Publié il y a 1 an - Mise à jour le 15.08.2022 - noemie-meger - 4 min  - vu 859 fois

LUNDI ÉCO Château de Nages : l'évolution en marche depuis deux générations

Certifié bio depuis dix ans, le Château de Nages est actuellement en conversion vers une agriculture régénératrice. © Famille Gassier

Dans son caveau, le Château commercialise ses différents gammes : « Liberty », « Gourmandi », « Héritage », « JT » et « Vox » en blanc, rosé et rouge. © Famille Gassier

Chaque lundi du mois d'août, Objectif Gard vous propose de découvrir l'histoire d'une entreprise phare du département. Une entreprise familiale où chaque génération apporte sa pierre à l’édifice. Loin de l’image parfois figée de certains domaines viticoles, le Château de Nages et son dirigeant, Michel Gassier, aiment l’innovation. Et cela se sent ! Un article que vous avez pu lire dans le numéro 44 d'Objectif Gard le magazine. 

Fondée par le patriarche Joseph Torrès, qui a acheté le domaine situé aux abords de Caissargues en 1942, l'entreprise familiale a fortement évolué ces dernières années. Alors que les trois premières générations avaient toujours été des arboriculteurs et des viticulteurs, l'actuel propriétaire du domaine, Michel Gassier, et son frère Bertrand, qui gère la division "fruits", ont d'abord chamboulé l'organisation et le fonctionnement du domaine.

« Mon père vendait encore nos fruits et notre vin en vrac à des organismes qui étaient chargés de les conditionner et de les commercialiser, décrit le vigneron de 61 ans, l'œil pétillant, dans son nouveau caveau. Mais lorsque Bertrand et moi sommes rentrés dans l'entreprise, en 1993, après des expériences professionnelles dans la grande distribution, pour lui, et dans la vente et le marketing sur la côte est des États-Unis pendant 10 ans me concernant, nous avons intégré la dimension commerciale. Nous commercialisons même aujourd'hui pour d'autres producteurs. »

Cap sur l’export

Structurée autour d'un directeur commercial, de plusieurs commerciaux de terrain et d'animateurs de vins, cette nouvelle division permet aujourd'hui d'écouler les fruits du domaine en grande distribution et le vin du Château chez un réseau de cavistes, en vente directe et sur Internet. Dans le même temps, les deux frères ont entamé la mutation numérique de l'entreprise en recrutant de jeunes profils pour développer la communication et les ventes sur le Web.

« Nous avons ainsi développé l'exportation qui atteint désormais 80% de notre chiffre d'affaires contre 100% de nos ventes en France auparavant, précise Michel Gassier. Nous sommes aujourd'hui très implantés aux États-Unis et au Canada, et assez bien en Europe. Mais nous cherchons désormais à étoffer notre force commerciale pour nous développer en Angleterre et en Asie ; deux marchés importants pour le vin français. »

Sous leur impulsion, les deux frères ont pratiquement doublé la production familiale, tout en obtenant leur certification bio, il y a déjà dix ans. Mais ce maillon songe aujourd'hui à laisser progressivement la main à la future génération.« Chacun des deux frères avait son territoire d'expression dans lequel nous nous sommes épanouis et nous encourageons maintenant nos enfants à contribuer à l'entreprise familiale avec un projet plutôt que de venir simplement y prendre une place... »

Michel Gassier a repris le domaine familial en 1993, tandis que son frère Bertrand prenait la tête de la division "fruits". © Famille Gassier

La révolution de la nouvelle génération

Et force est de constater que leurs enfants fourmillent à leur tour de projets, sous l'œil bienveillant de Michel et Bertrand. Dans la division "fruit" de ce dernier, les deux fils de Bertrand, Charles et Édouard ont ainsi lancé, il y a un an, la commercialisation de leur nouvelle division "Phyte" : des pressés de jus de fruits et de légumes frais, stabilisés sous ultra haute pression et vendus aux rayons frais. Cette pasteurisation physique permet d'éliminer les levures et les bactéries tout en conservant les vitamines et les arômes.

Vers une agriculture régénératrice

Côté vin, intégrée à l'entreprise depuis janvier 2022 après avoir travaillé auprès de vignerons californiens, Isabel, la benjamine du propriétaire, lance à son tour à 28 ans une nouvelle révolution du domaine en amorçant sa migration vers l'agriculture régénératrice. Un projet global qui devrait durer au moins dix ans. « Sans recette préétablie, il s'agit de chercher des synergies pour enrichir les sols en matière organique et améliorer la fertili- té naturelle en recréant de l'humus, pour retenir l'eau et les éléments minéraux, développe le vigneron. Concrètement, cette démarche passe par le choix d'espèces végétales non concurrentielles de la vigne pour recouvrir le sol et le protéger du réchauffement, ou l'entretien d'une population d'insectes en vue de nourrir des prédateurs naturels - chauves-souris notamment - des vers de grappe ou d'autres insectes ra- vageurs des vignes. »

Une démarche qui aura in fine des vertus « sur l'équilibre et la personnalité des vins, en renforçant l'expression unique de son terroir », pointe Michel Gassier, ravi de ce projet qu'il partage avec sa fille. Mais alors qu'il se prépare à passer la main, le propriétaire reste à l'écoute du marché du vin et des évolutions de sa consommation. « Alors que les baby-boomers vieillissent, les habitudes changent, notamment auprès des jeunes qui boivent moins ou des boissons moins fortes comme le montre le succès des cocktails ou de   la   bière,   explique-t-il. Il faut donc s'adresser à eux, en leur proposant des produits alternatifs, moins forts et plus sucrés, à base de vin. Pourquoi pas effervescents et en canette. », cogite encore le récoltant touche-à-tout.

Pierre Havez

Le château de Nages en quelques chiffres : Surface : 140 hectares de vignes et 103 hectares de vergers, dont 65 hectares de pêchers, 30 hectares d’abricotiers et 8 hectares de pommiers. Prix des bouteilles de 8,80 à 55euros. Effectifs : de 120 à 300 personnes selon les saisons. Production : 2 millions de bouteilles par an. Chiffre d'affaires : 8,3 millions d'euros. 

Retrouvez actuellement le numéro 47 d'Objectif Gard Le Magazine, en kiosque jusqu'au 2 septembre. Découvrez le sommaire ci-dessous :

Noémie Meger

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