Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 03.07.2023  - 7 min  - vu 1108 fois

FAIT DU SOIR Devant les mairies, élus et citoyens se sont rassemblés

Tous sont venus montrer leur soutien après les émeutes, les dégradations et l'attaque commise au domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses.

Municipaux ou nationaux, les policiers étaient nombreux sur le parvis alésien

- François Desmeures

À la suite de l'appel lancé par l'Association des maires de France, des rassemblements ont eu lieu ce midi sur les parvis des hôtels de ville partout sur le territoire et notamment dans le Gard. 

Des commissariats, des écoles et d'autres bâtiments publics symboles de la République attaqués... Les émeutes qui sévissent depuis plusieurs jours partout en France après la mort du jeune Nahel (17 ans), tué par un policier, ont fait beaucoup de dégâts. Le paroxysme a certainement été atteint ce week-end avec le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) visé par une violente attaque. 

En réaction, David Lisnard, maire Les Républicains (LR) de Cannes et président de l'Association des maires de France, a invité élus et citoyens à se rassembler sur les parvis des hôtels de ville ce lundi midi. À Nîmes, où le bâtiment de la DDTM a été brûlé et un policier ciblé par une balle d'un 9mm, le maire Jean-Paul Fournier a souhaité s'associer à cette démarche avec à ses côtés la préfète du Gard Marie-Françoise Lecaillon ainsi que Jean-Pierre Sola, patron de la DDSP du Gard et le général Éric Chuberre, le patron des gendarmes. 

Le DDSP du Gard Jean-Pierre Sola, la préfète du Gard Marie-Françoise Lecaillon et le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier • Photo Corentin Corger

"Ce que nous vivons est inacceptable. L'ordre républicain doit être rétabli et la justice doit sévérément être prononcée. Nous devons nous rassembler pour réduire à néant les forces qui veulent faire vaciller la République", a réagi le premier édile nîmois entouré de bon nombre d'élus de la majorité mais aussi des élus de Nîmes citoyenne à Gauche dont Vincent Bouget et du Rassemblement National comme le député Yoann Gillet. 

"Je veux rappeler mon soutien inconditionnel aux forces de l’ordre, tient à assurer le député de la 1re circonscription du Gard, il y en a marre, il faut que ça bouge ! On réclame une justice plus ferme avec le rétablissement des peines planchers, l'expulsion des clandestins, déchoir de leur nationalité tous les binationaux qui font des bêtises en France et couper les aides sociales aux parents des délinquants." Le rassemblement s'est terminé par une Marseillaise reprise en choeur par la foule présente sur le parvis. 

À Bagnols-sur-Cèze, un rassemblement devant la mairie encore marquée par les dégradations 

À Bagnols-sur-Cèze aussi, un rassemblement républicain s’est tenu devant la mairie à midi, ce lundi. Il revêtait une dimension d’autant plus symbolique puisque l’édifice a été la cible de plusieurs dégradations dans la nuit de samedi à dimanche.

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Entre 100 et 150 personnes étaient rassemblées à Bagnols-sur-Cèze. Le premier adjoint, Maxime Couston, le président de l'Agglomération du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey, ainsi que le secrétaire général de la Préfecture du Gard, Frédéric Loiseau, se sont exprimés au micro.  • photo Marie Meunier

À quelques minutes du début des discours, un agent était encore en train de réparer les fenêtres brisées. La porte d’entrée toujours noircie par un feu de containers. Entre 100 et 150 personnes étaient là à midi. À commencer par les élus de la majorité et de l’opposition. Mais aussi des représentants de presque toutes les sensibilités politiques, à gauche comme à droite. “C’est un rassemblement transpartisan. On est là pour apporter notre soutien aux victimes. Le temps politique viendra après”, glisse Alain Pommier, élu du groupe Rassemblons Bagnols. Dans la foule, il y a aussi des membres d’associations, des commerçants et des habitants.

Sous les arches de la mairie, le premier adjoint Maxime Couston (*) a d’abord remercié les forces de l’ordre, les pompiers, la police municipale, les services techniques qui remettent en état les zones dégradées. “Je veux avoir une pensée pour tous les commerçants impactés par les dégradations et leur dire à eux aussi que la Ville est et sera à leurs côtés”, poursuit l’édile. Lui et tout le conseil municipal apportent bien sûr leur soutien au maire de l’Haÿ-les-Roses et à sa famille après l’attaque qu’ils ont subi chez eux.

Nous sommes toutes et tous différents. Mais nous sommes toutes et tous indivisibles dans la République. Nous disons notre condamnation face à l’inacceptable”, a renchéri au micro, Jean-Christian Rey, président de l’Agglomération du Gard rhodanien. Frédéric Loiseau, secrétaire général à la préfecture du Gard, a fait le déplacement à Bagnols-sur-Cèze pour exprimer “soutien et solidarité envers les élus de la République”.

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Après les discours, les élus et la foule ont entonné la Marseillaise.  • photo Marie Meunier

Constatant les meurtrissures parcourant l’hôtel de ville, il a rappelé : “Sans mission d’intérêt général, sans service public, il n’y a pas de cohésion nationale, il n’y a pas de vivre ensemble et pas de soutien à celles et ceux qui en ont le plus besoin, souvent ceux qui sont issus des quartiers difficiles. Quelle ironie de voir que parfois des révoltes de quartiers viennent détruire les endroits où on parle le plus d’eux, où on essaie de les aider au quotidien." Et de conclure : "Quand on attaque une mairie, on attaque la République mais aussi la démocratie locale. Et ça, nous ne l’acceptons pas.”

À Beaucaire : "Pour sortir de cette spirale, une autre politique est nécessaire"

À la même heure, citoyens et élus beaucairois se sont réunis dans la cour de la mairie. La quatrième ville du Gard a pour l'heure été épargnée par les violences urbaines, ce qui n'exclut pas la vigilance et la mobilisation. "Ce qui se passe dans notre pays en ce moment est gravissime. Tous ceux qui aiment la France sont écoeurés et ont en ce moment envie de vomir chaque jour, devant notre pays piétiné sans réponse de nos gouvernants, de voir une sauvagerie inhumaine s'installer durablement partout en France à cause du laxisme permanent qui règne dans notre pays qui n'est plus respecté." C'est ainsi que le premier édile beaucairois, Julien Sanchez a entamé son discours. 

Répondant à l'appel de l'AMF, élus et citoyens beaucairois se sont réunis dans la cour de l'hôtel de ville ce lundi 3 juillet à midi.  • S.Ma

Accompagné de bon nombre de ses adjoints, de ses conseillers municipaux et de la conseillère départementale, Élizabeth Mondet, le maire Rassemblement national n'a pas mâché ses mots rappelant des "scènes insoutenables, insupportables, beaucoup plus dramatiques que celles de 2005 par leur nature, par leur nombre et par leur rayonnement géographique." Et le même de commenter : "À quoi assistons-nous ? À un remake grandeur nature du film La Purge (American nightmare) […] Pourquoi les pouvoirs publics acceptent-ils cette anarchie depuis des années, pourquoi ne font-il pas respecter les règles à des gamins de parfois 12, 13, 14, 15 ou 16 ans, ont-ils vraiment peur de ces merdeux et où sont leurs parents ?"

Autre interrogation : "Comment justifier que pendant que toute l'Île-de-France brûlait, le président de la République était au concert d'Elthon John ? On croit rêver !" Bien évidemment, le discours du maire a fait écho à celui du député Yoann Gillet, concernant la justice, les aides sociales, les expulsions etc. "Pour sortir de cette spirale, une autre politique est nécessaire, il faut rétablir l'ordre républicain, la sécurité dans la rue, la discipline à l'école, lutter contre les communautarismes et cesser de laisser entrer qui veut sur notre sol." Et de terminer en saluant l'engagement des forces de l'ordre et des sapeurs pompiers. La Marseillaise a mis fin au rassemblement, enfin presque, puisque le maire a pris une dernière fois le micro pour indiquer que les animations prévues dans le cadre des Estivales seront bien maintenues.

Le discours du maire RN a fait écho à celui du député Yoann Gillet, concernant la justice, les aides sociales, les expulsions etc

Une annonce accueillie par des applaudissements. René, 74 ans, et son épouse Abe, 60 ans, citoyens beaucairois en étaient "parce que nous soutenons le maire". "Nous sommes scandalisés et avons beaucoup de peine de voir tant de choses détruites, tant de personnes attaquées." Anick aussi est scandalisée "de voir qu'en France nous avons une justice à deux niveaux". "Ces jeunes qui cassent ne sont pas sanctionnés ou le seront peut-être un jour dans quelques années. Mon fils, lui - âgé de 14 ans, NDLR - a dû rester pendant une heure et demie devant la barre du tribunal pénal pour parler et justifier son handicap, qui est invisible.

