« Ciriani était un architecte passionné et un enseignant passionnant. Il a marqué plusieurs générations par son exigence et sa culture », confie Laurent Duport, architecte nîmois.
Héritage romain
Né à Lima en 1936, Ciriani débute sa carrière avec le complexe résidentiel San Felipe, construit entre 1964 et 1968, avant de rejoindre la France où il s’illustre dans le logement social et les équipements publics. Il signe des réalisations importantes comme Noisy 2 à Marne-la-Vallée, la Crèche « Au coin du feu », l’Historial de la Grande Guerre à Péronne ou encore le palais de justice de Pontoise. Son approche repose sur deux fondements essentiels, l’espace et la lumière, indissociables pour lui du rôle social et politique de l’architecture.
Une de ses œuvres phares est le Musée départemental de l’Arles Antique, inauguré en 1995 après plus de dix ans d’études. Cet édifice triangulaire, surnommé le « musée bleu » pour sa façade en panneaux d’Emalit, est un véritable dialogue avec l’héritage romain tout en affirmant une modernité résolument tournée vers la lumière. Trois ailes structurent le programme. Une scientifique, une culturelle et une muséale. Toutes trois organisées autour d’un patio central, dans une mise en scène où la lumière devient matière architecturale.
Inaccessible toiture
Trente ans après son ouverture, l'édifice arlésien fait aujourd’hui l’objet d’une vaste réhabilitation confiée à Laurent Duport, ancien élève de Ciriani à Paris-Belleville. Lauréat du Richard Morris Hunt Prize et Honorary Fellow de l’American Institute of Architects, l’architecte nîmois est maître de conférences à l’Ensam. Avec son équipe (Sandrine Rascol, Nicolas Crégut, Michel Matival), il mène aujourd’hui une restauration fidèle à l’esprit de Ciriani, intitulée Vivre haut, habiter la quatrième façade. Elle vise entre autres, à rendre à nouveau accessible la toiture, initialement pensée comme partie intégrante du parcours, et à l’habiller d’un motif de membranes biosourcées inspiré des paysages ondulants de Roberto Burle Marx, en hommage à la relation entre le musée et l’architecte brésilien Oscar Niemeyer.
À travers cette réhabilitation, le projet lui rend hommage en redonnant au musée sa force originelle et en l’inscrivant dans une nouvelle pérennité. En juillet 2025, le Musée départemental de l’Arles Antique lui consacre une exposition, en partenariat avec la Cité de l’architecture et du patrimoine et dans le cadre d’Arles associé.