Le recyclage n’est pas une idée neuve, aussi dans le nucléaire. Il y a trente ans, la création de Melox avait un but : créer un combustible, le MOX, destiné à alimenter les centrales nucléaires avec du plutonium issu de combustibles usés. À l’époque, le MOX, composé de mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium, était déjà connu depuis une vingtaine d’années, mais plus aucune usine n’en produisait. La construction de Melox était alors un défi pour la filière du nucléaire français, « le témoignage d’une trajectoire pour de l’électricité bas carbone, le choix par le recyclage des ressources », rappelle son directeur depuis 2021, Arnaud Capdepon.
« Une référence dans le monde »
Recyclage « qui s’inscrit dans la souveraineté de la France en matière d’énergie », rappelle le directeur de l’usine, le MOX permettant d’économiser jusqu’à 25 % d’uranium naturel, dont les mines sont situées en Afrique ou en Asie. Sachant qu'« un gramme de plutonium contenu dans le MOX produit autant d’énergie qu’un tonne de pétrole », rajoute-il. Melox produit du MOX sous forme d’assemblages, qu’on pourrait grossièrement comparer à des grosses piles. « Plus de 6 000 assemblages ont été construits dans notre usine » depuis trente ans, avance Arnaud Capdepon, assemblages qui fournissent une centrale EDF sur deux, dont celle du Tricastin, mais aussi des centrales au Japon, ou en Allemagne, à l’époque où nos voisins produisaient encore de l’électricité nucléaire. Aujourd’hui, « notre expertise fait de Melox une référence dans le monde », affirme le directeur d’une « usine unique au monde. »
Quelques chiffres
10 % de l’électricité nucléaire française est produite par du MOX
Un assemblage MOX permet d’alimenter une ville de 100 000 habitants pendant un an
L’usine compte 960 emplois directs et environ 600 emplois induits
35 à 50 millions d’euros sont investis chaque année pour maintenir l’usine en condition opérationnelle
Présents à ses côtés, ses prédécesseurs Denis Hugelmann (directeur de 1997 à 2000), Pascal Aubret (2009-2013) et Jean-Marc Ligney (2013-2018) gardent tous un bon souvenir de leur passage à Melox. « C’est une usine avec un esprit pionnier, et comme directeur, vous connaissez quasiment tout le monde, vous savez que tout le monde est engagé et que dans les difficultés, vous pouvez compter sur eux », affirme Pascal Aubret. Pas rien quand on sait qu’environ 1 500 personnes, salariés et partenaires industriels, font tourner l’usine en permanence, week-ends et jours fériés inclus.
« Une véritable remontada »
Des difficultés, l’usine en a connu en trente ans. « Des hauts et des bas, on en a connu pas mal », glisse Jean-Marc Ligney, y compris ces dernières années, avec une chute drastique de la production de combustible. « En prenant la direction du site en 2021, j’ai engagé avec l’ensemble des équipes la remontée en production, et les 100 tonnes (de production annuelle, ndlr) sont à portée de main, affirme Arnaud Capdepon. Quand on sait d’où on vient, c’est une véritable remontada. » L’occasion pour lui de saluer les salariés de l’usine, qui la font tourner au quotidien. « Avec humilité et une exigence très pointue », souligne pour sa part Pascal Aubret, ce qui en fait « une usine marquante, pas comme les autres, avec un incroyable investissement du personnel, même à une époque pas si lointaine où le nucléaire n’avait plus le vent en poupe », rajoute Jean-Marc Ligney.
Désormais, Melox s’avance plus confiante vers l’avenir. Une école des métiers a été inaugurée en 2024, et le projet GoMox lancé en 2022, avec « 300 millions d’investissements sur huit ans », rappelle Arnaud Capdepon, pour fabriquer et installer trois nouvelles machines qui seront installées d’ici 2030, « pour sécuriser notre production », précise-t-il. Alors Melox « fonctionnera bien au-delà de 2040, et le plus loin possible », assure-t-il.
Une bonne nouvelle pour le territoire, l’usine ayant embauché 110 CDI et CDD et une cinquantaine d’alternants tout en injectant plus de 300 millions d’euros dans l’économie en 2024, dont 70 % dans le Gard et les départements limitrophes.