NÎMES Mais qui sont les Gilets roses de la ZUP ?
Leur chasuble n’est pas jaune mais rose fluo. Une vingtaine de femmes de la Zup viennent de créer une brigade d’intervention citoyenne baptisée les "Gilets roses". Pour la fête nationale, elles organisent leur première action : un repas citoyen et festif ouvert à tous à Valdegour.
200 mètres de fanions et deux grands drapeaux tricolores ont été commandés. Un sera posé sur la scène et l’autre à côté des poêles à paella. Il ne reste plus qu’à acheter les ingrédients pour nourrir 500 personnes. Organisées, efficaces, mardi 5 juillet, une quinzaine de femmes se réunissent dans les locaux de la Maison de l’accompagnement scolaire, la MAS, de Valdegour. Elles vivent dans ce quartier de Nîmes ou celui de Pissevin. Elles sont mères voire grand-mères. Toutes portent, malgré la chaleur, une chasuble rose fluo. Sur le côté gauche est tracé un cœur bleu-blanc-rouge. Leur nom : les gilets roses.
Faire la fête ensemble
Leurs tenues flashy sont apparues lors du passage du Nîmes Urban Trail le 29 mai. Elles étaient présentes le 29 juin lors d’actions menées pour rapprocher la police de la population au centre social de Valdegour. Mais cette brigade d’intervention citoyenne organise le 14 juillet son premier évènement : un banquet républicain gratuit et ouvert à tous, pas seulement aux gens de Valdegour. « On veut faire la fête ensemble, lance Amina Benkhelouf-Segueg, directrice de la Maison de l’accompagnement scolaire de Valdegour. La date du 14 juillet marque l’adhésion de la République aux droits de l’Homme et le refus de tous les despotismes. On veut réconcilier avec l’image de la nation, communier ensemble. »
Un banquet musical et festif
Le banquet se tiendra sur la terrasse du centre social Simone-Veil. La soirée débutera vers 18h. Une chanteuse lyrique et l’association les Volques chanteront la Marseillaise et des chansons du répertoire français. De 21h à 1h du matin, le chanteur Mouhcine prendra le relais pour interpréter des chansons du répertoire maghrébin. Le groupe Alegria fera des démonstrations de danse. L’association Unique proposera des ateliers pour enfants. L’association Aux fils d’or préparera le repas avec les gilets roses. L’État finance cette action dans le cadre du dispositif quartiers d’été 2022.
Des gilets roses soutenues par l’État
L’idée des gilets roses a émergé suite à des fugues de mineurs mais aussi en raison des difficultés rencontrées avec les transports scolaires qui avaient été supprimés après des incivilités. C’est Stéphanie Merah, ancienne présidente de la MAS qui coordonne les Gilets roses. Elle a suivi un DU "valeurs et laïcité" à Unîmes. Avec certaines mères, elle a fait un séjour à Paris pour découvrir les instances de la République.
De retour, elles ont échangé : que pouvaient-elles faire pour aider ? « Elles ont pensé à créer des gilets roses comme il en existe à Marseille ou Paris, raconte Amina. On a eu l’autorisation de la préfecture. » Mario Rodrigues-Vaz, délégué de la préfète pour les quartiers Pissevin et Valdegour, est convaincu de la nécessité que tout le monde agisse ensemble : « La réelle plus-value des gilets roses est d’intervenir auprès des publics qu’elles connaissent bien pour apaiser les relations conflictuelles qu’il peut y avoir. » Pour lui, ces femmes qui « apaisent et qui transmettent » sont un lien entre les habitants et les acteurs des collectivités locales.
Coup de main
« On veut donner un coup de main », résume une "gilet rose"" vêtue d’une ample robe verte. Elles occupent le terrain, informent, font de la médiation sociale. « Nous sommes déjà allées aux portes ouvertes au collège Jules-Verne. Les jeunes sont venus vers nous. On leur a demandé : est-ce que tu fais des bêtises ? Est-ce que tu as des bonnes notes ? », explique Embara. Elles aimeraient faire de la médiation sur les transports scolaires, parler aux jeunes qui mettent les pieds sur les sièges, la musique à fond ou qui caillassent les bus... Certaines ont déjà participé avec d’autres associations de mars à juillet 2022 à des actions de médiation avec Transdev dans les lignes de bus scolaire.
Parler aux jeunes
Un autre projet consistera à se rendre, par équipe, à la rencontre des jeunes qui traînent dans la rue. « On va leur demander : tu vas à l’école ? Pourquoi ne vas-tu pas à l’école ? », ajoute Farida. Le délégué du préfet reconnaît que, grâce à leurs associations, ces femmes connaissent bien les différents dispositifs existants, qu’elles pourront trouver des pistes pour les jeunes. Que ce soit pour les transports ou ailleurs, elles agiront en complémentarité avec les dispositifs qui existent déjà. Ces femmes connues dans leurs quartiers l’assurent : les jeunes les respectent. « J’ai déjà parlé avec des jeunes, raconte Farida. Si je dis un mot en arabe, ils me disent "oh pardon tata"". »
Sabrina Ranvier
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