FAIT DU JOUR Un an que la ligne TER rive droite du Rhône a rouvert, mais "le combat continue"
Il y a tout juste un an circulait le train inaugural entre Nîmes et Pont-Saint-Esprit en passant par les gares d'Avignon-centre et Bagnols-sur-Cèze. Un jour historique presque 50 ans après la fermeture de la ligne rive droite du Rhône aux trains de voyageurs. Six autres gares doivent encore rouvrir mais la voie s'annonce semée d'embûches, comme en témoignent l'Association des usagers et le vice-président de la Région délégué aux Mobilités.
Le 28 août 2022. Cette date restera gravée dans l'esprit de Laurette Bastaroli. Elle en retient "une grande émotion, de la chaleur humaine et des sourires ravis sur toutes les bouches." La Bagnolaise s'est toujours battue pour le retour du train de voyageurs sur la ligne rive droite du Rhône. Elle s'est attelée à la réouverture durant ses deux mandats à la Région puis en tant que présidente de l'association des usagers TER-SNCF de la rive droite du Rhône. "Malgré les déboires, les atermoiements, les retours en arrière, les études complémentaires, ça a été très enrichissant. (...) Il ne fallait pas désespérer", glisse-t-elle dans un rire.
Le jour de l'inauguration, énormément de personnes enthousiastes attendaient dans les gares de Bagnols-sur-Cèze et de Pont-Saint-Esprit l'arrivée du TER. Un an plus tard qu'en est-il de la fréquentation ? "En moyenne sur l'année, on compte 200 voyages par jour. On a eu des pics à 400 voyages/jour les samedis de juillet", avance Jean-Luc Gibelin, vice-président aux Mobilités à la Région Occitanie. Il ajoute : "Sur l'année, on a eu 75 000 voyages. Ces chiffres confirment qu'il fallait rouvrir cette ligne." À terme, la Région vise une fréquentation moyenne de 200 000 voyageurs par an sur cette ligne.
Des horaires qui méritent d'être améliorés
L'élu régional tout comme l'association des usagers TER-SNCF de la rive droite du Rhône s'accordent pour dire que ce premier bilan est positif. Surtout qu'il reste des choses à améliorer. Notamment les horaires. L'association des usagers, avec la Région, va militer pour un train qui arrive plus tôt le matin en gare d'Avignon-centre et pourrait mieux convenir aux personnes qui y travaillent ou y étudient. De même pour le retour, le soir, ils préconisent un dernier train partant plus tard d'Avignon laissant plus de temps aux actifs pour sortir du bureau. En sens inverse, les horaires sont jugés plus convenables. Tant mieux quand on sait que le Gard rhodanien constitue le 2e pôle industriel d'Occitanie et compte 28 000 emplois "dont 16% sont occupés par des personnes en transit entre le Gard et le Vaucluse", avait chiffré le président de l'Agglomération, Jean-Christian Rey, pour l'inauguration, il y a un an.
L'association déplore aussi que cet été, plusieurs trains ont été remplacés par des cars sur la rive droite. Le trajet Pont-Saint-Esprit-Avignon centre passe alors de 30 minutes à 1h16. Pascal Rousson, le nouveau président qui a succédé à Laurette Bastaroli en juin, pointe : "Au niveau de la communication sur le terrain, ce n'est pas bien fait. L'information est affichée sur l’écran d’informations aux voyageurs mais il n’y a pas de grande affiche devant la gare. En plein été, certains touristes qui ont habitude de voyager en train se trouvent démunis."
La réouverture totale de la ligne retardée ?
Depuis un an, les gares de Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze sont desservies grâce à la réouverture anticipée de la ligne TER. À terme, six autres gares se trouvant sur la rive droite du Rhône seront aussi rendues accessibles aux voyageurs : Laudun-l'Ardoise, Roquemaure, Villeneuve-lez-Avignon, Aramon, Remoulins et Marguerittes. Une fois ces gares rouvertes, l'idée est d'augmenter le nombre d'allers-retours quotidiens (il y en a 5 actuellement, dont un direct jusqu'à Nîmes en passant par Avignon, ndlr). Ainsi les habitants de la rive droite auraient tous une gare assez proche de chez eux qu'ils pourraient facilement rejoindre grâce à l'aménagement de pôles d'échanges multimodaux (PEM) où convergeraient plusieurs lignes de bus, où seraient construits des parkings... Tout ce qu'il faut pour inciter les Gardois à privilégier le train plutôt que la voiture sur cet axe très fréquenté et souvent saturé.
Mais le chemin vers la réouverture complète de la ligne de train ne s'annonce pas si simple. Prévue à l'horizon décembre 2025, elle pourrait être retardée à cause de nouveaux éléments qui vont perturber le calendrier. "Il y a des difficultés de plusieurs ordres, énonce Jean-Luc Gibelin. L'EPSF (Établissement public de sécurité ferroviaire, ndlr) considère que c'est une création de ligne qui doit remplir toutes les conditions, comme si l'on venait de la construire." Alors même que la ligne a toujours été utilisée par les trains de fret...
