Publié il y a 8 jours - Mise à jour le 08.03.2025 - Romain Fiore - 6 min  - vu 297 fois

L'INTERVIEW Jeffrey Assoumin : "L'OAC a respecté sa parole en me gardant malgré mes blessures"

Jeffrey Assoumin OAC

Jeffrey Assoumin est revenu après une lourde rechute. 

- D.R.

Absent des terrains pendant un an et demi après une rupture des ligaments croisés et une rechute, Jeffrey Assoumin est enfin de retour à l'Olympique d'Alès en Cévennes. Il a même disputé l'intégralité de son premier match pour son retour face à Aigues-Mortes. Une leçon de persévérance et d'humilité. 

Objectif Gard : Pour ceux qui ne vous connaissent pas bien, pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Jeffrey Assoumin : J’ai commencé à Montpellier à 14 ans, en étant milieu défensif jusqu’en -18 ans. Puis un coach m’a replacé latéral droit et à partir de là, j’ai mixé et fait des saisons aux deux postes. De Montpellier, je garde de très bons souvenirs. Ce qui m’a manqué, c'était de faire une rentrée en Ligue 1, ça aurait pu changer les choses. Au final, je ne regrette pas tellement. J’avais eu Jean Fernandez les six premiers mois où c’était plus compliqué, je n'étais pas trop considéré. Après, avec l’arrivée de Rolland Courbis, j’ai fait plus de banc et j’étais plus considéré. À Montpellier, j'ai fait une dizaine de bancs en L1 mais je ne suis jamais rentré. J’ai encore des contacts avec Rémy Cabella et Bryan Dabo.

Quelle est la différence avec un groupe professionnel ?

Le groupe pro, la différence, c'est l’intensité. Ça a l’air lent sur certains moments, mais quand ça décide d’accélérer dans les zones clés, c'est là qu’il faut avoir vu avant. Il vaut mieux avoir décidé ce qu'on veut faire avant, sinon on est perdu.

Quelle fut la suite de votre aventure ?

Après cette année dans le groupe pro à Montpellier, j’étais en fin de contrat. J’avais deux années en option, mais je n'ai pas été prolongé. Du coup, j'étais en chômage jusqu’en septembre, j’ai fait la reprise avec Nîmes pendant dix jours en Ligue 2, mais ça ne l’a pas fait. J’avais fait un essai au CA Bastia, ça a pas marché non plus. Du coup, je suis resté au chômage jusqu’en septembre, il y avait Sète à côté en N2, j'ai signé là-bas car je voulais jouer, il me fallait jouer à 21 ans. J’ai également connu Béziers, Marignane et les Herbiers qui venaient de faire la finale de Coupe de France face au PSG. J’y suis resté trois ans, avant qu’une nouvelle direction décide de changement. J’aurais pu rester un peu plus longtemps tant la vie était agréable là-bas.

Comment êtes-vous arrivé à l’OAC ?

L’OAC avait eu mon profil sur la table. Comme je connaissais Yann Djabou de Montpellier qui était capitaine à ce moment-là à Alès, je lui ai demandé s'ils recrutaient à mon poste. Il a parlé de moi au coach Saurat à l’époque, et ça s’est fait assez rapidement. La première année, j'ai évolué en National 2, j’ai participé à 30 matchs dont 29 en tant que titulaire. Une saison assez pleine, même si elle était particulière avec les points de retrait qu’on a eus, le changement de coach... Mais on a réussi à se sauver, c’était une belle saison.

Jeffrey Assoumin OAC
Face au Puy en Velay en 2023, Jeffrey Assoumin avait réalisé une première saison remarquable avec 30 matchs dont 29 titularisations.  • photo d'archives D.R.

La saison suivante s’est très vite finie pour vous...

Exactement. Au second match, face à Grasse, sur mon premier ballon, j’ai voulu intervenir sur un contact, je prends un coup au niveau du genou et comme c’était sur un terrain synthétique, mon pied est resté fixé. J'ai eu une rotation du genou. Je n'avais jamais eu cette sensation un peu bizarre d’instabilité. Je n'avais pas vraiment mal, je suis revenu sur le terrain au bout de quelques minutes. Je me sentais bizarre, mais ça allait. Et sur une passe, je me suis effondré parce que je n'avais pas de stabilité.

Une rééducation, puis une rechute

Comment s’est passée votre rééducation ?

J’ai été opéré 19 jours après à Montpellier. Ça s’est bien passé, j’avais très peu de douleurs Le médecin m’avait donné un protocole, je devais attendre deux à trois mois avant la reprise de la course et avec le ballon pas avant six mois. Pour reprendre la compétition, c'était entre six et neuf mois d’attente. Tout le long de la convalescence, je n'avais jamais eu de douleurs. J’avais l’aval du kiné et du médecin, j’ai donc commencé sans contact. Au bout de quatre semaines d’entraînement, sur un appui anodin, je sens un "crac" dans le même genou, que je n'avais pas entendu la première fois. J’avais pas mal, mais le bruit n'était pas anodin.

Comment vous avez géré cette rechute ?

J’ai fait une IRM trois jours plus tard, le ligament était bien abîmé, le chirurgien a dit qu'il fallait à nouveau opérer. Cette fois-ci, c’était encore mieux, j’ai eu zéro douleur, pas besoin de médicament, et je suis passé par le même protocole de rééducation.

Jeffrey Assoumin OAC
De retour à l'entraînement depuis le début de l'année 2025, le joueur aura rongé son frein pendant un long moment. • photo d'archives D.R.

