Publié il y a 3 h - Mise à jour le 14.12.2025 - Yannick Pons - 3 min  - vu 58 fois

CULTURE Exposition : les bustes de Marianne comme un écrin à la laïcité

Brigitte Bardot est Marianne

- Photo DR

Installée jusqu'au 31 décembre dans les Maisons de Ma Région à Nîmes et Alès, l’exposition Marianne, miroir de la République laïque française, s’inscrit dans la politique mémorielle de la Région Occitanie autour du 120ᵉ anniversaire de la séparation des Églises et de l’État.

Cette exposition, portée par l’association Marianne de France et accueillie à la Maison de Ma Région à Nîmes, s’inscrit dans le cycle de commémoration des 120 ans de la loi de 1905, en faisant dialoguer art, histoire et pédagogie républicaine.

Marianne dans l'histoire de France

Le cœur de l’exposition repose sur une sélection de bustes de Marianne issus de mairies du Gard et d’une collection particulière, couvrant les XIXᵉ et XXᵉ siècles. Ce territoire est présenté comme un véritable berceau de Marianne, tant sur le plan symbolique que culturel. « Seulement quinze mairies n’accueillent pas de Marianne dans le Gard », indique Philippe Pécout, le président de l’association Marianne de France.

Cette diversité de visages offre une traversée sensible de l’histoire politique et culturelle de la République française. Marianne est présentée comme une figure féminine anonyme incarnant la multitude et le peuple, et non une personne unique. Philippe Foussier, journaliste, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, vice-président d’Unité Laïque, replace d’abord Marianne parmi les grands symboles issus de la Révolution française, aux côtés de La Marseillaise. Il insiste sur le fait qu’il n’a jamais existé de modèle officiel unique de Marianne. Dès le XIXᵉ siècle, de nombreux modèles coexistent, jusqu’à récemment avec Brigitte Bardot ou Laetitia Casta.

Vivre ensemble

La cocarde plantée sur le bonnet phrygien de Marianne deviendra plus tard le drapeau français. L’exemple emblématique est le tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple. Chaque buste raconte une époque. Marianne guerrière, Marianne maternelle, Marianne moderne, Marianne laïque...

À travers ces différents bustes, l’exposition présente une allégorie de la République et du vivre ensemble. L’exposition présente des objets du quotidien et des documents graphiques illustrant l’attachement des Français à leurs symboles républicains depuis la Révolution. Affiches, reproductions d’iconographie civique ou objets usuels marqués de l’effigie de Marianne.

Le choix de la Maison de Ma Région, au cœur de l’espace public, indique que la laïcité n’est pas un thème de musée, mais un enjeu vivant de citoyenneté quotidienne. Le sud de la France, notamment le Gard et l’Aude, constitue un foyer exceptionnellement dense de représentations de Marianne en espace public. Cette concentration serait sans équivalent en Europe. 

La laïcité à travers les bustes

En sous‑titre de l’exposition, la mention « miroir de la République laïque française » rappelle que Marianne n’est pas intrinsèquement un symbole de la laïcité, mais bien de la République. Ce miroir renvoie à l’idée de vigilance. La laïcité n’est ni acquise ni figée, elle se lit dans le regard que la République porte sur elle‑même. En invitant le visiteur à confronter ces images au texte de la loi de 1905 et à son actualité, l’exposition propose une forme de pédagogie par l’allégorie, accessible et exigeante.

Ici Marianne symbolise une rupture politique fondamentale. Contrairement aux régimes monarchiques ou impériaux, incarnés par une figure unique comme le roi de France dont le visage figurait sur les monnaies, "Marie-Anne" représente une collectivité. Elle incarne le passage d’une société d’ordres à une société fondée sur la citoyenneté, l’égalité des droits et la reconnaissance des individus pour leurs talents et leurs capacités, et non pour leur naissance.

Selon Philippe Foussier, la majorité des Français étant non-croyante, la laïcité doit rassembler à la fois ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Elle invite chacun à dépasser les barrières de la différence et à se rassembler, en arrêtant de se définir d’abord par ce qui nous distingue, la religion. Il conclut en indiquant que la laïcité ne se limite pas à des questions institutionnelles ou scolaires. Elle concerne avant tout la liberté d’expression et la capacité critique. Défendre la laïcité, c’est défendre le droit de questionner, de caricaturer et de s’écarter des dogmes, condition essentielle du fonctionnement démocratique et du vivre ensemble.

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