C'est la première fois qu'il vient chercher des champignons sur l'Aigoual. Mais la mycologie est sa spécialité, même s'il ajoute ensuite qu'il n'y a pas de mycologue professionnel. Lui, c'est Pierre-Arthur Moreau, responsable du diplôme universitaire en mycologie qui doit débuter en janvier au pôle d'enseignement supérieur Charles-Flahaut. Et ce sont ses premières journées mlycologiques viganaises.
Raison pour laquelle il se refuse de répondre au thème des journées mycologiques, "Demain, encore des cèpes sur l'Aigoual ?", plaidant qu'il ne connaît pas assez bien le territoire. Mais il connaît plutôt bien le reste, les champignons. "On monte en compétence et en expertise à chaque sortie", argumente-t-il, avant de plaisanter : "Et puis, il y a beaucoup plus de champignons que de mycologues."
"On estime à 30 000 le nombre d'espèces qui fructifient en France, poursuit l'expert. Et peu de gens, en proportion, pour les étudier." Lui a quarante ans de pratique. Et s'il ne répond pas sur l'avenir des cèpes en Cévennes, il évoque tout de même le changement climatique. "On voit deux types de réaction : soit les champignons ne supportent pas ; soit ils s'adaptent et évoluent à d'autres périodes. Ce qu'on voit, ce ne sont que des indices de surface, on ne sort pas ce qu'il y a dans le sol."
Sur les journées de jeudi et vendredi, les mycologues cueilleurs ont réussi à rapporter de nombreux spécimens de l'Aigoual, mais plutôt issus des versants lozériens. "On s'en sort bien par rapport au manque d'eau", constate Pierre-Arthur Moreau. Certaines espèces ramassées n'ont pas leur cartel de description parmi les près de 5 000 de la collection des journées mycologiques. Ce qui signifie qu'elles n'ont encore jamais été ramassées à la mi-octobre, qui correspond aux dates de la manifestation.
"Les collègues m'ont fait venir pour faire les fonds de cageot, s'amuse Pierre-Arthur Moreau, parce que je suis spécialiste d'autres champignons que lui, dit-il en indiquant le chercheur montpelliérain Jean-Michel Bellanger (relire ici). De toute façon, on ne peut pas être spécialiste de tout parce qu'il y a trop de choses", regrette presque l'universitaire.
"Mon combat, c'est de bien nommer les choses"
"Mais il faut chercher jusqu'au nom précis, poursuit Pierre-Arthur Moreau. Car certaines amanites se mangent, mais certains bolets ne se mangent pas. Mon combat, c'est de bien nommer les choses." Depuis 15 ans qu'il anime le diplôme universitaire de Lille en mycologie, il voit monter l'engouement pour les champignons, dont la connaissance de base est moins grande dans le nord de la France que dans le sud, précise-t-il, parce qu'ils sont plus convoités au sud.
"Depuis 15 ans, le public du diplôme universitaire est composé pour un tiers du milieu associatif qui vient chercher une manière de transmettre, d'expliquer et de mettre de la théorie sur des connaissances ; un tiers de pharmaciens et du domaine de la santé ; et un tiers de personnes diverses mais qui, pour beaucoup, travaillent dans l'environnement. Ils ont tous les âges et tous les niveaux de formation."
"Mais il n'y a pas vraiment de mycologues professionnels, poursuit l'expert. C'est avant tout une passion ou une maladie... Même si les conservatoires botaniques ont pour mission, maintenant, d'être ressources en mycologie. Les champignons commencent, d'ailleurs, à entrer dans les listes de conservation de l'environnement. Il existe même un projet de classement d'espèces protégées de champignons. Ce qui veut dire que les suivis des espèces deviendront obligatoires."
Un mur en pierres sèches pour la journée du Parc national
Le Parc national des Cévennes organisait aussi sa journée à l'intention du grand public, ce samedi, au Vigan. Dans les halles, le matin, pour délivrer de l'information au public présent sur le marché, les agents se sont répartis dans le public, l'après-midi, pour une mini-rando sur le chemin de Saint-Guilhem ou une animation autour des herbiers.
Toute la journée également, trois professionnels des Artisans bâtisseurs en pierre sèche (l'association ABPS) ont continué un mur entamé depuis le début de la semaine, en chantier-école par huit élèves, au bord de l'Arre. Ils ont remplacé quelques mètres de murs maçonnés à la demande de la mairie.
Un chantier au dos d'un terrain récemment acquis par la commune et dont la maire, Sylvie Arnal, de passage sur le chantier l'après-midi, a confirmé aux ABPS qu'elle souhaitait voir poursuivi, à terme, au-delà des premiers mètres. En plus de la réutilisation de rochers en "granit de rivière", qui composaient le mur maçonné initial, les bâtisseurs ont utilisé du calcaire de Sauclières.