LANUÉJOLS Les 80 ans de la victoire font inscrire le nom du Résistant Georges Valézi sur l'école

Commemoration et baptême de l'école ont réuni plus de cent pebrsonnes
- François DesmeuresDeuxième année de commémoration importante pour Lanuéjols, ce jeudi 8 mai, autour des 80 ans de la capitulation de l'Allemagne nazie, en présence du préfet du Gard, Jérôme Bonet. Une cérémonie marquée par le baptême de l'école du nom de Georges Valézi, résistant du village tombé, avec 33 autres maquisards, sous les balles allemandes à La Parade (sur le causse Méjean) le 28 mai 1944.
Labellisée par la Mission Libération, qui a accompagné les commémorations des 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie, celle de Lanuéjols a été, ce jeudi 8 mai, un mélange d'émotion et de recueillement, un lien entre passé et avenir puisque la mémoire a donné un nom à l'école de la commune. Le Chant du départ, La Marseillaise ou encore Nuit et Brouillard, de Jean Ferrat, résonnent dans le village avant que ne commence la diffusion Bir-Hakeim, le maquis des Patriotes, dans la salle commune.
Un préalable à la commémoration proprement dite, en présence de militaires du 2e Régiment étranger d'infanterie de Nîmes, d'un responsable de l'armée de l'air de Salon-De-Provence, des pompiers et, surtout, du préfet du Gard, Jérôme Bonet, qui n'avait pas pu venir à la commémoration de 2024 et avait demandé à ce que celle de 2025 soit mise en fin de journée, afin de pouvoir y participer après Nîmes et Alès. Entre-temps, cette année, il a reçu le conseil municipal des jeunes de la commune dans les locaux de la préfecture, promesse faite à l'été dernier, lors de sa visite du village (relire ici).
Après la Complainte du Partisan, chantée par la chorale Allez on chante, de Camprieu, le maire, Alexandre Vigne, a pris la parole pour souligner "l'unanimité nécessaire du devoir de mémoire". D'où la décision d'être labellisé par la Mission Libération, parce que "malgré le temps qui passe, nous étions convaincus de devoir continuer à honorer la mémoire de ceux qui sont morts au combat", justifie Alexandre Vigne.
Le maire de Lanuéjols a ensuite évoqué les jeunes, qui reprendront le flambeau de la nation. "Pour cela, nous devons les armer pour qu'ils puissent faire face à ce monde qui devient de plus en plus difficile, voire inquiétant. Les armer, mais par l'éducation, par l'école, par la connaissance de l'histoire et de la culture pour qu'ils soient en capacité de penser librement par eux-mêmes, en capacité de décider et de s'investir pour le bien commun". Sachant que la mémoire de Georges Valézi allait être particulièrement honorée, le président de l'association du maquis de Bir-Hakeim s'est inscrit dans la même démarche. "La mémoire de Georges Valézi est sans aucun doute inspirante et porteuse de valeurs pour nos jeunes", a-t-il écrit.
La poignée d'élus du conseil municipal des jeunes, forcément intimidée, a justement manié ces valeurs durant deux ans. Et a participé à cette première partie de la cérémonie en lisant Ce Cœur qui haïssait la guerre, de Robert Desnos. Après lecture du message de la ministre déléguée aux anciens combattants, Patricia Miralles, les participants et la centaine de personnes venue se recueillir se sont dirigées, menées par les artistes Jean-Luc Cohen-Rimbaud et Laurent Borel, vers l'école qui n'avait pas encore officiellement reçu de nom.
Un élu du conseil municipal des jeunes a raconté comment avait été choisi le nom du Résistant Georges Valézi pour l'école, après vote des habitants. Né à Bayonne en 1905, Georges Valézi est formé à Saint-Cyr avant de servir dans un régiment de tirailleurs marocains. Fin 1940, il est placé en congé d'Armistice et rejoint son père, à Lanuéjols, qui avait été maire du village jusqu'en 1939. En tant que capitaine Brun, il rejoint l'armée secrète des Cévennes, est à la tête d'une dizaine d'hommes à Camprieu, et intègre finalement le maquis Bir-Hakeim, en avril 1944. Le 28 mai de la même année, alors que les maquisards se sont scindés trois jours avant pour rejoindre La Parade, leur repère est attaqué par les Allemands.
"Ce n'est pas seulement une commémoration mais un moment de transmission"
Jérôme Bonet, préfet du Gard
Georges Valézi décide d'évacuer la Borie qui leur servait d'abri, alors que les combats font rage et que l'enfermement les guette. Il tombe sous les rafales d'une mitrailleuse allemande. Blessé, il encourage ses camarades à poursuivre, ce qui sauvera la vie d'un certain nombre d'entre eux, non sans avoir préalablement demandé "une balle" à ses camarades pour ne pas être pris par les Allemands. Il est inhumé, avec 24 de ses camarades, dans la nécropole nationale de Chasseneuil-sur-Bonnieure, en Charente (lire encadré).
"Tu étais resté près de 80 ans dans l'indifférence de nos mémoires, a salué Alexandre Vigne. Tant que ce bâtiment sera une école, les enfants sauront qui tu es, Georges Valézi", s'est réjoui le maire, qui s'apprête à emmener, lors du week-end de Pentecôte, son conseil municipal des jeunes à Chasseneuil-sur-Bonnieure, ce qui sera le point final de cette commémoration de deux années. "Je suis heureux de voir comment la labellisation a pu participer à la mémoire, a félicité le préfet du Gard, Jérôme Bonet. Ce n'est pas seulement une commémoration, mais un moment de transmission."
Transmission jusqu'au dépôt d'un bouquet d'iris par un descendant de Georges Valézi, qui habite désormais Avèze, et participait au baptême, très ému. En fin de cérémonie, visiblement âgée, une certaine Bernadette est venue lui parler. "Je me rappelle que votre ancêtre était grand, il me portait pour me faire toucher le plafond." Âgée de 85 ans, Bernadette Causse-Desclos glisse une autre anecdote, prouvant même que les souvenirs de cette époque dramatique sont sans doute inscrits plus que d'autres dans l'âme humaine de ceux qui l'ont vécue. "Je me souviens qu'on disait, aussi 'Ce Valézi, des fois, on le voit, et des fois, on ne le voit pas'...
Maquis de Bir-Hakeim : 61 morts en deux jours
Le président de l'association du maquis l'a souligné dans le texte envoyé en mairie de Lanuéjols : "Le maquis Bir-Hakeim est fort de son audace mais, aussi, de la diversité de ses origines, unis dans la volonté de libérer notre pays". Car, aux côtés des combattants français, figuraient des républicains espagnols, des Allemands qui avaient fui le nazisme. Ou encore trois Belges, et même un Tchécoslovaque et un Yougoslave.
Du nom de la première bataille où s'illustrent les Forces françaises libres lors de la Seconde guerre mondiale, entre le 27 mai et le 11 juiin 1942, dans le désert lybien, le maquis tombe deux ans plus tard, presque jour pour jour.
À La Parade sur le causse Méjean, 34 maquisards sont morts le jour de l'assaut, dont Georges Valézi. Le lendemain, 27 autres, qui avaient été faits prisonniers, ont été fusillés dans le ravin de la Tourette, entre Mende et Villefort (dont deux sont restés inconnus...). Une quinzaine de rescapés ont été recensés, notamment grâce à la percée entamée par Georges Valézi le jour de l'attaque allemande.