En voiture ou à pied, il se mérite. Mais la vue qu'il offre sur deux vallées vaut sérieusement le détour et sa configuration est une invitation à y rester. Le gîte d'étape d'Aire de Côte a enfin rouvert au début de l'été. Si le bâtiment est en Lozère, ses sanitaires sont dans le Gard... Et, surtout, le gîte permet d'irriguer bon nombre des GR qui descendent dans les Cévennes gardoises, vers des villages qui avaient ressenti, depuis 2021, une baisse de fréquentation. 

Entre les forêts domaniales de l'Aigoual et de la vallée Borgne, le bâtiment est comme suspendu, posé sur un promontoire, heureusement arboré, sur la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée. De quoi séduire les potentiels repreneurs qui se sont succédé en décembre dernier. Julie et Hervé Michel l'ont finalement emporté alors même qu'ils sont tombés sur l'annonce "un peu par hasard, en regardant Facebook tard le soir". 

"On était dans le questionnement de ce qu'on allait faire, rembobine Julie Michel, alors que nos enfants sont grands et qu'ils ont quitté la maison." Et les lieux ont fait leur effet. "Le coin nous a beaucoup plu, enchaîne Hervé Michel. Je connaissais un peu les Cévennes, mais pas l'Aigoual. On avait choisi d'habiter en Ariège pour le calme et l'aspect nature de la Lozère nous plaisait beaucoup. En fait, ça me plaît d'habiter le département le moins peuplé de France", sourit-il. Même si le Gard est à portée de regard...

Le gîte appartient au Parc national des Cévennes, qui a mené à bien les rénovations. "Il demandait une expérience d'accueil à la montagne et d'être vitrine du tourisme durable, explique Julie Michel. Or, on a eu deux éco-lieux, à 800 mètres d'altitude. Après avoir visité, tout s'est fait finalement très vite. En février, on planifiait le déménagement depuis l'Ariège. Et, début mai, on était ici."

Mais l'ouverture n'a vraiment eu lieu qu'au début du mois de juillet, en raison du temps d'installation et de quelques péripéties de dernière minute. "On a compris que c'était un lieu qui manquait aux habitués et aux randonneurs. Alors, avant juillet, on a dépanné les gens, notamment ceux qui bivouaquaient. On a assuré des pique-niques, on a bricolé, notamment aussi parce qu'on n'avait pas d'autre salaire. Mais on ne s'est pas ennuyé, entre les prises de contact avec les gens alentour et les fournisseurs. C'est un peu une dame âgée qu'on est en train de réveiller, euphémise Julie Michel. Mais le Parc a été super réactif en tout, on s'est vraiment senti soutenu."

La rénovation du bâtiment, menée pendant environ deux ans, a clairement fait monter le site en gamme. L'espace de bivouac (20 places) donne accès à la salle des randonneurs, qui possède sa cheminée pour l'hiver. Cinq chambres d'hôtes et un appartement accueillent ceux qui souhaitent un séjour plus confortable, tandis que trois dortoirs (dont un exclusivement féminin) ou gîtes d'étape, spacieux, proposent entre 6 et 9 lits par salle, soit 24 places au total. La rénovation des lieux a fait perdre en nombre de places, mais gagné en confort. Une salle d'activités a également vu le jour, permettant d'envisager des séminaires et des rencontres hors des sentiers battus. 

Côté restauration, "on propose un repas de type refuge, détaille Hervé Michel, avec un plat du jour le midi et un autre le soir. De la cuisine de montagne, avec une petite touche cévenole", à base de produits locaux et, si possible, bio. De quoi tenir au corps des randonneurs, que ce soit pour repartir sur les pentes alentour ou pour préparer une nuit de récupération. "Un de nos fils, qui a fait des saisons en buvette d'alpage, nous aide pour l'été, ainsi que Zoé, employée pour l'été, dont le père a des alpages en Savoie." 

Gîte et chambres d'hôtes doivent rester ouverts entre le 1er avril et le 31 octobre. "Mais on va aussi regarder un peu ce qu'il se passe en hiver, avance prudemment Hervé Michel, qui pense à l'exploitation de la salle d'activités, mais aussi à certains week-ends hivernaux favorables. D'autant que le bâtiment dans son ensemble est désormais mieux chauffé, avec une chaudière aux pellets. "On est aussi formés en médecine traditionnelle tibétaine", poursuit Hervé, qui pense à divers stages ou animations hors saison.

Les prix des chambres restent très intéressants pour des prestations récentes et un tel confort au cœur des Cévennes. Mais les draps sont en option. Car, si une autre source alimente désormais le gîte en eau potable, pour éviter la déconvenue de l'été 2024, tout est fait pour éviter une sur-consommation. Autant, donc, que les draps soient lavés au domicile des visiteurs, même si une option existe pour ceux qui ne peuvent pas en apporter. Des bracelets sont fournis pour les douches et les toilettes sont sèches.

Enfin, des chevaux et des chèvres sont arrivés avec les nouveaux gérants, qui s'engagent sur place pour dix ans. "On ne se serait pas engagé pour trois ans, confie Julie Michel. Mais c'est aussi un énorme investissement pour nous, en matière de mobilier ou de matériel." En menant de tels investissements, les nouveaux gérants ont ainsi dû rassurer le propriétaire Parc national des Cévennes sur leurs intentions et la longévité de leur engagement...