ARLES La grande crèche provençale, ou la tradition renouvelée
En Provence, et d’autant plus à Arles, les crèches de Noël, c’est du sérieux.
Ainsi, la chapelle des Trinitaires accueille cette année encore la grande crèche provençale de l’Association du Salon international des santonniers d’Arles, qui en est actuellement à sa 67e édition. Une crèche monumentale, animée en de nombreux endroits, où les grands santons, de 80 cm environ, côtoient les plus petits. « C’était un challenge de faire cohabiter ces santons de taille différentes, reconnaît Daniel Ferrier, qui s’est chargé de la scénographie de la crèche. Ces santons de tailles différentes permettent de créer une perspective, mais ça suppose tout un équilibre. »
Ainsi, la nativité, qui ouvre la crèche avec les santons les plus grands, il s’agit d’exemplaires en cire issus des Carmels d’Arles et d’Avignon, est installée presque au sol. Les scènes « profanes » sont quant à elles disposées de plus en plus haut, renforçant l’effet de perspective recherché. Si Daniel Ferrier s’est décarcassé pour trouver cette solution, c’est que ces grands santons de cire, « il est difficile de les mettre en scène », souligne-t-il. Mais l’association tenait à les sortir, histoire de renouveler la crèche, exercice traditionnel s’il en est. Et tant pis s’il a fallu aussi « créer une étable hors-norme, à la dimension de ces santons », glisse Daniel Ferrier.
Alors l’équipe « a travaillé dur pour monter l’exposition en cinq jours », rappelle le président de l’association Guy Aubert. Une équipe d’une dizaine de bénévoles saluée par le maire Patrick De Carolis, « qui tout au long de l’année est portée par une passion qui les guide à travers la France et l’Europe ». L’association revient tout juste de la vallée d’Aoste, en Italie, où elle a installé « une crèche pratiquement aussi grande que celle d’Arles dans un fort transformé en musée », précise Guy Aubert.
De quoi faire rayonner les savoir-faire locaux, et « mettre en scène les différentes scènes, les peintres, la nature, les corps de métiers », énumère le maire. Car au-delà de l’aspect religieux de la partie nativité de la crèche, l’installation est aussi un vibrant hommage à la Provence et à Arles, à travers des « guest-stars » comme Van Gogh ou Fernandel parmi les santons, et des métiers traditionnels, comme des fileuses, des ferronniers ou un berger dont le troupeau se dirige vers l’étable.
Et, si la crèche est renouvelée dans sa scénographie, Daniel Ferrier veille à conserver des éléments incontournables, comme le moulin à vent « au centre, c’est le vent qui amène la vie, et dans la crèche traditionnelle, le vent de l’esprit. » Dans la même veine, la nativité est séparée des scènes « profanes » par un pont. Autant d’éléments auxquels nombre de visiteurs ne prêteront sans doute pas attention, car contempler une crèche animée, c’est un peu retomber en enfance et découvrir à chaque regard des détails. « Ce qui fait plaisir, lance Patrick De Carolis à l’attention des bénévoles de l’association, c’est qu’on voit dans vos yeux cette poésie qui vient de l’enfance. » Attention : c’est contagieux.
La crèche est à voir à la chapelle des Trinitaires jusqu’au 19 janvier. Quant au Salon international des santonniers d’Arles, il se tient à la chapelle Sainte-Anne jusqu’au 12 janvier.