Publié il y a 6 h - Mise à jour le 03.07.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 51 fois

GRAND AVIGNON Le Mas Baudoin, un espace-test pour aider à l’installation d’agriculteurs

Ce mercredi, lors de l'inauguration du Mas Baudoin, à Avignon

- Thierry Allard

C’est une exploitation familiale, d’un peu plus de 5 hectares, que le Grand Avignon a racheté avec une idée en tête : faire de ce lieu un espace-test agricole.

Pour ce faire, l’Agglomération a donc racheté cette ancienne exploitation arboricole, située près de l’aéroport d’Avignon, à la famille Baudoin, et y a rénové des logements, les serres, un hangar, un espace de stockage ou encore la chambre-froide. L’Agglomération a aussi investi dans du matériel mis à disposition d’agriculteurs qui s’installent et peuvent y tester leur projet pendant trois ans moyennant un loyer modéré avant de s’installer durablement ailleurs, si possible dans le Grand Avignon. Pour ce faire, ils sont accompagnés par la Chambre d’agriculture de Vaucluse, l’ADEAR 84, Agribio 84 et Mosagri, sur les aspects techniques, juridiques et comptables.

« Ici, c’est possible de démarrer plus sereinement, avec l’appui technique et matériel pour travailler », affirme Carole Degueurce, la première agricultrice à s’être installée sur l’espace-test, en septembre 2024. Pour elle, qui a déjà eu une exploitation agricole dans l’élevage caprin avant d’enseigner, il s’agit en quelque sorte d’un retour aux sources. Au Mas Baudoin, elle cultive des épinards, salades, haricots et courges, tout en bio, comme tout ce qui est cultivé ici.

Tout à côté, Sibylle de Geyer cultive des fleurs, plus précisément de la camomille, du bleuet, de la marjolaine, dont elle fait notamment des huiles essentielles. Après des études dans la production horticole, elle souhaitait s’installer : « mais je ne savais pas comment faire, car je n’ai pas de terre, l’espace-test, c’est génial pour commencer », affirme-t-elle.

Enfin, le troisième agriculteur du Mas Baudoin est Yones Madadi. Sous les serres, il fait pousser des fraises, des melons, des pastèques, des tomates, des courgettes ou encore des poivrons. « J’étais contrôleur technique dans le bâtiment, et à partir du covid, j’ai décidé de changer de métier, de consacrer ma vie à l’agriculture bio », explique-t-il. Sitôt formé, il s’est installé sur l’espace-test en décembre dernier, où les terres sont « excellentes, très fertiles », affirme-t-il.

Sous les serres du Mas Baudoin • Thierry Allard

« C’est un très beau projet, porteur d’avenir pour notre territoire, nos terroirs, notre économie », affirme le président du Grand Avignon Joël Guin. Car le territoire de l’Agglomération est composé à 38 % de terres agricoles, ce qui n’est pas rien, et que « l’agriculture est très fragilisée, en 10 ans, le nombre d’exploitations agricoles sur le territoire du Grand Avignon a baissé de 16 % », rappelle-t-il.

« Une réponse aux difficultés d’installation »

Alors dans le Programme alimentaire territorial, une place a été faite à ce projet, il en est même une « des actions phares » parmi une vingtaine d’autres actions en soutien à l’agriculture, souligne Joël Guin, afin d'apporter « une réponse aux difficultés d’installation » des jeunes agriculteurs, « pour une agriculture toujours plus humaine et durable. » Pour mener à bien ce projet, l’Agglomération a mis 210 000 euros dans l’achat du mas, 650 000 euros dans la rénovation des bâtiments et des serres, 70 000 euros dans le matériel agricole et a budgété un accompagnement de 174 000 euros maximum pour l’accompagnement des agriculteurs sur la période 2024-2026. L’Agglomération a aussi pu compter sur le soutien financier de la Région SUD PACA, avec une subvention de 260 000 euros, et sur la Compagnie nationale du Rhône, pour un peu plus de 100 000 euros.

« La Région sanctuarise son budget alloué à l’agriculture et aux agriculteurs », dira la conseillère régionale Sylvie Viala, malgré des temps de vaches maigres budgétaires. Et ce pour « affirmer une vision de l’agriculture comme vecteur d’équité sociale, de santé publique et de transition écologique », souligne-t-elle. Quant à la CNR, son directeur exécutif des territoires Pierre Meffre évoquera le soutien à « la transition agricole », mais aussi à « tout projet de modernisation de l’irrigation », le Mas Baudoin ayant vu son système d’irrigation via un canal modernisé, et un forage creusé. « Ce projet a valeur d’exemple », estime-t-il.

Côté Chambre d’agriculture, la présidente de celle de Vaucluse Sophie Vache soulignera « le renouvellement des générations, l’installation d’agriculteurs, surtout ici, car les zones agricoles doivent se maintenir autour d’Avignon. » Car, rappelle-t-elle, « il est important d’accompagner tous les volontaires, l’enjeu de souveraineté alimentaire est toujours là, encore plus sur un territoire agricole, avec derrière toute une activité économique. »

De quoi donner au Mas Baudoin, qui n’était plus exploité depuis plusieurs années, une seconde jeunesse. Les grands-parents de Françoise Baudoin, qui l’ont acquis en 1939, « auraient été très contents de connaître le devenir de leur propriété », affirme-t-elle. Et le domaine familial accueille désormais « d’autres familles qui se lancent dans cette aventure », souligne Joël Guin.

Thierry Allard

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