Publié il y a 10 h - Mise à jour le 26.07.2025 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 239 fois

FAIT DU SOIR Les milieux humides du Scamandre reprendront bientôt vie

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)

Les travaux de restauration des milieux humides visent à libérer les roseaux (Photo Anthony Maurin)

Un joyau naturel retrouve son souffle en Petite Camargue, un site naturel d'exception en péril silencieux.

Au cœur de la Petite Camargue, un écosystème d'envergure européenne est en pleine renaissance. Le complexe Scamandre-Crey-Charnier, situé à cheval sur les communes de Vauvert, Gallician et Beauvoisin via Franquevaux ainsi que Saint-Gilles, s'étend sur plus de 3 500 hectares de marais, de roselières et d'étangs. Il constitue l'un des ensembles de zones humides les plus remarquables d'Europe, reconnu à la fois zone RAMSAR, site Natura 2 000 et réserve de biosphère Unesco.

Refonder le lien entre l'Homme et la nature

Ce territoire accueille une biodiversité exceptionnelle tels des oiseaux migrateurs, des amphibiens, des plantes aquatiques rares, mais aussi des activités humaines anciennes qui participent à son équilibre comme l’élevage extensif, la pêche traditionnelle ou encore récolte du roseau (sagne) et bien entendu une chasse raisonnée.

Un patrimoine vivant, façonné par l'eau et les hommes, que la Communauté de communes de Petite Camargue s'est donnée pour mission de préserver.

Mais depuis plusieurs décennies, ce milieu fragile subit une lente dégradation. Le réseau hydraulique qui alimente les marais, composé de roubines, de canaux et de fossés, s'est progressivement envasé et obstrué.

La circulation naturelle de l'eau est perturbée, entraînant l'eutrophisation des étangs, la stagnation, l'envasement et la disparition progressive de certaines espèces patrimoniales.

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)
Les travaux de restauration des milieux humides visent à libérer les roseaux (Photo Anthony Maurin)

Ce système, comparable à un cœur vivant dont les roubines seraient les artères, bat aujourd'hui au ralenti, une opération d'envergure qui vise ainsi à restaurer la dynamique naturelle du secteur.

13 km de roubines

Face à cette urgence écologique, la Communauté de communes de Petite Camargue (CCPC), compétente en matière de Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI), a lancé l'un des projets de restauration écologique les plus ambitieux d'Occitanie.

L'objectif est clair, restaurer la circulation hydraulique naturelle afin de revitaliser les marais, préserver les espèces emblématiques et maintenir les activités humaines en harmonie avec le milieu.

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)
Sur la gauche, la roselière et le Scamandre (Photo Anthony Maurin)

Une première phase de travaux vise le curage de 13 kilomètres de roubines dans la partie Est du complexe « Scamandre-Crey ». Ces interventions permettront de relancer les échanges hydrauliques, d'améliorer la qualité des eaux et de favoriser la régénération naturelle des roselières.

Les travaux sont confiés à un groupement d'entreprises spécialisées (Crozel TP, Guintoli et Philip Frères), sous la maîtrise d'œuvre du bureau Gaxieu. Un groupement d'experts naturalistes et écologues accompagne chaque étape du projet afin de garantir une intervention respectueuse des équilibres écologiques.

Un nouvel élan

À travers ce chantier, la Communauté de communes de Petite Camargue affirme sa volonté d'agir concrètement pour la préservation des écosystèmes. Il ne s'agit pas simplement d'un aménagement hydraulique, mais d'un véritable projet de territoire, fondé sur l'écoute, le respect des savoirs locaux et la vision d'un avenir durable.

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)
André Brundu, maire d'Aubord et président de la Communauté de communes de Petite Camargue explique le chantier depuis la hauteur offerte par le proche pont de Franquevaux (Photo Anthony Maurin)

En restaurant les marais du Scamandre, la CCPC redonne vie à un patrimoine naturel exceptionnel, tout en posant les bases d'un nouveau pacte entre l'Homme et son environnement.

Un geste fort pour la (Petite) Camargue, pour ses habitants, et pour les générations futures.

Au-delà de l'aspect technique, ce projet s'appuie sur une démarche de concertation active avec les acteurs du territoire. À l'initiative de la CCPC, un Comité des marais a été relancé. Il réunit autour de la même table les usagers historiques du marais (pêcheurs, éleveurs, sagneurs, chasseurs), les élus, les scientifiques, les associations de protection de la nature, ainsi que les gestionnaires publics.

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)
Éviter le sel, permettre à l'eau douce de revenir dans le marais et au roseau de s'élever dans les airs camarguais (Photo Anthony Maurin)

Cette instance de dialogue vise à construire un consensus local autour des usages, à anticiper les effets du chantier, et à « coélaborer » un plan de gestion actualisé et un règlement d'eau adapté. Ce travail de fond permettra d'inscrire durablement la gestion du site dans une gouvernance partagée.

Financement et participation

Le montant global de cette première tranche de travaux s'élève à 1 422 406 euros HT. Le projet bénéficie d'un soutien financier important de plusieurs partenaires publics et privés. L’État met, via le Fonds Vert, 110 641 euros, et en ajoute 180 000 via PITE (sollicité non notifié pour le moment). Le mécénat Nestlé Waters-Perrier est quant à lui de 1 066 805 euros. Enfin, la Communauté de communes de Petite Camargue met la suite avec 244 959 euros de sa poche.

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)
Avec un long bras, les engins du chantier peuvent gratter et espacer chemin et roselière (Photo Anthony Maurin)

Ce cofinancement témoigne de l'intérêt général du projet, qui combine transition écologique, préservation du patrimoine et adaptation au changement climatique.

Travaux de restauration des milieux humides complexe du Scamandre Franquevaux (Photo Anthony Maurin)
Une écluse qui apporte l'eau douce du canal vers le Scamandre (Photo Anthony Maurin)

Anthony Maurin

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