Il ne siègera plus à la droite de Patrick de Carolis. Jean-Michel Jalabert a fait savoir hier soir qu’il rendait ses délégations de premier adjoint. Le maire sortant finit ainsi son mandat sans son bras droit, qui aura été aussi son directeur de campagne en 2020. Les prochaines élections municipales verront les deux hommes s’affronter. Jean-Michel Jalabert ayant décidé de conduire sa propre liste.
À 55 ans, l’Arlésien a fait le choix de s’émanciper, lui qui dit ne plus se reconnaître dans la politique menée depuis plusieurs mois par la majorité. C’était un secret de Polichinelle que les tensions étaient vives entre lui et la deuxième adjointe, Mandy Graillon. Malgré les efforts de Patrick de Carolis pour renouer les liens avec son désormais ancien lieutenant, Jean-Michel Jalabert a confirmé son choix de partir en campagne. Moins de 24 heures après l'annonce du maire sortant. "Mon calendrier était fixé avant que le maire n'indique la date de sa sortie. Je m'y suis simplement tenu", argue-t-il.
Objectif Gard : Avec l’annonce de votre candidature, le divorce avec Patrick de Carolis est consommé. Qu’est-ce qui a déclenché la scission ?
Jean-Michel Jalabert : Ce n'est pas un acte irréfléchi, ce n'est pas un changement d'humeur, ce n'est pas une décision de circonstance. C'est une décision que j'ai longuement mûrie et qui est cohérente et fidèle à mes convictions. Elle s'est imposée naturellement parce que la méthode et les actions de la majorité actuelle se sont éloignées de l'ambition que l'on avait en 2020. Et cette décision, c'est la volonté de replacer l'intérêt général au centre du fonctionnement, du management, de la prise de décision, des choix politiques qui sont faits.
Cela veut-il dire que vous estimez que l'intérêt général ne prime plus dans la politique actuellement menée par la majorité ?
J'ai l'impression que beaucoup d'Arlésiens ne se reconnaissent plus dans la manière dont les décisions sont prises aujourd'hui. La ville mérite une nouvelle dynamique qui soit plus proche, plus claire. Et pour parler très local, plus arlésienne. Il n'y a rien de personnel dans ma candidature. Je n'ai rien ni contre le maire ni contre l'ensemble de l'équipe municipale. Sortir de la majorité aujourd’hui, ce n'est pas dénigrer ce qu'on a réalisé pendant tout le mandat. Mais il s’agit vraiment de rester fidèle à l'idée que je me faisais de l'engagement politique, de la gestion municipale. Les choix faits aujourd'hui ne correspondent plus à ma conception de l'engagement politique, ils ne correspondent plus à mes valeurs. L’esprit d’équipe a laissé place à des logiques individuelles, la rigueur budgétaire à la dépense et la proximité à la communication.
Vous affirmez ne pas vouloir "dénigrer le travail réalisé pendant ce mandat" et on le comprend, vous en étiez l’une des chevilles ouvrières. Vous allez, de fait, défendre le même bilan que le maire sortant...
Je ne renie pas le bilan. Je suis fier du travail accompli et du bilan des quatre premières années, car j'y ai œuvré avec responsabilité et rigueur. J'ai notamment participé au redressement des finances et à l'optimisation des recettes. J'ai eu en charge, par exemple, la gestion des marchés hebdomadaires et depuis leur réorganisation, ce sont 160 000 euros de recettes en plus par an. J'ai aussi participé à la majorité des projets structurants pour la ville. J'ai piloté, notamment, l'appel à manifestation d'intérêt des Minimes, le projet pour les Papeteries. Je me suis occupé de la vente de l'école Léon-Blum, qui a permis à une société arlésienne de s'installer et d'être l'un des plus beaux fleurons français de l'animation. Ça fait partie du bilan que je défends. En parallèle, j'ai été l'élu au plus près des problématiques quotidiennes, toujours disponible et à l'écoute des Arlésiens.
Qu’est-ce qui vous différencie alors ?
Assumer ce bilan ne signifie pas qu'il est complet. Beaucoup de sujets méritent une action prioritaire. Il s'agit notamment de nos écoles, de nos équipements sportifs et de nos jeunes dans les villages et quartiers. Concernant la propreté et la sécurité, malgré des investissements massifs dans ces deux secteurs, les résultats ne sont pas à la hauteur des moyens. Il faut une présence accrue de nos 50 agents municipaux sur le terrain, notamment la nuit, pour améliorer le sentiment de sécurité. Et un management rigoureux, juste et respectueux des agents est à revoir. Au-delà des sujets, la politique que je veux conduire se distinguera par ses méthodes et valeurs : proximité, considération, équité, transparence, indépendance et fierté arlésienne. Ces valeurs ne sont pas des slogans, mais la boussole d'une gouvernance plus humaine, efficace et sincère.
Ne craignez vous pas qu’on vous pointe du doigt comme celui qui pourrait faire perdre son camp ?
Non. Je reste fidèle à mes valeurs et à Arles. Je ne quitte pas une équipe, je propose un autre mode de fonctionnement, de décision, une façon d’agir plus proche d’Arles et des Arlésiens. Être loyal, ce n’est pas se taire. C’est dire les choses quand la méthode s’éloigne de l’intérêt de la ville. Par cette candidature, je reste loyal aux Arlésiens, à ma ville et je reste fidèle aux valeurs de 2020 : proximité, rigueur, intérêt général. Ma démarche est locale et transpartisane. Je veux rassembler tous les Arlésiens sans logique d’appareils. La seule investiture que je demande, c’est leur confiance.
D’autres élus de la majorité vous suivent-ils ?
Oui, quelques-uns. Eux aussi souhaitent replacer l’intérêt général au centre des préoccupations. Ils ne me rejoignent pas pour moi, ils me suivent car nous partageons une vision et la même manière d’agir.
Hier soir, vous avez fait savoir au maire que vous rendiez vos délégations (développement et accueil des entreprises, commerces et artisanat, stationnement, Rhône – centre-ville). Quel positionnement sera désormais le vôtre au sein du conseil municipal ?
Rendre mes délégations c’est rester cohérent avec moi-même. Je continuerai de siéger au sein du conseil municipal, car ce sont les Arlésiens qui m’ont confié ce mandat en 2020. J’y siégerai en tant que conseiller municipal indépendant, avec les élus qui me suivent.