Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 10.10.2020 - stephanie-marin - 3 min  - vu 256 fois

CULTURE L'écrivaine Juliette Mézenc en balade littéraire autour de Nîmes

Denis Lanoy, animateur et metteur en scène du Triptyk théâtre, et Juliette Mézenc, écrivaine. (Photo : Stéphanie Marin /Objectif Gard).

La douzième saison du Triptyk Théâtre, Maison des littératures à voix hautes a été lancée mardi dernier en compagnie de Juliette Mézenc. Jusqu'à ce samedi, l'écrivaine sétoise a participé à des rencontres lectures et des ateliers d'écriture. Interview.

Objectif Gard : Vous avez accepté l'invitation du Triptyk Théâtre, Maison des littératures à voix hautes dans le cadre de sa douzième saison. Qu'est-ce qui vous a plu dans ce projet ?

Juliette Mézenc : C'est une expérience intéressante pour l'autrice que je suis, comme pour l'auditeur ou l'auditrice parce que je ne suis pas seule à lire mes textes. Je suis moi-même amenée à entendre mes textes d'une autre façon dont je peux les lire. Ça rajoute une dimension que je ne connaissais pas jusqu'à présent.

Jusqu'à redécouvrir vos textes ?

Exactement. Ça me déporte, j'entends des dimensions du texte que je connais, que j'entrevois mais que je n'ai peut-être pas complètement réalisées, qui deviennent évidentes dans la lecture. J'insiste là-dessus parce que ce genre d'expérience existe peu. Et puis, ce qui est intéressant, c'est de lire à voix haute avec le public, même avec ceux et surtout avec ceux qui n'aiment pas la lecture. J'ai été professeure et je me souviens que pour certains élèves de classes difficiles, la seule façon d'avoir un moment de partage avec eux c'était de leur lire une nouvelle. C'est quelque chose qui n'est pas étonnant en soi parce qu'on aime entendre des textes mais plus on a de difficultés moins on le fait. C'est une façon magnifique de partager des textes et même éventuellement d'amener les jeunes à lire davantage, de découvrir le plaisir de la langue. C'est encore trop méconnu cette puissance de la lecture publique même s'il y a des structures qui sont militantes sur le sujet. Ce sont de vraies rencontres, pas des coups d'épée dans l'eau.

Vous animez des ateliers d'écriture. Là encore vous êtes dans le partage ?

Pour moi c'est ouvrir un espace-temps aux gens, non pas pour leur "donner" la parole, mais qui va permettre peut-être à une parole d'advenir. Une parole vraie où les gens soudain écrivent, parlent, prennent conscience, se réapproprient et travaillent les clichés. Pour moi, l'écriture, c'est un terrain non pas de liberté mais où on gagne en liberté et peut-être en maturité. Quand on écrit on part de soi, de son propre corps, de sa propre expérience mais pour aller vers et ne pas rester scotché à soi. Ça relie, les gens se rencontrent aussi. Il y a peu de lieux où on se rencontre vraiment. On se le dit souvent en atelier, les gens prennent le risque de lire leur texte, même si ce n'est pas obligé, et la rencontre se fait, c'est magnifique. On a l'habitude de se croiser, on ne se rencontre pas, on se croise.

Dans vos textes (*) qu'est-ce qui vous inspire, que voulez-vous transmettre ?

Ce qui me fait écrire c'est un territoire, un lieu particulier. Par exemple, Le Journal du brise-lames, c'est à partir du brise-lames de Sète. C'est ce lieu qui m'a inspiré. Et ce que je dis souvent, c'est qu'on peut inverser la proposition : on inspire un lieu au sens le plus littéral et le lieu nous inspire à son tour. Ensuite, il y a des personnages qui arrivent - même si j'ai le sentiment que ce sont plus des états de corps que je mets en scène - le fil narratif, mais c'est vraiment le lieu le point de départ. Le plateau ardéchois est un autre exemple. Pendant plusieurs années, j'ai travaillé à partir de ce territoire qui m'est cher. Mais ça peut être aussi des lieux plus mouvants. "Laissez-passer", c'est à partir de la frontière, qu'elle soit géopolitique, celle de la peau, frontière psychique, du cosmos, la vie et la mort... "Elles en chambre", ce sont des portraits de femmes écrivaines mais aussi des portraits de leur chambre.

Parce que le lieu les raconte ?

Ce sont des femmes qui ont écrit après Virginia Woolf. Et je me suis demandée : après "Une chambre à soi", est-ce que ça a été tout à coup très facile d'écrire ou aussi "facile" que pour les hommes ? Et c'est aussi comprendre comment l'écriture est façonnée par les conditions culturelles et matérielles, ce qu'on a tendance à oblitérer.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

Juliette Mézenc réalisera une performance littéraire ce samedi 10 octobre à 17 h, à la médiathèque Carré d’art à Nîmes. Ce sera le dernier point d'arrêt de la balade littéraire de l'écrivaine sur les terres nîmoises. Mais la douzième saison du Triptyk Théâtre, Maison des littératures à voix hautes se poursuivra avec la venue de Rémi Checchetto la semaine du 17 au 21 novembre. Retrouvez le programme complet en cliquant ici.

Stéphanie Marin

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