"J'aidais Maxime pour le repas du soir", explique Johanna, l'une des prévenues. Une relation reposant sur le troc s'est installée entre la victime, un octogénaire ayant besoin d'aide pour les tâches courantes, et cette femme démunie. "Je l'aidais contre un plein d'essence, un peu de courses ou un paquet de cigarettes", explique la prévenue, bénéficiaire d'une pension d'invalidité. Un lien rompu par les viols dont Johanna aurait été victime. "Il pensait pouvoir obtenir de moi des faveurs", se désole la prévenue. Est alors née en elle une volonté de lui "donner une petite leçon", explique-t-elle, à la barre du Tribunal correctionnel de Nîmes.
Un plan bien rodé
Réfléchi à l'occasion de nombreuses soirées alcoolisées entre marginaux, la vengeance de Johanna consistait à s'introduire dans le domicile de la victime, au Grau du Roi, pour lui faire peur. C'est Christophe, un ami de la quinquagénaire, qui s'est occupé du "sale boulot" le 13 janvier 2024, sur les conseils avisés de Johanna. "Ça l'arrangeait que Chris le fasse. Elle lui a offert la maison sur un plateau d'argent", explique un ami commun des deux prévenus. Habitudes du vieux monsieur, code de sa carte bleue, localisation précise de son domicile et dessins de plans de sa maison. Rien n'a été laissé au hasard dans l'organisation de ce qu'Arnaud Massip, procureur de la République, décrit comme une "scène sauvage" ou encore une "expédition punitive".
Selon le même ami commun, Christophe voulait "venger Johanna et se faire un billet. Il y avait plein de trucs de valeur chez lui". Accablée, la prévenue se défend en décrivant la personnalité "colérique, violente et sadique" de la victime. Un élément qui n'excuse pas ce qu'il a subi. Séquestré chez lui par Christophe, l'octogénaire aurait reçu de nombreux coups, notamment au visage, lui entraînant la perte de son œil gauche. Une blessure qui, selon les médecins, "ne laisse aucune place à un espoir de réparation" et donc de vue retrouvée.
Une vengeance sanglante
Arnaud Massip fait également état de la quantité de sang retrouvée dans de nombreuses pièces de la maison, ainsi que des objets électroniques brisés comme le téléphone du vieillard et sa télévision. Des dégâts qui laissent présager de la violence de la scène.
Découvert endormi sur les lieux de l'agression, au volant d'un véhicule appartenant à la victime, Christophe, fortement alcoolisé, a été rapidement interpellé. En détention provisoire jusqu'au jour du procès, il a été condamné à neuf ans de prison ferme. Son amie Johanna, comparaissant libre, a été condamnée à trois ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis. La quinquagénaire passera donc un an en détention, avec obligation de soins.
Une condamnation qui n'efface pas les conséquences de cette nuit d'hiver. Aujourd'hui, Maxime "vit dans la peur" souligne Jean-François Corral, son avocat.