Charlotte Piereschi dit entendre, parfois, cette histoire dix fois par jour, entre sa boutique et l'extérieur. "À beaucoup des femmes qui ont eu un cancer du sein, des oncologues disent 'Maintenant, vous enlevez les baleines'. En appuyant au bas de seins, les baleines présentent un risque. Pourquoi cette présentation n'est pas faite aux femmes ?" Le discours est revendicatif, et la créatrice de la boutique les Culottes de Charlotte, à Lasalle (*), étaye son discours, elle qui produit des sous-vêtements et vêtements sans armature ni élastique, mais qui ne perdent pas leur maintien pour autant. 

"Un soutien-gorge s'accroche par derrière parce que des hommes ont décidé, en suivant l'exemple du corset, qu'il se fermerait par derrière." En faisant fi du volet pratique et confort féminin. Cela fait donc quelques années que Charlotte Piereschi met sa production en adéquation avec ce qu'elle défend, à travers une gamme qui s'adapte au corps des femmes et à leur bien-être. Et même des hommes, puisque des caleçons se sont ajoutés aux réalisations féminines. 

Ce mercredi 30 juillet, à partir de 20 heures, c'est les fesses au chaud et la tête haute que les mannequins d'un jour de Charlotte exhiberont 25 modèles. "Je leur ai fait choisir ce qu'ils voudraient pour eux." Il n'y aura, donc, pas que des culottes mais aussi "des tee-shirts, des crops avec jupe, etc." Car Charlotte ne se limite plus aux culottes, et porte désormais son inspiration et ses couleurs sur d'autres formats. "J'avais commencé avec une série de sous-pulls, confortables en jersey. Et puis, mes deux collègues me forcent un peu à montrer des vêtements...", sourit la créatrice en cherchant les yeux de l'une d'entre elles. 

Car l'artisane se meut peu à peu en entreprise. Sarah Goliard n'était déjà pas bien loin de Charlotte, en assurant toutes les photographies du site (à retrouver ici et ici). Elle développe désormais tout ce qui est communication en ligne. Marion Lefebvre est, au départ, "venue aider. On se connaît du village. Elle est plus pragmatique et plus ordonnée que moi. À côté, je peux faire l'artiste, rigole Charlotte. On a trois énergies différentes qui marchent bien ensemble." 

"Mon challenge reste de convaincre les femmes d'être elles-mêmes. Les marques restent dans des modèles où tout est 'photoshopé'", poursuit Charlotte Piereschi, dont les mannequins sont simplement issus de la société civile, avec leurs charmes et leurs défauts. Accompagnée de ses deux acolytes, elle souhaite aussi, à terme, utiliser du fil produit en Cévennes, lâcher le coton, et pouvoir remplacer l'élasthane qu'elle est forcée d'utiliser. "Ce sera plus compliqué..., avoue-t-elle. Mais je crois profondément dans ce projet. Après, est-ce que je vais y arriver ?" 

The Défilé des Culottés, mercredi 30 juillet à 20 heures, au cours du marché artisanal de Lasalle

(*) Objectif Gard lui avait rendu visite en novembre 2022, l'article est à retrouver ici