Publié il y a 1 an - Mise à jour le 28.10.2022 - thierry-allard - 3 min  - vu 774 fois

L’INTERVIEW Cédric Clemente : « Sur les feux de forêts, nous ne voulons pas perdre de moyens alors que notre système a fait ses preuves »

Cédric Clemente est maire de Lirac et aussi président des Communes et collectivités forestières du Gard. (DR)

Le maire de Lirac et président de l’Association des communes et collectivités forestières du Gard, Cédric Clemente, participait la semaine dernière à Nîmes à une réunion de la mission interministérielle sur les feux de forêts. 

Plusieurs départements de France sont audités dans ce cadre pour réfléchir à des évolutions. Le Gard a son mot à dire, et aussi quelques interrogations soulevées par Cédric Clemente. 

Objectif Gard : Que faut-il faire pour améliorer la gestion des feux de forêts selon vous ?

Cédric Clemente : Nous faisons prévaloir que l’élu a un rôle majeur à jouer dans la gestion du feu de forêt, de par ses fonctions régaliennes, c’est-à-dire mettre en place les Obligations légales de débroussaillement (OLD, NDLR), être responsable de l’aménagement du territoire, gérer les pistes DFCI et diriger les opérations de secours, en tout cas au départ de l’incendie. Sur tous ces points, il faut améliorer les choses. Sur les OLD, c’est une mission très difficile pour les élus car nous partons de loin. Quand il y a des contrôles de l’Office national des forêts (ONF, NDLR) et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM, NDLR), avec des agents en uniforme, ça se passe plus vite. Donc il ne faut plus supprimer de postes à l’ONF et à la DDTM, mais au contraire renforcer les effectifs. Et pour les administrés qui ne peuvent pas payer pour leur OLD, nous demandons un crédit d’impôt pour en défiscaliser une partie du coût et ainsi encourager les gens à respecter ces obligations qui peuvent sauver des vies. 

Il y a aussi un volet de formation des élus.

Nous allons organiser prochainement une formation des élus sur les OLD, en effet. Plus largement, on s’aperçoit que quand nous avons une catastrophe, les élus sont vite dépassés en gestion de crise car ils ne sont pas formés à ça. Par exemple cet été dans les Landes, on a fait évacuer des milliers de personnes, or ce sont des choses que parfois il ne fallait pas faire. 

Quid des moyens alloués à la lutte contre les feux de forêts ?

Il faut aussi mettre en avant les gains. Cet été, sur les six gros feux du Gard, le SDIS a calculé que les pompiers ont sauvé 7 000 hectares, mais aussi des maisons, pour un gain de 74 millions d’euros. Ça aussi, il faut le mettre en avant. Il faut investir, avoir une analyse coûts/bénéfices, or trop souvent, on n’intervient que dans l’après-crise, et encore, dans le Sud on n’a droit à rien pour reboiser et remettre en état. Il nous faut des moyens pour avancer, des financements supplémentaires, surtout dans un département pas riche comme le nôtre, nous n’avons pas les mêmes moyens que l’Hérault ou les Bouches-du-Rhône. 

Et aussi des moyens pour faire de la sensibilisation ?

Il faut établir une vraie culture du risque, apprendre à vivre avec le feu, anticiper. 90 % des feux sont d’origine humaine, 65 % sont dus à de la malveillance, comme le jet d’un mégot. Les feux criminels existeront toujours, malheureusement. Par contre, en se disant qu’on ne fume pas en forêt, qu’on n’allume pas de barbecue, on peut agir. Quand on met en place des actions de sensibilisation, comme à Lirac avec la forêt école, ça marche bien. 

Vous défendez aussi le modèle méditerranéen de lutte contre les feux de forêts. Quelle est sa spécificité ?

C’est l’attaque du feu naissant, afin de plus vite le maîtriser. C’est en place depuis un demi-siècle sur tout l’arc méditerranéen, avec un système préventif en forêt. Dans les Landes, la seule région de France avec une sylviculture rentable, avec des DFCI et des forêts privées, il n’y a pas de système préventif comme chez nous, mais des tours de guet et des citernes en forêt. On a vu ce que ça donnait. Or, les Landais veulent dupliquer leur modèle au niveau national, et que les moyens aux SDIS soient versés en fonction des revenus sylvicoles. Notre forêt n’a aucune valeur sur ce plan, mais elle accueille de nombreux touristes, façonne nos paysages et a évidemment une valeur environnementale importante. En face, il y a une grosse force de lobbying. La Fédération nationale des communes forestières sera auditée la semaine prochaine à l’Élysée, nous allons faire remonter la voix du Sud. Nous ne voulons pas perdre de moyens alors que notre système a fait ses preuves. 

Propos recueillis par Thierry Allard

Thierry Allard

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