Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 15.01.2016 - tony-duret - 3 min  - vu 626 fois

JUSTICE De la prison ferme requise au procès Rodilhan

Une partie des 18 aficionados. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Deuxième et dernier jour du procès Rodilhan marqué par les plaidoiries des avocats et le réquisitoire du procureur Alexandre Rossi. Ce dernier a demandé des peines de prison ferme pour deux accusés, du sursis pour dix autres et des amendes pour les sept derniers.

Si le procès qui oppose les aficionados aux membres du Crac est hors norme par le nombre de prévenus et de plaignants (relire les faits ici), il l’est aussi par le nombre d’avocats qui vont enchaîner les plaidoiries ce vendredi. Pour le maire de Rodilhan, Serge Reder, le bâtonnier Guy Laïck répétera la « gêne » qu’il a ressenti durant ce procès en raison de la « vidéo à charge » utilisée par le tribunal, par « l’absence troublante » du président du Crac Jean-Pierre Garrigues, par les charges non retenues contre les militants du Crac qui ont introduit « des armes par destination dans une enceinte sportive » : des fumigènes, des chaînes, des antivols… Maître Emmanuel Durand, pour l’observatoire des cultures taurines, habillera Jean-Pierre Garrigues pour l’hiver : « Il est passé du statut de militant à celui de délinquant. Jean-Pierre Garrigues, c’est le R du Crac : le radical ».

Des peines de prison ferme

Pendant son réquisitoire, le procureur Alexandre Rossi va reprendre le cas de chaque accusé. Il classe les prévenus en trois catégories : les plus violents, les moins violents et les autres. Il dénombre sept accusés « très violents », ironise sur certains des moins violents au nombre de huit : « Ce monsieur a inventé le concept du secours violent », dit-il d’un prévenu. D’un autre, il lance : « Lui, il a inventé le concept du vol non-intentionnel ». Avant de fustiger l’ensemble des prévenus : « Ce procès n’a servi à rien, vous n’avez rien compris ! ». Il requiert alors des peines de prison ferme pour les deux accusés qu’il estime les plus violents : 15 mois de prison dont 9 avec sursis et 1 500€ d’amende pour l’un et un an dont 9 mois avec sursis et 1 500€ d’amende pour l’autre. Des peines de 2 à 10 mois de prison avec sursis sont demandées contre dix autres prévenus. Enfin, des amendes sont requises contre les sept derniers prévenus dont le maire Serge Reder (1 000€) ou le politique Corentin Carpentier (400€).

Maître Gaziello à propos des victimes : « Ce sont des activistes rôdés »

Mais les avocats des prévenus contre-attaquent. Stéphanie Gaziello est la première à sonner la charge en pointant du doigt le profil des victimes, les membres du Crac. La jeune avocate a fait des recherches sur Internet et note qu’une femme, absente, est « une professionnelle des manifestations ». Un autre, également absent, est « proche de l’extrême droite ». Elle résume : « C’est un piège tendu par des professionnels de l’image, des professionnels de la manifestation médiatisée. Ce sont des activistes rôdés ».

Maître Hugo Ferri, lui, a fait le calcul des dommages et intérêts sollicités par les victimes : « En tout, ça fait 200 000€ ! C’est terrifiant ! ». Le dernier à plaider, Ludovic Para, un habitué des confrontations avec le Crac, commence en signalant qu’à ses débuts, le Crac aurait pu s’appeler « le CRI : le comité radicalement inconnu. Il leur fallait un événement fondateur : c’est Rodilhan. Ce 8 octobre 2011, ils ont réussi leur coup ». Et de conclure ce procès atypique : « Que reste-t-il de ce dossier aujourd’hui ? Il est resté des aficionados qui ont tiré des leçons. Par contre, de l’autre côté, il reste Rodilhan 2, Rodilhan 3… » avant de demander au président Bandiera : « Ne donnez pas au Crac l’impression qu’il aurait tout intérêt à recommencer ». La réponse du président sera donnée le 14 avril prochain à 14h.

Relire ici la première journée d’audience.

Tony Duret

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