Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.12.2021 - boris-boutet - 4 min  - vu 8059 fois

NÎMES OLYMPIQUE Dimitri Pialat, président des Gladiators : "La mairie peut signer l'arrêt de mort du club"

Rani Assaf et les supporters : ça coince toujours (Photo Anthony Maurin)

Au centre, Dimitri Pialat, président des Gladiators (Photo Boris Boutet)

Ce samedi au stade des Costières, conséquence de la décision prise par les Gladiators Nîmes 1991 de ne pas signer la charte proposée par Rani Assaf, le Pesage Est ne sera pas ouvert au public. Dimitri Pialat, le président du principal groupe de supporters du Nîmes Olympique, explique à Objectif Gard la décision prise par son association. 

Objectif Gard : Pourquoi avez-vous décidé de refuser de signer la charte proposée par la direction du Nîmes Olympique ? 

Dimitri Pialat : Sur la forme, on estime que cette négociation s'apparente plus à un chantage qu'à autre chose. On ne négocie pas avec un flingue sur la tempe. Sur le fond, nous souhaitions conserver notre indépendance et mettre en place une relation de confiance avec la direction. Sur les fumigènes, nous avons été raisonnables et avons fait des concessions. On en utilise sur peu de matches et en petite quantité. Contrairement à d'autres stades, ici, ils ne finissent jamais sur la pelouse. Sur le contenu de nos chants aussi nous souhaitons rester libres. Il peut y avoir des insultes, ça fait partie du folklore du football. En revanche, on s'est toujours opposés aux discriminations sous toutes ses formes.

Rani Assaf nous a dit qu'il avait besoin de nous, que l'on était le moteur de l'ambiance du stade, ce qui est objectivement le cas. Mais un groupe ultra, c'est un tout dont font partie la liberté d'expression et la pyrotechnie. Soit on nous accepte comme on est, soit on ne nous accepte pas. Et puis, en venant au stade, on se soumet à un règlement intérieur. Ceux qui ne le respectent pas assument les conséquences de leurs actes. Pourquoi y ajouter une charte qui nous marginaliserait ?

Le Pesage Est va donc être fermé jusqu'à nouvel ordre...

C'est la décision de Rani Assaf. Démocratiquement, nous avons le droit d'accepter ou non de signer sa charte. Lui fait le choix de fermer le Pesage que nous ne sommes pourtant pas les seuls à occuper. Les autres associations n'ont pas signé la charte, les supporters indépendants non plus. Pourquoi ne ferme-t-il pas tout le stade ?

Nous demandons le départ de Rani Assaf "

Que vont faire les Gladiators sans leur tribune historique ? 

C'est une décision difficile à prendre, mais elle a été votée hier à l'unanimité. Tant que le Pesage Est restera fermé, nous ne viendrons plus aux Costières. On ne se met pas en sommeil, on continuera à soutenir l'institution Nîmes Olympique dans la ville et partout en France au travers des déplacements.

C'est une décision lourde de conséquences l'année du trentième anniversaire de votre association... 

Oui, pour nous c'est du jamais vu. Dans le mouvement ultra, ne plus venir et ne plus mettre sa bâche est un geste fort. Mais nous restons cohérents dans notre propos et maintenons notre position avec force.

Toutes ces réunions avec Rani Assaf n'ont donc servi à rien ? 

Hier, j'ai appelé le référent supporters. J'ai salué l'effort qu'il a fait pour que les choses avancent. Mais il faut se rendre à l'évidence, toutes nos discussions débouchent sur la même conclusion : notre vision des choses est totalement différente de celle du président. Avant le rassemblement à la Maison carrée, nous demandions un changement de politique sportive et supportériale. Aujourd'hui, nous voulons le départ de Rani Assaf.

Comment pensez-vous pouvoir l'obtenir ? 

Aujourd'hui, selon nous, c'est la mairie de Nîmes qui a les cartes en main. Si elle permet à Rani Assaf d'aller au bout de son projet en signant la vente des Costières et le permis de construire du nouveau stade, elle signera l'arrêt de mort du club. On salue le fait qu'elle ait joué les médiateurs et permis ces rencontres. Pour autant, on en est toujours au même point. On a conscience que le projet de Rani Assaf est un atout économique majeur pour la ville mais il ne doit pas se faire aux dépens de l'avenir du club. Aujourd'hui, c'est au maire de trancher.

Il fait reculer l'identité du club chaque jour "

Qu'est ce qui vous permet d'affirmer que laisser les mains libres à Rani Assaf soit comme signer l'arrêt de mort du Nîmes Olympique ? 

Tout simplement parce qu'il fait reculer l'identité du club jour après jour. On le voit à travers l'équipe première qui n'a plus aucun caractère. Nous sommes très pessimistes pour l'avenir sportif du Nîmes Olympique. On n'est pas contre le recrutement de joueurs venus de l'extérieur, mais si on les accumule sans joueurs du cru pour les encadrer, on se retrouve avec une équipe ne nous ressemble plus et un groupe peu investi. Quant aux promesses de Rani Assaf de reprise de l'agrément du centre de formation sous cinq ou six ans, il a bien précisé qu'il serait effectif uniquement quand le club gagnerait de l'argent. Quand on fouille un peu dans les comptes rendus de la concertation, on s'aperçoit qu'il envisage un retour sur investissement d'ici 10 à 12 ans. Bref, nous n'avons aucune assurance à court et moyen terme et sommes donc très sceptiques.

Ces dernières semaines ont malgré tout été le théâtre d'avancées plus largement saluées comme la création d'une supra association et la mise en place d'un pack famille...

Oui, de ce côté-là, ça va plutôt dans le bon sens. Pour le pack famille, nous regrettons sa mise en place uniquement en Nord. Rani Assaf ne tient pas compte de l'attachement affectif des supporters à leur tribune et ne met pas tout en œuvre pour faire revenir du monde au stade. Son refus de remettre en place une billetterie physique les soirs de match en est un autre exemple.

Nous sommes plutôt favorables à la supra association mais nous sommes opposés à la suppression des abonnements. En revanche, nous pensons qu'elle peut permettre de financer de beaux projets, nous apprécions qu'elle ait un fonctionnement démocratique et reconnaissons qu'elle pourrait faciliter l'émergence de nouvelles idées. Le droit de vote au conseil d'administration est aussi une avancée qui offre aux supporters une occasion de se faire entendre.

Propos recueillis par Boris Boutet

Boris Boutet

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