FAIT DU SOIR À Barjac, pas de foire d'empoigne pour le début de la foire

Dès l'ouverture, la foule était déjà au rendez-vous et n'a cessé d'augmenter dans la matinée
- François DesmeuresLa 103e foire aux antiquités et à la brocante s'est ouverte ce mercredi matin, avec une heure d'avance par rapport à l'horaire habituel, pour raisons météorologiques. Alors que les derniers vendeurs installaient leurs supports avant de déballer, petite promenade dans les allées, dans la rapidité des premiers achats.
Avec un bronzage de retour de mer, il parle assez vite, avec un petit accent qui ressemble à certaines parties de l'Hérault, fume une cigarette derrière l'autre, et négocie à tour de bras auprès d'étaliers qui ont l'air de déjà le connaître. Sur la place, il a déjà acheté une maison reconstitué qui pourrait servir à un petit enfant. Au-dessus, dans les allées, il s'intéresse à deux amphores fines et hautes.
"Combien pour les deux vases ?", demande-t-il. "Le patron en veut 150€", répond celui qui finit de déballer. "Appelle-le. Dis-lui qu'il y en a 100, mais en espèces." Quelques minutes plus tard, il pose les autocollants de sa société sur les amphores en signe de propriété. Origine : Pézenas... L'accent était bien héraultais.
C'est un exemple parmi d'autres du spectacle que délivre le déballage de la foire de Barjac, à heure précise. Enfin... plus ou moins : le déballage était déjà avancé d'une heure en raison des températures attendues. Sous une belle fraîcheur de 18°, les derniers camions manoeuvraient pour atteindre leur espace dans des couloirs très restreints de circulation. C'est finalement quelques minutes avant 8 heures que les étaliers ont eu l'autorisation de déballer.
"C'est la deuxième fois que je viens, et c'est un sacré bordel, sourit Jean-Claude. L'été, on n'a pas de boulot à Paris, alors on vient à la campagne." Bois, tableaux, oeuvres de métal, les pièces qu'il présente paraissent d'un certain standing. L'explication, selon lui, tient dans les lieux qu'il est appelé à vider "de A à Z", à Paris et région parisienne. "Il n'y a pas de doute, l'argent, il est toujours à Paris", commente-t-il laconiquement pour expliquer son stock.
"Il y a toujours des coups à faire. Mais il ne faut pas croire : ce n'est pas sur les plus belles pièces qu'on gagne de l'argent !", poursuit Jean-Claude, torse nu, alors qu'il continue d'agencer ses propositions. Et son canapé ! Car lors des quatre nuits de foire, c'est sur ce meuble qu'il dormira, dehors, sur la place, " à surveiller la marchandise. Mais on est plusieurs à le faire, c'est plutôt sympa."
Patrice, c'est la quarantième année qu'il déballe ses trouvailles à Barjac. "Et même plus", lâche-t-il, sans véritablement compter. "Mais à l'époque, on dormait sous une Canadienne, sourit-il. Les monnaies et les cartes postales étaient ma passion. Quand je bossais, je finissais de travailler à 14h, alors ça me laissait du temps." Son gendre lui donne un coup de main pour déballer, depuis 10 ans, alors que Patrice n'enchaîne plus autant les foires depuis la pose d'une pile au coeur. "Mais pour mes petits-enfants, la foire de Barjac, c'est le Disney de Papy !"
Avec un ami, Fred presse le pas pour trouver les propositions qui l'intéressent. "J'habite à une heure de route, explique-t-il. Je suis marchand de cartes postales et de photos anciennes. Je vends sur les borcantes autour d'Avignon, sur des sites d'enchères ou dans les salons de collection. Cela fait trente ans que je viens mais, des fois, je repars à vide."
Valérie vient, en famille, de Béziers. Ils sont trois à patienter, assis, en attendant l'ouverture officielle. "On vient de Béziers depuis 5 ou 6 ans, pour les deux rendez-vous annuels de la foire", explique-t-elle. Avec des fortunes diverses. "Il y a toujours du monde, mais la conjoncture n'est pas la meilleure. Donc, du côté des ventes, ça dépend des fois. Ou ça dépend de ce qu'il y a dans le camion..." Dans le fourgon, des chaises pliantes, un mannequin ou encore un cheval mécanique trouvent leur place. Mais tout est encore soigneusement caché, empêchant d'éventuels acheteurs de négocier. "Nous, on n'ouvre pas avant, tranche Valérie. Comme ça, on est tranquille. On est assis et on n'ouvre pas", se marre-t-elle. Car jusqu'à dimanche soir, 18h, les occasions de s'assoir vont se faire rares...