vie avec une longe. Ce qui signifie que je pouvais me retenir si je tombais". C'est donc avec grand courage, pensant à tous les sacrifices qu'il a pu entreprendre, qu'il décide de poursuivre l'ascension. "Je me suis dit : tu vas au bout et tu verras ce que ça donne. Si je ne m'étais pas senti capable à un moment de continuer j'aurais fait demi-tour".
Les images de la catastrophe restent encore dans sa tête, et l'affectent encore aujourd'hui : "Peu après, je ne dormais pas forcément bien même si j'étais très fatigué. Il m'est même arrivé de me réveiller la nuit avec les images. Cela te rappelle que la montagne c'est dangereux et que c'est elle qui choisit. Sur le moment, je m'en suis vraiment voulu d'être parti tout seul". Le fait d'avoir vécu cet épisode lui a donc apporté un autre sentiment. S'il avait hâte de se retrouver en haut, il avait également hâte d'être en bas à sa voiture.
"Les larmes coulaient toutes seules"
Un fois arrivé au sommet, Martis a ressenti un immense sentiment de fierté. "J'étais super content, les larmes coulaient toutes seules". Toutefois, il ne fallait pas se relacher, puisque les accidents au Mont-Blanc arrivent plus souvent lors de la redescente. Sans compter la fatigue, puisque l'Alésien s'est levé aux alentours de 2h du matin. Deux nuits, une première à 2000 mètres d'altitude et une seconde à 3000, ont été nécessaires pour y parvenir, même si certains le font d'un traite. Ce qui aurait pu être dangereux pour Martis, qui n'a pas souhaité prendre de risque au vu de sa maladie de Crohn. "Je voulais faire des choses biens et j'ai préféré aller de paliers en paliers".
Il envisage maintenant de s'inscrire à la Veni Vici, avec le 27 kilomètres pour commencer. Pour 2026, le GR20 est dans un coin de sa tête, même s'il n'a pas encore d'idées définies. L'heure est pour l'instant à la redescente, Martis profite maintenant de vacances bien méritées pour récupérer. Avant de repartir sans doute vers de nouvelles aventures palpitantes...