À Alès, le concorde républicaine en réponse à la violence

Ce midi, devant la mairie d'Alès • François Desmeures

Loin des discours de récupération du Rassemblement national, le maire les Républicains d'Alès, Max Roustan, a remercié les polices municipale et nationale "pour le travail accompli". Il a aussi fortement dénoncé les actes de ceux qui, profitant d'un "incident malheureux et terrible", se "soulagent en fauchant, cassant ou crâmant des voitures pour se faire plaisir. Mais ils ont oublié que la voiture appartenait à l'un des leurs..." 

"Que de parents malheureux, a poursuivi le maire d'Alès. On pourrait dire que la parentalité n'est plus assurée. C'est facile à dire, à l'ère d'internet et de la télévision", Max Roustan assimilant le recensement des voitures brûlées à un "concours" entre quartiers. Il a félicité les forces de l'ordre pour "la retenue" dont ils ont fait preuve. "La réponse, c'est nous qui l'avons, a poursuivi le maire. Que les gens viennent dans les écoles, qu'ils sortent - comme aujourd'hui - devant les mairies pour dire leur atchement à la République !"

"Ne nous trompons pas, la révolution n'est pas en marche, a voulu atténuer le président d'Alès Agglo, Christophe Rivenq. J'appelle l'ensemble de la classe politique à ne plus parler des quartiers, mais de la France dans son ensemble, qui appartient à tout le monde. Et je reste persuadé que ces violences urbaines ne déstabilisent pas la République de France." Le premier adjoint au maire d'Alès a eu, comme son maire, une pensée pour "les familles meurtries des quartiers qui ont subi le plus grand nombre de violences"

Municipaux ou nationaux, les policiers étaient nombreux sur le parvis alésien • François Desmeures

"On aime notre France et ses valeurs", a abondé le sénateur Laurent Burgoa, en confiant aux élus le rôle de "fantassins de la République". Avant que le sous-préfet d'Alès, Jean Rampon, ne dénonce "des coups portés en dessous de la ceinture" par les émeutiers, soulignant la venue de la préfète au commissariat d'Alès, samedi soir, ou dénonçant les raisons de l'incendie de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), à Nîmes, "parce qu'il y avait une caméra de surveillance sur le toit". "Il faut avoir une sacrée trempe pour ne pas être dans la riposte à la violence. Alors, chapeau bas pour votre professionnalisme !", a lancé le sous-préfet aux forces de police. 

"La nuit dernière a été très calme, confie, à la suite du rassemblement, le commissaire Emmanuel Dumas. Il n'y a pas eu d'interventions particulières, pas de dégradations lourdes." Seul un logement, "voué à la destruction", a été noirci par un début d'incendie de détritus qui se trouvaient dans le bâtiment. Côté moral, le commissaire alésien dit disposer d'équipes "résolues, concentrées et solidaires. Pour l'instant." Emmanuel Dumas se demande, en effet, si l'attaque, furtive et violente, du commissariat, samedi soir, n'aura pas d'effet a posteriori sur le moral de ses troupes. Un samedi où la police a connu "plus de double d'activité que ce que nous avons habituellement".

Marie-France et Michel ont sagement écouté sur le parvis et ont chanté La Marseillaise qui clôturait le rassemblement. Ils sont venus "pour beaucoup de raisons : soutenir la République, la police aussi, les pompiers, les gendarmes, etc". "Je veux bien croire qu'ils sont jeunes, mais ce n'est pas une excuse", assène Michel. "Hier, on a entendu un hélicoptère survoler la ville une partie de la soirée, raconte Marie-France, qui habite vers Conilhères. Pendant ce temps, on a eu un feu sur un container à papiers." "Je n'excuse pas le policier, conclut Michel, mais je pense que s'il est en prison, c'est pour calmer l'opinion." "Révoltée" par ce qui se passe, Marie-France n'en oublie pas pour autant le détonateur, en évoquant "ce pauvre jeune"

(*) Le maire de Bagnols-sur-Cèze, Jean-Yves Chapelet, était absent car pris par un déplacement prévu de longue date.

Des extraits des rassemblements à retrouver en vidéos : 

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