Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 07.12.2024 - Corentin Corger, Erwan Robert et Thierry Allard - 4 min  - vu 1043 fois

FAIT DU JOUR Ces entreprises gardoises investies dans la réouverture de Notre-Dame

Hélène Hardouin, présidente du groupe La Barrière Automatique, et Stéphane Belaval, fondateur et directeur d'AMCO, à Roquemaure

- Photo : Thierry Allard

Victime d’un terrible incendie en avril 2019, la plus célèbre des cathédrales a été rénovée à hauteur de 700 millions d’euros. Ce samedi, c’est le jour J avec l’inauguration de ce chantier du siècle. Parmi les centaines d’entreprises mobilisées à faire revivre ce monument historique, des artisans et sociétés gardoises se sont aussi investies.

C'est une entreprise discrète, perchée sur les hauteurs de Roquemaure, dans la zone de l'Aspre. AMCO Les Escamotables, c'est son nom, est tout bonnement l'entreprise qui a inventé les bornes escamotables, qu'on retrouve partout dans nos villes. Les bornes de l'entreprise fondée en 1992, qui fait désormais partie du groupe La Barrière Automatique, basé à Lyon, on les retrouve aussi autour de lieux prestigieux : "nous avons déjà sécurisé tout le pourtour de la tour Eiffel, avec 400 bornes", rappelle Hélène Hardouin, présidente du groupe. Des ambassades, centrales nucléaires, sites militaires et même l'ONU sont sécurisées par les bornes entièrement fabriquées en France, à Roquemaure et à Lyon, de l'entreprise. 

Le parvis de la cathédrale Notre Dame se rajoute à cette liste : "nous avons fabriqué 16 bornes fixes pour le parvis et six bornes amovibles pour les accès pompiers", détaille la patronne de l'entreprise fondée par Brigitte et Stéphane Belaval. "Nous sommes très fiers d'avoir travaillé sur un site aussi emblématique", avance Hélène Hardouin, qui a donc fourni les bornes aux entreprises Citeos et Colas, qui les ont installées. Un chantier symbolique, prestigieux, mais pas énorme en taille pour l'entreprise, qu'elle a obtenu "grâce à l'esthétique de nos produits et à leur fiabilité", veut croire Hélène Hardouin. 

Toute la gamme d'AMCO Les Escamotables est fabriquée en France, à Roquemaure et à Lyon • Photo : Thierry Allard

Il faut dire que chez AMCO Les Escamotables, on pousse les bornes fixes et escamotables ainsi que les road-blockers, ces dispositifs qui prennent la largeur de la route, dans leurs derniers retranchements pour prouver leur efficacité. "Hier (jeudi, ndlr) nous avons fait un gros crash-test d'un portail pliant ultra-rapide que nous développons, nous avons envoyé un camion de 7,5 tonnes à 80 km/h dessus", illustre-t-elle. Le portail a gagné. "Nous effectuons des crash-tests sur tous nos produits, là où nos concurrents ne font souvent que des simulations numériques", rajoute Hélène Hardouin. 

Avec de telles références, le groupe se développe. "Nos produits sont très demandés à l'export, nous avons désormais des filiales en Espagne et en Italie et nous commençons à avoir des marchés un peu partout dans le monde", avance la PDG. Aujourd'hui, le groupe revendique la première place de son marché en France, et la gamme la plus large d'Europe. "Et nous déposons cinq brevets par an", rajoute-elle. 

"Se retrouver là-bas, c’est le graal !"

Théâtre antique d’Orange, Parc de la tête d’or à Lyon, Hôtel Dieu Intercontinental à Marseille… Spécialisée dans la restauration de monuments historiques, la Métallerie d’art Molinelli, basée à Combas, ne pouvait pas laisser passer l’opportunité de participer au "chantier du siècle". Associée aux Vitraux Imbert, société marseillaise, l’entreprise gardoise a été retenue pour fabriquer des barlotières, des structures qui permettent de poser les vitraux. L'objectif était de créer des nouveaux supports, mais aussi de restaurer ceux abîmés par les flammes.

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Clément Molinelli à la cathédrale Notre-Dame de Paris • Photo DR

Un chantier d’un an et demi pour le gérant Clément Molinelli et sa vingtaine de salariés, fiers d’avoir apporté leur pierre à l’édifice. "Se retrouver là-bas, c’est le graal ! Dans notre secteur d’activité, rien ne sera aussi fou que le chantier de Notre-Dame. On ne fera jamais mieux", réagit avec enthousiasme le chef d’entreprise. Une mission qui met évidemment la pression, "on ne pouvait pas se rater au niveau de la précision. C’était très compliqué à dessiner et de respecter les cotes. C’est de l’orfèvrerie !", poursuit-il. Mais la société gardoise a relevé le défi et lorsque les architectes se sont rendus sur place dans l’atelier, début novembre, tout a été validé.

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L'une des réalisations de la métallerie installée à Notre-Dame  • Photo DR

Clément, accompagné notamment d’Adrien Glandais, ferronnier et meilleur ouvrier de France en 2023, sont donc montés à Paris pour procéder à la pose de leur réalisation. Hormis le fait de devoir monter le matériel à la main les jours de vent, empêchant la grue de fonctionner et de respecter un protocole de désinfection strict, tout s’est déroulé sans encombre. "Je n’ai jamais vu un chantier aussi bien organisé, tout était carré avec une centaine de personnes qui travaillent ensemble sans aucun problème, c’était grandiose", relate Clément, qui a eu la chance, le week-end dernier, d’assister à la présentation du projet presque terminé aux artisans et d’échanger avec le président de la République Emmanuel Macron, avec son pin's de la FFB du Gard fièrement apposé sur le torse.

Une belle consécration pour cette pépite gardoise qui va bientôt agrandir ses locaux pour développer le mobilier de luxe avec des créations haut de gamme ainsi qu’une partie plus artistique intitulée Kllemo pour la réalisation d’éléphants et de girafes (cinq mètres) monumentaux dédiés à l’exposition.

Des sculptures angloises

L’équipe de l’atelier Jean-Loup Bouvier, installé aux Angles près d'Avignon, s’est elle aussi retroussé les manches pendant plus d'un an pour contibuer à la restauration de la cathédrale Notre-Dame. L'atelier s’est spécialisé dans trois domaines précis : la sculpture statuaire et ornementale, la restauration de sculpture et enfin le staff, la gypserie et le moulage.

L'atelier Jean-Loup Bouvier, aux Angles, a contribué à restaurer le choeur de Notre-Dame • DR

Leur savoir-faire a permis de contribuer à la rénovation de l’intérieur du choeur et des transepts (une nef transversale, divisée intérieurement en un ou plusieurs vaisseaux de Notre-Dame). Leurs efforts ont été concentrés sur la Rose du transept sud. En parallèle, depuis le début de l’année, l’Atelier Jean-Loup Bouvier a réalisé l’opération monumentale de sculptures neuves sur les pignons des transepts Sud et Nord.

Pour ce type de restaurations sur des monuments historiques ou de la décoration des intérieurs, l’Atelier labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant, a fait appel à des techniques traditionnelles ou novatrices en pierre, gypserie, staff, moulage, terre cuite ou décor peint. L'alliance de la technique et du savoir-faire, pour contribuer à la renaissance d'un des lieux les plus emblématiques du patrimoine national.

Corentin Corger, Erwan Robert et Thierry Allard

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