Publié il y a 3 h - Mise à jour le 29.10.2025 - Yannick Pons - 3 min  - vu 44 fois

CULTURE Michel Bastide célèbre les noces difficiles entre jazz et cinéma

Michel Bastide présente

- Photo Yannick Pons

Devant près d’une centaine de spectateurs réunis au Carré d’Art, Michel Bastide a lancé son cycle « Jazz & Cinéma ». Extraits choisis inédits, documents anciens, le médecin et musicien nîmois a retracé les débuts du jazz au cinéma au début du 20e siècle.

Dans le cadre du Nîmes Métropole Jazz Festival Off, ce mardi 28 octobre à 17 h 15, dans le grand auditorium du Carré d’Art de Nîmes, Michel Bastide a inauguré son cycle de conférences « Jazz & Cinéma ».

Mariage difficile

Le titre de cette première séance, d’une série de cinq, était « Le mariage difficile » autour des années 20 et 30. Il a accueilli un public venu librement découvrir son approche originale. Médecin ophtalmologue installé à Nîmes et trompettiste depuis plus de cinquante ans, il est co-fondateur du groupe Hot Antic Jazz Band. Le Nîmois possède une importante collection de films anciens consacrés au jazz classique et les a présentés dans un ordre relativement chronologique.

Nicholas brothers • @Michel Bastide collection

Après avoir introduit sur la naissance du cinéma sonore à Hollywood et ses effets sur la représentation des musiciens noirs à l’écran, le conférencier a expliqué que le jazz, issu des communautés afro-américaines, avait accédé progressivement au grand écran malgré les contraintes raciales et les préjugés de l’époque aux États-Unis. Il s’est ainsi appuyé sur des courts-métrages anciens et des documents d’époque qu’il avait soigneusement coupés, découpés et bien ficelés afin de montrer au public ces dynamiques visuelles et sonores des années 20 et 30.

Odyssée sonore

Jusqu’au début du cinéma sonore, autour de 1900, l’illusion du mouvement s’obtient grâce à la lanterne magique ou à un disque projeté sur des images fixes. Le passage au cinéma parlant pose d’importantes difficultés techniques, la synchronisation du son et de l’image reste incertaine. Il rappelle que le passage de 18 à 24 images par seconde transforme la perception du mouvement au cinéma et que l’arrivée du train des frères Lumière illustre l’effet de stupeur des spectateurs provoqué par la nouveauté de l’image mouvante. Ce rappel permet de mesurer combien l’innovation technique bouleverse le spectacle avant même que le jazz n’entre dans les salles obscures.

1930 - Sebastian New Cotton Club Orch • @Michel Bastide collection

À Hollywood, alors même que des musiciens noirs vendent le plus de disques comme Armstrong, par exemple, les studios hollywoodiens préfèrent engager des musiciens blancs, pour jouer du jazz à l’écran. Dans certains films, les visages des musiciens ou des acteurs blancs sont maquillés, noircis, soulignant une tension entre réalité musicale et représentation à l’image.

Des bijoux inédits

Michel Bastide présente ses mini films. Cab Calloway, prince du Hi-de-ho, à travers le court-métrage Cab Calloway’s Hi De Ho (1934) de Fred Waller, où un orchestre noir apparaît enfin au cinéma. Il évoque ensuite Cabin in the Sky réalisé par Vincente Minnelli en 1943, dont la scène dans laquelle Lena Horne chante Ain’t It the Truth dans une baignoire fut censurée, jugée immorale par les comités de contrôle. Il montre aussi Ali Baba Goes to Town (1937), où Eddie Cantor grimé en blackface incarne la caricature de cette appropriation du jazz.

La conclusion met en lumière que l’intégration du jazz au cinéma dépasse la question artistique. Elle croise technologies, représentations raciales et transformations culturelles. Un public nîmois conquis par cette lecture historique et sensible du moment où la musique jazz et le cinéma se rencontrent à la sauce "je t’aime moi non plus".

La suite de cette série de conférences concoctée par Jazz70 fera la part belle aux grands orchestres, peu de paroles et beaucoup de musique, promet Michel Bastide.

Prochaines dates

– Mardi 28 octobre – 17h15
Jazz & Cinéma – 1 : Le mariage difficile

– Jeudi 18 décembre – 17h15
Jazz & Cinéma – 2 : The Swing Era

– Jeudi 15 janvier – 17h15
Jazz & Cinéma – 3 : La Révolution de la Télévision

– Jeudi 19 février – 17h15
Louis Armstrong : Un destin extraordinaire

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