ALÈS AGGLO Les pénuries médicales s'invitent en fin de conseil communautaire

Patrick Malavieille et Christophe Rivenq se sont réjouits de la meilleure santé de l'hôpital, au contraire de la médecine libérale
- François DesmeuresBref et avant tout financier, le conseil d'agglomération de fin d'année scolaire, ce jeudi soir, s'apprêtait à être rapidement expédié, avec l'approbation à l'unanimité, moins deux abstentions, du compte administratif 2024, et le constat que les impôts et taxes que l'État a supprimés pour les collectivités n'offrent pas les mêmes montants en redevance de la part de ce même État. D'où une épargne nette entamée. Puis, en fin de séance, le maire de Saint-Julien-les-Rosiers a annoncé qu'il n'y avait plus de médecin dans sa commune...
"J'ai perdu mon dernier médecin libéral." Dans la maison de santé ouverte en janvier 2024, à Saint-Julien-les-Rosiers, deux cabinets avaient été prévus. Ils sont désormais vides. "Il avait une patientèle de plus de 1 000 personnes. Je ne vous dis pas l'angoisse des gens qui viennent à la mairie en demandant comment on va faire." Et le maire de Saint-Julien-les-Rosiers n'a pas grand-chose à leur répondre, alors que le désert médical s'agrandit.
"Je lance un peu un appel, poursuit Serge Bord. Le pôle santé et l'engorgement des urgences ne peuvent pas répondre à toutes les problématiques." Et ce, même si la situation s'améliore aux urgences du centre hospitalier Alès-Cévennes, "où il n'y aura plus de régulation en juillet", a annoncé Christophe Rivenq, grâce à l'embauche "de 39 médecins depuis le 1ᵉʳ janvier à l'hôpital", et "surtout, aucune fermeture de lit cet été".
"La démographie médicale attire aussi des médecins libéraux", espère Christophe Rivenq. "Mais on sait que ce n'est pas fini, qu'on va toucher le fond d'ici 5 ans", s'inquiète Jean-Michel Perret, maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, qui demande à être "pragmatique, pas dogmatique : si on se polarise sur les maisons professionnelles de santé, on se focalise sur le libéral. Et on perdra de nouveaux diplômés qui vont aller vers la médecine salariée."
"Et puis, une ou un médecin n'est pas seul(e), mais en couple, poursuit Jean-Michel Perret. Si on ne réfléchit pas à comment stabiliser le couple sur place..." Et l'appel aux médecins étrangers ne suffit plus. "Ils doivent être environ 30 % à l'hôpital, confirme Christophe Rivenq. De toute façon, sans médecins étrangers, il n'y aurait pas de médecine en France."
Les succès de l'hôpital local diffèrent donc de ceux, absents, de la médecine du quotidien. Même si Patrick Malavieille s'est aussi réjoui de la meilleure santé de l'hôpital de Ponteils, dans la foulée de celui d'Alès, avec "17 lits rouverts depuis septembre 2024 et des consultations médicales avancées". Un hôpital qui n'est toujours pas reconnu comme "isolé", un comble. "On nous a octroyé 270 000 € cette année pour compenser le fait qu'on n'est pas reconnu comme isolé, a poursuivi Patrick Malavieille, alors que nous aurions eu 520 000 € si nous étions en activité médicale isolée. Mais cela obligerait un certain nombre de médecins à venir travailler un peu à Ponteils..." Les élus se sont dits globalement, sur la question de la santé, "inquiets de la loi de finances 2026".