Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 16.04.2020 - abdel-samari - 3 min  - vu 10112 fois

CORONAVIRUS Évrard Zaouche, directeur du Cinéma CGR, est en colère : "Il est où le maire de Nîmes ?"

Évrard Zaouche derrière l'une des cinq caisses-comptoirs destinées à la vente des billets et des confiseries (Photo : Philippe Gavillet de Peney/Objectif Gard)

Évrard Zaouche est en colère. Le directeur du cinéma CGR Nîmes et d'un restaurant en coeur de ville n'en peut plus de cette situation dramatique pour l'économie de la ville. D'autant que les annonces du président de la République, Emmanuel Macron, lundi soir, ne l'ont pas rassuré. Tous les restaurants, bars et cinémas resteront fermés jusqu'à la mi-juillet. Interview.

Objectif Gard : Comment affrontez-vous cette crise ?

Evrard Zaouche : Nous accusons des pertes importantes et les annonces de lundi soir d'Emmanuel Macron ne nous rassure pas. Tous les événements autour du cinéma qui habituellement dynamisent l'activité sont annulés. Je pense au Printemps du cinéma, au festival de Cannes ou encore à la Fête du cinéma. Jusqu'à la mi-juillet, ça va être long, très long.

Vous avez le cinéma mais aussi un restaurant dans le centre-ville. Pour vous, tout est à l'arrêt ?

Exactement et je suis très inquiet. Je ne suis d'ailleurs pas le seul. Tous mes collègues qui ont leur commerce fermé, je pense aux bars, aux restaurants, etc. sont dans la merde, excusez-moi l'expression. J'ai suivi votre émission de la semaine dernière avec Franck Proust (premier adjoint de la ville de Nîmes qui était notre invité dans 19 heures, le live) et je ne vous cache pas ma déception suite à ses annonces. Franchement, savoir que la Pégoulade est reportée pendant la Feria des Vendanges en septembre prochain, tout le monde s'en fout. Ils sont en train de tout annuler : les concerts de l'été, les Grands jeux romains, la Feria, les Jeudis de Nîmes. On va faire quoi tout l'été ? On est tous à la rue, ça devient grave ! Et la mairie ne dit rien et ne propose pas de solution. Il faut le dire.

Vous êtes un peu dur non ?

Je ne crois pas. Moi, je ne fais pas de politique, je veux sauver mes activités et mes collègues commerçants aussi. Regardez le maire de Beaucaire, il a pris en charge les loyers des commerçants beaucairois qui sont dans l'obligation d'être fermés. Pourquoi Jean-Paul Fournier ne fait pas la même chose ? D'ailleurs, il est où le maire ? On ne le voit plus, on ne l'entend plus. La mairie doit se battre et trouver des solutions. On a un centre-ville qui est mort. Les commerçants n'en peuvent plus. On a besoin d'aide, c'est vital. On nous parle de masques mais on va se démerder tout seul. Moi-même j'en ai commandé pour mes clients. Je ne vais pas attendre que la Ville en distribue au compte-goutte. Ce que l'on demande ce sont des animations en remplacement tout l'été, des choses qui vont nous permettre de nous relever. C'est bien beau de voir Jean-Paul Fournier saluer la police municipale mais moi, je voudrais que les élus fassent leur boulot. Je leur dit aujourd'hui : bougez-vous ! Occupez-vous de nous. C'est un SOS que je lance.

Mais la ville de Nîmes doit aussi se conformer aux directives de l'État. Elle ne peut pas tout faire...

Ecoutez, pendant la période des élections, y avait tous les élus sur le terrain. Depuis le début de la crise, on n'a plus aucune nouvelle. Sophie Roulle, l'adjointe en charge des commerces, elle est où ? Et je ne parle pas que pour mon cinéma. Je pense aussi à Kinépolis, au Sémaphore, c'est pareil. C'est à la mairie de trouver des solutions, je ne comprends pas ce mutisme. Je n'ai reçu aucun appel de la Ville depuis le début de la crise. Pourtant, il me semble que l'on fait partie des commerçants importants. On a fait des investissements pour l'attractivité de cette ville. Et que les choses soient clair, je n'en veux pas spécialement à Jean-Paul Fournier, j'exprime ici un ras le bol partagé par beaucoup. En ce qui concerne le Gouvernement, c'est pareil. On nous demande de fermer mais on ne nous donne pas de solution face aux charges qui continuent de s'accumuler. On fait comment ? S'il n'y a pas de rentrée, il ne peut pas y avoir de sortie.

Comment imaginez-vous la reprise ?

On est déjà prêts, des solutions sont possibles. On peut ouvrir le cinéma en vendant qu'une place sur deux afin de respecter les distanciations sociales. On peut mettre du gel hydroalcoolique, des gants, des masques. Je pense que de toute façon cela va s'organiser au niveau national car il n'est pas possible d'imaginer à terme une vie sans culture, sans cinéma, sans restaurant. D'ailleurs, pourquoi on n'autorise pas les restaurants ? Il est tout à fait possible d'espacer les tables, de faire moins de couvert. En centre-ville de Nîmes, on a plutôt des petits restaurants, tout cela est donc possible.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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