Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 28.02.2024 - Yannick Pons - 4 min  - vu 688 fois

L'INTERVIEW Katy Guyot : « Les agriculteurs doivent être à la fois agronomes, météorologues, producteurs, commerciaux… »

Katy Guyot

- Photo Yannick Pons

Katy Guyot, fonctionnaire territoriale, a toujours été au service de l’intérêt général, c’est son moteur. Cette Vauverdoise « depuis toujours », a fait ses classes et sa carrière dans la communication, de l’office du tourisme de Vauvert au service de presse de Georges Frêche.

C'est l’aménagement du territoire qui la passionne particulièrement. Qu’il pleuve ou qu’il vente, elle occupe le terrain, à la rencontre des acteurs du territoire, des professionnels et des habitants. Aujourd’hui, elle cumule plusieurs mandats : 1ʳᵉ adjointe à la mairie de Vauvert, élue à la Communauté de communes de petite Camargue (CCPC) et conseillère régionale. Trois mandats qui tournent autour de la transition écologique, de l’agriculture et de la gestion des déchets.

Objectif Gard : À la région Occitanie, vous êtes conseillère régionale déléguée au plan Camargue et vous faites partie des commissions « urgence climatique, Méditerranée et agriculture ». En quoi cela consiste-t-il ?

Katy Guyot : Je suis particulièrement attachée à la question agricole. Il faut être très intelligent pour être agriculteur, ce métier demande beaucoup d’expérience et de compétences. Les agriculteurs doivent être à la fois agronomes, météorologues, producteurs, agents marketing, commerciaux, communicants, experts administratifs... Ils développent une énergie considérable qui me rend admirative, c’est la raison pour laquelle je les soutiens depuis toujours. Il ne faut pas oublier les pêcheurs du Grau-du-Roi. Des personnalités comme Paul Gros ont des choses à dire, il faudrait les écouter plus souvent !

Vous êtes élue à la Communauté de communes de petite Camargue (CCPC) déléguée à l’Environnement et à la gestion de déchets, sujet d’aujourd’hui et de demain, comment l’appréhendez-vous ?

Les coûts de traitement des déchets explosent et nous étudions toutes les pistes dans le but de faire des économies. Un nouveau marché prend effet le 1ᵉʳ mars à la CCPC. Si la société Océan reste notre prestataire, désormais la collecte à Vauvert aura lieu le matin et non le soir. C’est plus facile lors des manifestations taurines. Par exemple, on peut fermer les rues le soir pour les abrivados. Et puis, la collecte du lundi soir posait un problème. Dès le samedi, on pouvait trouver des poubelles dans la rue, qui restaient jusqu’au lundi soir ! Dans l’hypercentre, ce sera le matin entre 5 h et 7 h. De plus, on modernise le fonctionnement des déchèteries, avec le QR code et les roll-packs pour écraser les déchets dans nos bennes et limiter le coût des transports. Et on met en œuvre la sortie des biodéchets avec les composteurs individuels et collectifs. À Vauvert, nous comptons quatre stations de compostage collectif qui collectent les déchets verts. Une action à l’initiative des habitants, que nous avons soutenue. Ce n’est pas évident de gérer un composteur quand on habite dans un appartement. J’étudie plusieurs solutions, notamment celle du lombricompostage (ou vermicompostage), qui permet de transformer les déchets de cuisine grâce à des lombrics, en un engrais liquide organique, écologique. Il permet le compostage en intérieur. Sans odeur, le procédé assure une décomposition rapide.

Vous êtes également adjointe à la mairie de Vauvert, déléguée à la Transition écologique, à l’agriculture et aux mobilités. Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Un projet qui me tient particulièrement à cœur, c’est le plan 1 000 arbres. Nous avons créé deux jardins publics, nous plantons des arbres dans les écoles, nous avons l’opération « J’adopte un arbre », nous encourageons les Vauverdois à végétaliser les rues. Mais à quoi bon planter des arbres pour les laisser partir en fumée comme les 160 hectares détruits par l’incendie de 2019 ?

« À quoi bon planter des arbres pour les laisser partir en fumée comme les 160 hectares détruits par l’incendie de 2019 ? »

Katy Guyot

Ainsi, nous voulons créer une forêt communale afin de protéger nos bois et nous travaillons pour cela avec la COFOR (Collectivités forestières de France) et la SAFER sur 250 hectares boisés situés à proximité des zones urbaines. Nous associons les 180 propriétaires et ceux qui seront volontaires pourront entrer dans l’association que nous créerons pour gérer ensemble ce patrimoine en le débroussaillant pour le protéger. Et puis, il y a un grand plan sur les mobilités que nous présentons actuellement aux Vauverdois, quartier par quartier et qui va bousculer notre façon de vivre la mobilité en ville. Nous donnons la priorité aux piétons, aux vélos, à la sécurité. 

C'est la raison pour laquelle vous intégrez des réseaux comme l'Ademe ?

Mais c’est difficile, la tâche est complexe. On subit de nombreuses contraintes comme les obligations du SCOT, la protection des zones inondables, des espèces protégées, la loi littoral, la loi zéro artificialisation nette (ZAN)… Dans les petites communes et les petites communautés de communes, nous n’avons pas l’ingénierie dont disposent les agglos. En effet, nous devons essayer de rejoindre des réseaux qui nous permettent d’échanger, d’apprendre. Ainsi, j’ai intégré le réseau « Élus pour agir » de l’Ademe qui nous permet de bénéficier de conseils de cadres spécialisés, d’échanges entre collectivités. On se retrouve entre élus et techniciens, on échange et on avance. 

« J’ai trouvé que c’était injuste que l’on me prive de ce combat contre Nicolas Meizonnet (RN) pour des arrangements politiciens qui se sont avérés perdants »

Katy Guyot

La CCPC adhère aussi à l’entente départementale pour le traitement des déchets. Quasiment toutes les intercommunalités gardoises en font partie. Là aussi, on se rencontre régulièrement pour échanger nos expériences. Grandes agglos ou petites intercommunalités cévenoles, toutes innovent, recherchent le meilleur service au meilleur coût.

Vous avez renoncé en 2022 à vous présenter aux élections législatives dans la 2ᵉ circonscription du Gard, par suite de l’entrée de votre parti, le PS, dans la Nupes. Est-ce que vous préparez un retour à la politique ces prochaines années ?

J’ai trouvé que c’était injuste que l’on me prive de ce combat contre Nicolas Meizonnet (RN) pour des arrangements politiciens qui se sont avérés perdants. Nicolas Meizonnet était affaibli après les départementales. On l’a remis en selle. On a fait du dogmatique, tout ce qu’il ne faut pas faire en politique. Je suis pragmatique, j’ai de vraies divergences avec La France insoumise. Ce qui s’est passé m’a donné raison, la Nupes est morte. Je n’ai pas encore réfléchi à mon avenir politique. Pour l’instant, je me consacre à mes trois mandats. La tâche est considérable.

Yannick Pons

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