"Cinq DRH en 5 ans et demi ! C’est du jamais vu !", lâche Kader Bouaziz, délégué syndical FSU à la Ville d’Arles. "Depuis le début du mandat de Patrick de Carolis, une nouvelle réorganisation des ressources humaines est annoncée chaque année, sous prétexte d'efficacité. La dernière c'était en avril dernier. Le résultat, c’est l’inverse. C’est de pire en pire ! On avait un service qui fonctionnait, aujourd’hui il est détruit !" Selon lui, l'instabilité dans ce service est palpable, tant au niveau de la direction que des agents. En 25 ans de syndicalisme, Kader Bouaziz assure n'avoir jamais vu "un tel turnover dans ce service, aujourd'hui dirigé par un nouveau DRH qui manque d'expérience pour gérer une collectivité de 1 200 agents", estime celui qui est aussi représentant CST et représentant de la F3SCT (Formation spécialisée de sécurité, de santé et des conditions de travail).
"Jamais autant d'agents de la DRH n'avaient osé pousser notre porte"
Si la FSU ne s'oppose pas par principe à une nouvelle organisation, elle dénonce "l'absence totale de dialogue social et le non-respect des procédures". "Il n’y a pas eu de concertation avec le personnel, pas eu de fiches de poste, aucun échange, déplore Kader Bouaziz. On ne peut pas valider quelque chose qui ne l’a pas été par les agents eux-mêmes." Et le syndicaliste d'aller plus loin et de dénoncer des "pratiques dictatoriales". "Cette administration impose sans dialogue. On voit un profond mal-être au sein du personnel de la DRH", témoigne Kader Bouaziz, ajoutant que des agents sont "venus en pleurs au local syndical". Lui estime qu’"à la DRH, le H d’humain n’existe plus". "Ce qui est révélateur, ajoute-t-il, c’est que jamais autant d'agents de la DRH n'avaient osé pousser notre porte que sous cette mandature."
Ces dernières semaines, un cas a été particulièrement dénoncé. Celui d’une cadre A, cheffe de service des deux entités "Carrières" et "Santé". En octobre, cette dernière a été convoquée sans motif pour un changement de poste immédiat vers l'Agenda 21, "considéré comme le placard". Le syndicat UNSA parle également d'une "méthode inadmissible" et d'une "violence inouïe, vécue comme une véritable humiliation". "Cette façon d’agir, sans dialogue, sans respect, sans considération pour les agents, est indigne d’une collectivité publique. Nous dénonçons fermement cette mise au placard et cette réorganisation précipitée, menée dans l’opacité la plus totale."
Les modalités d'attribution de l'IFSE dans le viseur
Outre le vote du nouvel organigramme des RH, il sera aussi question ce vendredi de l'IFSE (indemnité de fonctions, de sujétions et d'expertise), cette indemnité mensuelle attribuée aux agents en fonction de différents critères. Et là aussi, la FSU comme l'UNSA dénoncent une "opacité dans ces attributions" et des décisions prises "sans respect des règles juridiques". Kader Bouaziz est catégorique : "Je ne vais pas passer par quatre chemins, oui il s’agit de clientélisme." Il accuse la municipalité "de récompenser certains agents" par le biais de l'IFSE, attribuée "sans critère ni transparence, pour s'assurer leur loyauté". "Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, ce serait 300 situations qui auraient été réévaluées, sans aucune transparence. Combien ? À qui ? Nous, les syndicats n'avons jamais été conviés", ajoute-t-on du côté de l'UNSA.
"Les conséquences de ces pratiques sont dramatiques pour la collectivité", estime Kader Bouaziz. Jusqu'en 2024, le syndicaliste dit avoir "comptabilisé 170 départs d’agents, majoritairement des catégories A et B. Du jamais vu là non plus". "Si la DRH, qui gère la carrière, la rémunération et la santé des agents, ne fonctionne plus, l'ensemble de la collectivité ne peut pas fonctionner correctement. La DRH ne répond déjà plus à certaines sollicitations. Il n’y a plus personne qui pilote." Avant même d’entrer en commission ce vendredi, le représentant syndical FSU l’assure : "Ce CST sera explosif !"
Frédéric Jouve, DGS : "Gérer les services de manière responsable et transparente"
Contacté par notre rédaction, le DGS de la Ville d'Arles explique, au sujet de la réorganisation de la DRH que "la mobilité du cadre territorial du service DRH est une mesure organisationnelle, légale et respectueuse des droits de l’agent, qui permet à la collectivité de maintenir son efficacité tout en offrant à l’agent un poste correspondant à son grade et à ses compétences. Cette décision illustre notre volonté de gérer les services de manière responsable et transparente." Et Frédéric Jouve d'ajouter : "Les mesures d’accompagnement de cet agent n’ont pu être effectives, la personne s’étant mise en arrêt maladie immédiatement après avoir été informée."
En ce qui concerne l'IFSE, le DGS indique que "l’harmonisation des montants IFSE s’inscrit dans une démarche objective, sécurisée et transparente. Elle vise à garantir l’équité entre agents, la lisibilité des pratiques indemnitaires et le respect du cadre légal, tout en engageant la collectivité dans un dialogue social renforcé."