FAIT DU JOUR Après cinq ans d'inactivité, le temple d'Anduze retrouve un culte... et un peu plus
Si la foule n'a pas atteint les 15 000 personnes de l'inauguration de 1823, elle était bien présente, ce samedi 31 août, pour célébrer la réouverture du temple bicentenaire d'Anduze. Après un culte qui a accueilli les autres obédiences protestantes et le curé d'Anduze, pasteur et maire ont annoncé que le lieu, tout en conservant une activité cultuelle, serait aussi un lieu de rencontres culturelles. Car "un bâtiment cultuel (...) est la maison de ceux qui se rassemblent", pour le pasteur Jean-Luc Blanc.
À peine ouvert, le temple ressemble à une étuve. Si la sonorisation et le chauffage de l'édifice cherchent encore un financement, les fidèles et curieux présents auraient sans doute plutôt souhaité des ventilateurs pour assécher leur sueur. La faute à la chaleur extérieure, au soleil qui transperce les magnifiques verrières enfin changées et à la foule, qui garnit la totalité des bancs, ainsi qu'une partie des tribunes.
Ce 31 août est un jour de retrouvailles. Des fidèles avec leur lieu de rassemblement, des Anduziens avec leur monument le plus imposant, des amateurs de patrimoine avec un édifice classé aux monuments historiques depuis 1979. Une fois les bancs remplis, une partie du public s'installe en tribune, en dénichant quelques chaises. Mais le muret est haut. "Comme dans les arènes, il fallait prendre un coussin", plaisante l'un des fidèles à une dame trop petite pour y voir.
Le culte a été organisé avec l'ensemble de la communauté protestante. Et le curé d'Anduze y a même pris la parole en début de cérémonie. Avec un thème : Chanter Dieu, des psaumes huguenots aux guitares électriques. Ce qui fut fait et bien fait. La musique montant crescendo dans un temple qui n'avait malheureusement pas reçu les moquettes qui auraient permis d'absorber une partie de l'écho.
"Vous êtes toutes et tous ici chez vous"
Jean-Luc Blanc, pasteur d'Anduze
Après le traditionnel coupage de ruban et le don d'une clé factice au pasteur Jean-Luc Blanc par le président d'Alès Agglo, Christophe Rivenq (Alès Agglo a financé 60 % du coût de la restauration, NDLR), ce même pasteur a lancé les discours en saluant la présence du président de la Fédération protestant de France, "représentant toutes les branches protestantes" et celle "de quelques musulmans, dont la présence me touche profondément", a appuyé Jean-Luc Blanc.
"Vous êtes toutes et tous ici chez vous, a lancé le pasteur d'Anduze à l'ensemble du public. Chers amis catholiques, protestants de toutes obédiences, rassurez-vous nous ne souhaitons pas prendre toute la place à Anduze. La manifestation de la foi dans l'espace public ne peut pas être une emprise de l'espace public."
"Nous ne voulons pas nous servir de la majesté des lieux pour imposer notre foi à qui que ce soit"
Jean-Luc Blanc, pasteur d'Anduze
Jean-Luc Blanc (*) a poursuivi son discours d'ouverture en plaidant : "Un bâtiment cultuel n'est pas la maison de Dieu, mais la maison de ceux qui se rassemblent. Nous souhaitons ouvrir ce lieu à l'activité culturelle, en lien avec le protestantisme, ou non." Rappelant que la seule chose théoriquement interdite dans un temple sont les "réunions partisanes", il a déroulé un programme déjà avancé : "Il y aura un espace d'expositions historiques sur le fond du temple, des expositions d'art à l'étage, une exposition temporaire sur le protestantisme sur le mur du fond. Mais nous ne voulons pas nous servir de la majesté des lieux pour imposer notre foi à qui que ce soit."
Dans ce "lieu où s'entrelacent les échos de la Réforme et le murumure des répressions passées", selon le président de la Fédération protestante de Fance, Christian Krieger, la maire, Geneviève Blanc, a rappelé que 15 000 personnes s'étaient massées pour son inauguration, en 1823. Avec des consignes de sécurité moins drastiques qu'aujourd'hui et, tout de même, une partie de l'assistance restée à l'extérieur...
"C'est un symbole de résistance et de libre arbitre, a poursuivi la maire d'Anduze. Que le temple vive, qu'il serve, qu'il redevienne, au-delà d'Anduze, un ambassadeur des Cévennes." Patrick Malavieille a ensuite dit la "fierté du conseil départemental" d'avoir participé à l'oeuvre de restauration conduite par l'architecte Alexandre Autin, alors que le Département dit "plus que jamais oeuvrer pour la protection du patrimoine."
Enfin, Christophe Rivenq a comparé fièrement les 16 mètres des poutres les plus longues de Notre-Dame de Paris aux 22 mètres des fermes qu'il a fallu changer dans la toiture du temple (Objectif Gard avait assisté au déchargement de ces "troncs" en mars 2023, à retrouver ici). Il a souhaité que "le temple devienne un lieu de partage et de discussion". Comme premier effet de sa renaissance, le temple aura au moins réussi à mettre tout le monde d'accord.
(*) Objectif Gard avait rencontré le pasteur Jean-Luc Blanc début août, l'entretien est à retrouver ici.