Publié il y a 5 h - Mise à jour le 14.05.2025 - Sacha Virga - 4 min  - vu 215 fois

FAIT DU SOIR Un guide de sécurité adopté pour les fêtes traditionnelles

Guide fêtes traditionnelles Gard

Une réunion pour assurer l'avenir des fêtes traditionnelles

- Sacha Virga

Afin de protéger les traditions taurines, la préfecture du Gard, les manadiers et les élus ont proposé un guide de sécurité à destination des fêtes traditionnelles. Une avancée pour convaincre aussi les assurances de continuer leur travail.

Dans les lâchers de taureaux, le risque zéro n'existe pas, et coûte surtout très cher aux manadiers gardois. La problématique du désengagement des assurances n'a jamais été aussi forte, après les accidents plus ou moins graves que connait notre département depuis plusieurs mois et années. Pour sortir de cette spirale négative et maintenir les traditions, le préfet du Gard, Jérôme Bonet, donne corps et âme. Fin mars, un premier arrêté préfectoral a été publié, supprimant l'activation systématique de la responsabilité du taureau et donc du manadier en cas d'accident d'une personne, par exemple sur un parcours d'abrivado.

S'ensuit la création d'un guide de sécurité des fêtes traditionnelles, réalisé avec les représentants de la profession et des élus, venus en très grand nombre ce mercredi matin à Aubord. Le parc public pédagogique de loisirs et de culture camarguaise a été le théâtre d'un premier rendez-vous fort : la remise de l’insigne de réserviste citoyen à André Brundu, maire de la commune, par le colonel Casso. L'occasion de retracer son engagement en faveur de sa commune.

André Brundu Aubord Gard
L'émotion se lit sur le visage d'André Brundu • Sacha Virga

À l'âge de 16 ans, André Brundu rejoint l'association "Loisirs et traditions", qu'il finit par présider. En 1985, pendant son service militaire, il demande une permission spéciale pour organiser la fête votive de son village. En 1995, il devient adjoint aux Festivités, sept ans plus tard, il obtient les Finances et la Sécurité. Désormais maire depuis 2014, il est largement réélu en 2020. "C'est quelque chose d'honorifique, mais on a une mission relationnelle sur la sécurité des fêtes votives en tant qu'élu", commente-t-il.

Guide fêtes traditionnelles Gard
Beaucoup d'élus pour ce bel événement • Sacha Virga

Sécurité et traditions

Chaque année, la préfecture et la gendarmerie organisent une réunion basée sur la sécurité et la mise en place de moyens pour préserver les traditions. Le préfet Jérôme Bonet, en place depuis un peu plus de deux ans, a élaboré en concertation avec les élus et manadiers, un guide de bonne conduite pour la sécurité des fêtes traditionnelles, pour réduire les risques d'accident au maximum. "Je trouve que les collectivités et les clubs taurins font un effort considérable. Reste à savoir maintenant comment les assurances vont appréhender cela. Ce n'est pas gagné parce que c'est un problème purement économique, la balle est dans leur camp", affirme André Brundu. L'an dernier, le maire avait été contraint de sortir 60 000 euros pour un accident survenu sur sa commune.

Jérôme Bonet a conscience du poids important des fêtes votives. Vecteur de lien social, "si on n'intègre pas la valeur, le poids et cette nécessité de faire perdurer ces traditions, on passe un peu à côté de son sujet", précise-t-il. La préservation de l'ordre public, charge mentale importante pour les élus et les associations qui gèrent ces fêtes, est également à prendre en compte. "Plus on a d'organisation en amont, et plus on peut s'épargner certaines difficultés en aval pour les fêtes votives", affirme le colonel Casso. Et en cas de choix d'une sécurité privé, le Colonel met en garde à ce qu'elle soit bien référencée par la préfecture. "Faites très attention à l'assurance des clubs taurins et des comités des fêtes, les mairies n'ont pas le droit de couvrir", lance André Brundu aux premiers édiles et leurs représentants.

Ce guide a pour objectif de rassurer aussi les assureurs, parfois moins enclin à s'engager pour couvrir ces fêtes. "Il faut qu'il y ait des prestations qui obéissent au moins à un certain nombre de standards, répondant à une démarche professionnelle autour de critères liés à la sécurité", explique Jérôme Bonet, avec bien sûr un adoubement de l'État. La question de l'alcoolisation débridée à certains endroits a été abordée, donnant lieu à des violences et même des agressions sexuelles. "Ça, je suis désolé, ce n'est pas possible. Les femmes n'ont pas à se faire agresser par des hommes bourrés à la sortie d'une buvette".

Quelles applications de sécurité dans les communes ?

Béranger Aubanel, vice-président de la fédération des manadiers, rappelle l'importance du barriérage dans les communes et de ce guide qui permettra de protéger les traditions. "Il faut préserver notre économie, qui découle de toutes ces traditions. Un des agents de Swiss Life, assureur, m'a appelé pour me demander ce fameux guide avec les arrêtés". Tout en critiquant les fléaux de l'alcool et des stupéfiants.

Président du Pays de Sommières et maire de la commune éponyme, Pierre Martinez attendait beaucoup de ce rendez-vous avec le préfet et les personnalités concernées. "On avait des renseignements à demander sur les abrivados, les bandidos, les encierros, parce que la législation est en train de se durcir quelque peu. On a besoin d'avoir un fil conducteur pour simplement respecter les prescriptions de l'État", déclare-t-il.

Pour son voisin Philippe Gras, président de Rhôny-Vistre-Vidourle et maire de Codognan, le sujet est bien connu, les questions de sécurité ont été abordées depuis fort longtemps. "L'application du guide dans les rues de Codognan n'est pas toujours facile. On a beaucoup de mal, ne serait-ce que le barriérage pour le passage des taureaux dans des rues relativement étroites". Pour apporter de nouvelles solutions, un barriérage a été tracé et sera annexé à l'arrêté municipal qu'il signera prochainement. 

Gaëtan Prévoteau Langlade
Gaëtan Prévoteau, maire de Langlade • Sacha Virga

Pour Gaëtan Prévoteau, maire de Langlade, une attention toute particulière est portée sur la sécurité. "On fait des parcours ouverts donc on interdit les voitures. À Langlade, on a mis en place un périmètre de sécurité, la fête se passe avec une filtration en entrée et en sortie, avec un seul endroit pour passer. Et on fait payer aussi les encierros pour réguler tous les mineurs, ceux qui ne sont pas accompagnés ne peuvent pas rentrer à l'intérieur", déclare-t-il. Avec des vigiles qui contrôlent s'il y a des objets dangereux. Gaëtan Prévoteau a aussi pris un arrêté municipal pour interdire la chicha et le protoxyde d'azote. Ce qui a un coût, mais permet surtout d'assurer la fête et maintenir les traditions sur sa commune.

Sacha Virga

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio