C’est pour une nouvelle affaire de stupéfiants qu'Amine, Yassine, Jaoued, Azadine, Lorenzo, Talal et Ahmed se sont présentés à la barre ou dans le box du tribunal correctionnel de Nîmes. Tous sont prévenus pour des faits enfreignant la réglementation sur les stupéfiants, mais malgré tout, tous se disent être de simples consommateurs ou alors reconnaissent, à demi-mot, avoir participé au trafic pour rendre service. « C’est pour ma consommation personnelle », lancent plusieurs d’entre eux.
« Ils ont voulu me donner l’impression que tous étaient des clients du point de deal », lance Jean-Luc Vasserot, procureur de la République. Une éventualité qui peine à convaincre le ministère public au vu des casiers judiciaires des prévenus. D’autant que l’ADN de certains d’entre eux, à l’image de celui d’Azadine, a été retrouvé dans un appartement qui a été le théâtre de la séquestration d’un habitant du quartier du Mas de Mingue, à Nîmes. Faits pour lesquels il décline toute responsabilité.
Un appartement nourrice
C’est cette séquestration, sur fond de guerre de gangs et de trafic de drogues, qui a été portée à l’attention des forces de l’ordre, le 10 octobre 2023. La victime a vu son logement être envahi par trois des prévenus, pour en faire un appartement nourrice, associé au trafic. Autrement dit, un lieu de stockage de stupéfiants destinés à la vente. La séquestration a duré trois jours, à l’issue desquels la victime, libre de circuler dans le quartier, a pu échapper à la vigilance de ses bourreaux et prévenir les forces de police par téléphone. Le visage tuméfié, il aura trois jours d’interruption temporaire de travail. « On parle de la seule victime de séquestration qui a le droit de sortir de chez elle, ironise maître Hugo Ferri, l’avocat d’Azadine. C’est une infraction imaginaire », ajoute-t-il.
Dans l’appartement perquisitionné, sont découverts une kalachnikov, des sommes d’argent en numéraire et des pochons de stupéfiants cachés dans un coffre-fort. Sur l’arme de guerre, l’ADN d’au moins l’un des prévenus est retrouvé. Un habitant du quartier voisin du Chemin-Bas-d’Avignon, prénommé Talal, est régulièrement aperçu au Mas de Mingue par les forces de l’ordre. « L’hypothèse du transfert d’ADN est imaginable », explique maître Agathe de Batz, avocate de la défense aux intérêts de Talal, s’appuyant sur la coïncidence pour défendre son client.
Un trafic poursuivi en prison
Azadine, jugé également pour la séquestration, et son frère Yassine, font partie des prévenus dans cette affaire et sont présents dans le box pour répondre des faits de trafic de stupéfiants. Les déclarations d’Azadine sont cependant différentes à l’audience que celles livrées aux enquêteurs. Lors de ces auditions, il avait reconnu participer au trafic pour rendre service : « C’est en janvier que j’ai commencé à aider le collègue », explique Azadine, faisant référence à sa participation au trafic en 2023, pour aider Jaoued, qui aurait été à la tête du point de deal. Un poste qualifié de « gérant par intérim du point de deal du Mas de Mingue », par le procureur de la République.
Son frère Yassine, lui, aurait poursuivi le trafic de stupéfiants au sein du centre de détention de Nîmes, où des drones livreraient régulièrement du cannabis et de la cocaïne. Interrogé sur ces faits par la présidente Anne-Carine David, il se défend : « C’était pas pour vendre, juste pour fumer, explique-t-il. Je venais de me faire frapper, j’avais besoin de fumer. On s’est cotisé avec mes codétenus pour acheter 50 g (de cannabis) ».
Multiplicité des faits, multiplicité des peines
Malgré la complexité de l’affaire, un élément réunit les plaidoiries des six avocats présents pour la défense : le manque d’éléments dans le dossier. Plusieurs conseils ont d’ailleurs, à l’issue de leur plaidoirie, demandé une relaxe au moins pour une partie des faits reprochés à leurs clients, notamment en ce qui concerne la détention d’armes et la séquestration
Après délibération, le tribunal a relaxé l'un des sept prévenus présents à l'audience, les faits qui lui étaient reprochés étant insuffisamment caractérisés. Pour ce qui est des cinq autres, les peines prononcées vont de huit mois à cinq années d'emprisonnement assorties, pour certains, à une interdiction de paraître dans la ville de Nîmes, voire dans le département du Gard.