Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 13.09.2022 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 956 fois

L’INTERVIEW Le responsable du syndicat Sud, Nicolas Nadal : « Les pompiers sont épuisés et en colère !  »

Nicolas NadalNicolas Nadal : "Il y a une surcollicitaion des personnesl..." Photo : Philippe Gavillet de Peney/Obejectif agrrd)

Entre 200 et 300 pompiers sont attendus ce matin devant la préfecture... (Photo d'illustration : Coralie Mollaret)

Après une intense saison feux de forêt, les pompiers manifestent ce matin devant la préfecture. Au cœur de leurs revendications : des moyens financiers supplémentaires de la part de l'État. Entretien avec le responsable du syndicat Sud, Nicolas Nadal.  

Objectif Gard : Vous sortez d’une saison "feux de forêt" particulièrement intense. Comment va le moral des pompiers gardois ? 

Nicolas Nadal : Les sapeurs-pompiers pompiers du Gard ont été énormément sollicités pour lutter contre les incendies, et maintenant pour les inondations. Ces épisodes particuliers s'ajoutent aux interventions du quotidien, notamment le secours à personne. Les pompiers sont satisfaits du devoir accompli mais épuisés et en colère. En effet, cela fait plusieurs années que nous demandons à repenser le système de la Sécurité civile en recrutant des sapeurs-pompiers professionnels et en augmentant les moyens matériels pour faire face à l’évolution sociale et climatique.

De juin à fin août, plus de 1 700 feux ont éclaté dans le département, brûlant 2 000 hectares. Pour vous, cette saison est-elle un tournant dans le dérèglement climatique ? 

Je crois que personne ne peut le nier. Ça fait plusieurs années que nous vivons des catastrophes naturelles qui se répètent : feux de forêt partout sur le territoire, inondations, tornades… Mais aussi des sollicitations importantes des moyens des sapeurs-pompiers pour palier un effondrement de notre système de santé !

Le colonel Langlais a indiqué que le Sdis (*) a parfois eu « chaud aux fesses », c’est-à-dire qu’il y aurait eu des jours où la totalité des forces étaient engagées. S’il s’était passé quelque chose à ce moment-là, personne n’aurait pu intervenir. Quel regard portez-vous sur ce constat ? 

Ce constat, ça fait un moment que nous le déplorons aussi. L'État s'est désengagé vis-à-vis des sapeurs-pompiers et des collectivités. Il n’a pas anticipé des catastrophes climatiques et sociales pourtant annoncées par tous les spécialistes. Il est temps d'agir et nous espérons rencontrer la préfète pour lui faire part de notre mécontentement. Le Président Emmanuel Macron a été capable d'un "quoi qu'il en coûte" de la santé... N'a-t-il pas oublié les sapeurs-pompiers ?

Vous organisez ce matin un moment de grève que vous annoncez détonnant. Quelles sont vos revendications ? 

Nous demandons à l'État des moyens à la hauteur des enjeux de demain. Nos collègues du Rhône, de l'Ardèche, des Bouches-du-Rhône ou de l'Isère sont également présents à nos côtés car le manque d’effectifs professionnels et de matériel est un problème national. Nous espérons que d'autres départements emboîteront le pas. Plus précisément pour le Gard, nous demandons à ce que le directeur tienne parole : il a signé un protocole d'accord le 3 mai sur le recrutement. Il ne l'a pas tenu et comptait filer à l’anglaise, si j'en crois votre article qui annonce son départ.

Le sénateur Les Républicains Laurent Burgoa souhaite un débat sur la sécurité nationale avec des aides débloquées par l’État. Êtes-vous en phase avec lui ? 

Oui, nous sommes en phase avec le sénateur Burgoa, qui s'est rendu au Sdis il y a quelques jours. Il sait l'importance des besoins des pompiers pour l'avenir. Nous sommes également ravis de voir que le sénateur Denis Bouad, le conseiller départemental Vincent Bouget ainsi que le conseiller départemental Richard Tiberino et le secrétaire fédéral du Parti socialiste, Arnaud Bord, soutiennent notre mouvement. Les enjeux de la Sécurité civile et du service public sont les enjeux de tous, indépendamment de l'appartenance politique.

Enfin, le colonel Langlais devrait partir à la retraite en novembre. Qu’attendez-vous de votre prochain directeur ? 

Le fonctionnement des Sdis fait que les directeurs sont actuellement de passage. Leurs mandats sont assez courts, entre 3 et 5 ans. Ils cherchent non plus à mettre en place une politique départementale mais à briller auprès de la préfecture, de l'État. Nous espérons que le prochain aura un attachement particulier et sincère à notre département. Nous aimerions aussi qu'il imagine le Sdis de demain dans un dialogue social apaisé.

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com

* Service départemental d'incendie et de secours. 

Coralie Mollaret

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