Mentalement, comment avez-vous rebondi ?

Juste avant la rechute, je voyais le bout du tunnel. Et vu la situation du club, je pensais pouvoir apporter quelque chose. Mais le fait de rechuter, en étant en plus en fin de contrat, ça fout un coup. Autant la première fois, ce sont les aléas. Mais la deuxième fois... J’ai eu aucun doute d’arrêter car j’ai vu que je n'avais pas tant perdu que ça au niveau de mon football. Donc la deuxième fois, je me suis que je pourrais rejouer.

"Dès que j’étais apte, on s’est revu pour que je signe ma licence, ils ont tenu leur parole"

Jeffrey Assoumin

Comment avez-vous accompagné vos coéquipiers ?

J’étais à l’intérieur du groupe parce que je venais à l’entraînement et dans les vestiaires, mais j’étais aussi à l’extérieur car j’étais dans les tribunes. Je me sentais toujours comme un joueur de l’équipe.

Qui vous a soutenu durant cette période ?

Des supporters prenaient de mes nouvelles sur les réseaux, les joueurs de l’équipe aussi. J'ai eu aussi pas mal de soutien du staff. 

Jeffrey Assoumin OAC
Sur la droite de la photo avec le numéro 14 sur le maillot, Jeffrey Assoumin aura tout connu à l'OAC. • D.R.

Quelle est votre situation actuelle avec le club ?

Je suis sans contrat, mais j’ai une licence. J’ai des défraiements de déplacement, mais je suis payé par pôle emploi. À la fin de ma première blessure, j’ai eu une discussion avec Philippe Mallaroni et Jean-Marie Pasqualetti qui me disaient qu'on allait se voir pour prolonger mon contrat. Ensuite je me suis blessé. Ils m’ont directement dit que je restais faire ma rééducation ici, et que dès que je serais apte à rejouer, je serais de nouveau dans le groupe. Ça a vraiment été cool. Ils n'étaient pas obligés de faire quoi que ce soit. Au final, ils ont respecté ce qu’ils avaient dit. Dès que j’ai été apte, on s’est revu pour que je signe ma licence, ils ont tenu leur parole.

Le grand retour à la compétition 

Racontez-nous votre premier match de retour après un an et demi d’absence.

Mon premier match, j’étais un peu frustré que ce soit sur un synthétique, car je m’étais blessé sur cette surface. Je ne pensais pas pouvoir tenir aussi longtemps, et au final j'ai fait les 90 minutes. Tout s’est bien passé, et en plus on gagne ! Le week-end d’après, j'intègre le groupe, mais le match est reporté à cause de la pluie. Donc le lendemain, je retourne avec la réserve contre Aimargues, je fais encore 90 minutes. Je pense que je suis prêt à enchainer les matchs. 

Avez-vous des objectifs pour cette fin de saison ?

Personnellement pas vraiment d’objectif, je veux juste enchaîner les matchs, retrouver la joie de jouer, et essayer d’aller gagner à l’extérieur. C’est ce qui nous a fait défaut cette saison. On est pratiquement intraitable à domicile. 

Quels joueurs d’expérience aide le collectif ?

Je pense surtout à Yohan Mollo. Dans la communication, il apporte beaucoup. Le fait d’avoir quelqu’un qui donne de la voix, ça rassure, on sait ce qu’on fait, c’est important d’avoir des gens qui parlent sur toutes les lignes du terrain.

Jeffrey Assoumin OAC
Arrivé en 2023, le latéral est de retour à son poste.  • photo d'archives D.R.

Un retour sur votre match face à Aigues-Mortes ?

Tout n’était pas parfait contre Aigues-Mortes, on a vu qu’ils nous ont posés pas mal de difficulté notamment dans le jeu. Défensivement, on a l’air assez solide, il faut répéter ça sur la continuité. Offensivement, on a vu qu’on peut faire mal à tout moment. En fin de match, on a vu que physiquement on était devant. Défensivement, on peut faire quelque chose de bien. Puis devant, avec la qualité qu’on a et le retour des blessés, il y a moyen de se rendre la fin de saison plus excitante.

Comment se passe la relation avec Jean-Marie Pasqualetti, vous qui l’avez eu en tant que dirigeant puis coach ?

Quand il était dirigeant, on ne le côtoyait pas beaucoup, il y avait une certaine distance. Le fait de le voir passer coach ça fait bizarre, on met une autre forme de distance. C’est particulier de le tutoyer désormais. Il apporte quelque chose de différent que le coach Malek. Il essaye de régler les sauts de concentration. Certains, des fois, pouvaient déconnecter à l’entraînement. Avec lui, il y a moins de temps d’arrêt, plus de rythme. C’est peut-être ça qui peut nous permettre de rester concentré.

Quel est votre avenir au sein du club ?

Ça va dépendre de comment je finis la saison, on n'avait aucune certitude de quel niveau j'allais avoir. Pour le moment, on ne sait pas, on fera un point au bout de cinq-six matchs. On a toujours envie de jouer plus haut, mais après un an et demi sans jouer, je ne peux pas prétendre à retrouver tout de suite la National 2. Il faut que j’ai le niveau sur les dix derniers matchs de N3. Je trouve qu’ils ont confiance en moi, ils ont toujours montré qu’ils avaient confiance. Déjà le fait de me garder c’est un joli signe. À mon âge, il ne me reste pas énormément d’année, j’ai 32 ans, je suis plus sur la fin que sur le début.

Romain Fiore

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