L'association des usagers explique qu'avec le dernier référentiel de l'EPSF, ce ne serait pas seulement quelques passages à niveau qui doivent être "traités" mais l'intégralité des passages à niveaux de la ligne qui doit être soumis "à une décision particulière". "On a une version 2, les services travaillent sur une version 3. On ne sait pas laquelle sera applicable au moment de la réouverture. On va essayer d'anticiper ce qu'on va nous demander demain mais on risque de faire aujourd'hui des choses que demain on nous demandera plus", déplore le vice-président à la Région qui porte une politique forte sur le développement du train (entre 500 et 570 trains circulent chaque jour en Occitanie, ndlr).
Militer pour que certaines gares rouvrent de manière anticipée
Jean-Luc Gibelin ne sent pas de réel appui pour amorcer le virage du ferroviaire et ne le cache pas : "On ne se sent pas aidés". Pour rouvrir entièrement la rive droite, l'Autorité environnementale a imposé une étude environnementale qui s'étendra à la totalité de la ligne. Même jusqu'au Teil (Ardèche) où le train va pour se retourner. "Cela devrait prendre entre 18 et 24 mois pour mesurer l'impact des 10 TER circulant sur la ligne et des PEM alors qu'il y a déjà 50 trains de fret qui y circulent par jour", insiste-t-il. Et tant que l'étude n'est pas finie, les travaux ne peuvent pas débuter. L'association des usagers veut rencontrer la préfecture "pour demander à ce que l'étude soit accélérée le plus possible." En plus, la SNCF va devoir mener les travaux de régénération des voies principales sur la ligne a priori entre 2026 et 2027 selon l'association, qui espère que cela ne va pas se chevaucher avec la réouverture totale.
Malgré les difficultés, "notre détermination n'est pas entamée, elle a tendance à en être renforcée", assure le vice-président à la Région. Le projet avance, les sept passerelles aériennes qui seront installées dans les différentes gares pour relier en sécurité les deux quais ont été validées par l'Architecte des Bâtiments de France (*) et vont pouvoir être fabriquées. La Région comme l'association des usagers vont essayer de militer pour une ouverture phasée des différentes gares. Pascal Rousson suggère : "On a un travail à mener auprès de l'État et l'EPSF pour regarder les gares qui peuvent rouvrir par anticipation, notamment celles qui ne représentent pas de cas problématiques. On veut trouver une solution pour répondre au plus vite aux besoins des usagers."
Se présente aussi le cas de la gare de Remoulins. Tout est prêt sauf la passerelle aérienne. Il existe bien un passage sur voie pour les piétons mais cela ne se fait plus dans les nouvelles gares. Pourtant le système continue d'exister dans des gares historiques comme celle d'Alès par exemple. "Évidemment, il faut une passerelle. Mais en quoi le nombre de trains est moins dangereux en gare d'Alès qu'à Remoulins ?", interroge Jean-Luc Gibelin. De nombreuses questions se posent encore avant la réouverture totale de la ligne, alors Pascal Rousson conclut : "Le combat continue."
(*) L'accord de l'Architecte des Bâtiments de France était nécessaire car la passerelle de la gare de Villeneuve-lez-Avignon est en covisibilité avec plusieurs monuments historiques, notamment le Palais des papes à Avignon. Il a été décidé de faire six mêmes passerelles pour les autres gares. L'une d'elle sera installée en gare de Bagnols-sur-Cèze qui a quand même pu rouvrir car en attendant, une route passant sous la voie ferrée a été coupée à la circulation automobile et rendue piétonne. Les personnes à mobilité réduite peuvent aussi l'emprunter même si la pente et l'aménagement provisoire ne sont vraiment pas optimaux.
SNCF Réseau s'exprime
Contactée par Objectif Gard, l'entité SNCF Réseau indique qu'elle a appliqué le dernier référentiel de fin 2020 de l'EPSF pour la réouverture anticipée de la rive droite du Rhône et effectué des travaux sur les passages à niveau de Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze afin d’augmenter la visibilité pour les conducteurs des trains et les automobilistes et de sécuriser les cheminements piétons. SNCF Réseau poursuit : "Cette démarche d’amélioration de la sécurité menée avec la Région Occitanie et l’ensemble des collectivités et gestionnaires de voirie concernés va se poursuivre en vue de la délivrance de l’autorisation de mise en service par l’EPSF, préalable indispensable à la réouverture complète de la ligne." Cela se traduira par des "aménagement concrets sur les abords routiers des passages à niveau concernés" : panneaux, feux rouges clignotants, terre-pleins centraux, bandes rugueuses, passages piétons sécurisés, suppression de panneaux publicitaires…). Quant au planning, SNCF Réseau répond : "Ce travail est pleinement intégré dans le planning envisagé de réouverture complète de la ligne." Toutes les réponses de la SNCF seront à retrouver dans un prochain article...
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