Publié il y a 1 h - Mise à jour le 04.09.2025 - Yannick Pons - 5 min  - vu 63 fois

NÎMES Trois jours de mémoire et de cohésion au 2e REI

Le 2e régiment étranger d’infanterie a célébré hier le 122e anniversaire du combat d’El Moungar.
2e rei el moungar nimes (yp)

Les soldats du 2e REI

- Photo Yannick Pons

Ce mardi 2 septembre, près de 350 personnes se sont retrouvées à la caserne colonel de Chabrières, bien connue des Nîmois, située du côté de la route d’Uzès à Nîmes, pour une prise d’armes en hommage aux héros d'El Moungar.

Pendant trois jours, le 2ᵉ régiment étranger d’infanterie célèbre le 122e anniversaire du combat d’El Moungar. Lundi, le régiment a effectué une marche de 26 km jusqu’au Mas de Thérond. Une veillée a eu lieu dans la soirée et le lendemain matin. Sur place, Plusieurs légionnaires ont reçu un décret de naturalisation ou un galon de caporal-chef, et des départs ont été salués. Le retour s’est fait à la marche, au pas de course.

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Les soldats du 2e REI • Photo Yannick Pons

Consécration

Chaque année, militaires, familles et invités partagent un moment dédié à la mémoire de légionnaires tombés au combat au début du 20ᵉ siècle. Ainsi, mardi après-midi, la commémoration a été marquée par la consécration de la chapelle Saint Charles de Foucauld, officier, explorateur et prêtre canonisé par le pape François en 2022, en présence de Monseigneur de Romanet, évêque aux Armées, militaires et civils.

Les acteurs de la rénovation

 

  • Alexandre Autin – Rénovation architecturale

  • Pierre Baly – Entreprise générale

  • Capitaine Anthony – Gestion budgétaire

  • Padre Philippe – Aumônier

  • Fleur Nabert – Décoratrice d’intérieur

  • Ateliers Loire – Maître verrier

  • Ateliers Helbecque – Ébénisterie

  • Selé Nîmes – Taille de pierre

Des vitraux qui racontent l’événement d’El Moungar laissent désormais entrer la lumière sur le côté gauche de la bâtisse en rénovation depuis cinq ans. Les donateurs ont été remerciés et des coins, pièces frappées à l’effigie de Charles de Foucauld, ont été distribuées. Une exposition et plusieurs discours ont suivi, avant un mot du chef de corps.

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La chapelle Saint Charles de Foucauld • Photo Yannick Pons

La journée s’est poursuivie par une prise d’armes à 19 heures, avec l’honneur au drapeau et la revue des troupes effectuée par le général de division Valéry Putz, ancien chef de corps du régiment. Le récit de la bataille a rappelé la bravoure des soldats et l’importance de la mémoire. La journée s’est achevée par un cocktail dînatoire dans les Jardins de Saïda, moment de convivialité et de partage entre familles, invités et personnel militaire.

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Les soldats du 2e REI • Photo Yannick Pons

Jusqu'à mercredi, les commémorations se poursuivent par des épreuves sportives organisées au quartier colonel de Chabrières. Hyrox (course fitness), port de sacs de sable, retournement de pneus, suspension à la barre fixe, soulevé de terre et relais rythmeront ces deux journées. L’objectif est de renforcer l’esprit d’équipe et de rappeler que l’engagement du régiment passe aussi par l’effort physique.

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Le mulet Tapanar, mascotte du 2e REI • Photo Yannick Pons

El Moungar

Au début du siècle dernier, l’armée française pacifiait le Sud Oranais où régnait la plus grande insécurité. En particulier, la zone située en bordure de la frontière marocaine était parcourue par les bandes d’un chef redoutable nommé Bou Amama, lequel réunissait sous sa bannière plusieurs milliers de pillards.

A la fin du mois d’août 1903, la capitaine Vauchez commandant la compagnie montée du 2e régiment étranger, reçoit l’ordre de participer à la protection du convoi périodique destiné à ravitailler Banni Abbès, poste situé assez loin dans le Sud. Ce convoi comprenant au total 3 000 chameaux était fractionné en plusieurs échelons.

Le capitaine Vauchez avec sous ses ordres les 3e et 4e sections de la 22e compagnie renforcée par un peloton de 30 spahis, prend à son compte le 2e échelon composé de 572 chameaux chargés.

Le 2 septembre, vers 9 heures du matin, le convoi, étiré sur près de 2 km, débouche sur la plaine d’El Moungar, situé à environ 70 km de Colom Béchar. Une grande halte y est prescrite, la colonne étant en marche depuis 3 heures du matin. La compagnie forme les faisceaux, les mules sont entravées, puis chacun commence à s’affairer aux tâches habituelles après que les sentinelles aient été mises en place.

Soudain, plusieurs coups de feu sont tirés depuis un mouvement de terrain situé 600 m à l’Est. Les légionnaires courent aussitôt aux faisceaux et se mettent en formation de combat, cherchant à protéger les bêtes et leur chargement, les spahis se rangent à leur côté. Les dissidents, bientôt au nombre d’un millier, ouvrent un feu intense de toutes leurs armes, provoquant la débandade des chameaux et les premières pertes de la compagnie.

Le lieutenant Selchauhansen, jeune officier danois qui avait l’autorisation de servir à la Légion, commandait la 3e section, située le plus à l’Est et déjà très éprouvée par le feu adverse.

L’ennemi utilisant habilement le mouvement désordonné des chameaux affolés, essaye alors de déborder par le Sud dans le but d’encercler la position. Afin de dégager la compagnie, le lieutenant Selchauhansen lance une contre-attaque à la baïonnette en se plaçant à la tête des survivants de sa section. Les pertes sont rapidement importantes et le lieutenant tombe à son tour. Il interdit à ses hommes de lui porter secours, mais ces derniers se feront tuer sur son corps pour empêcher l’ennemi de venir le mutiler.

Le capitaine Vauchez s’élance en avant et fait charger la 4e section mais un tir très dense arrête l’élan des légionnaires qui subissent des pertes élevées. Le capitaine lui-même est blessé à la poitrine mais il continue d’assurer le commandement. Les dissidents, de plus en plus nombreux, parviennent alors à encercler presque complètement la position. Devant cette situation désespérée, le capitaine fait alors replier les survivants vers un ravin peu profond, position plus favorable, en se couvrant par des feux de salve, pendant que le sergent-major, aidé de quelques légionnaires valides, réussit à dégager les abords immédiats par une contre-attaque audacieuse.

Le capitaine Vauchez, décidé de se défendre jusqu’à la mort, organise la position. Il place au centre, les morts et les blessés très graves. Il fait échelonner à plat ventre des deux côtés du ravin les blessés en mesure de se servir de leurs armes, et répartit également des deux côtés le personnel encore valide. Il est plus de midi et les légionnaires se battent sous un soleil écrasant, sans n’avoir pu ni boire ni manger depuis le lever du jour.

Les dissidents continuent de s’infiltrer pour achever l’encerclement du détachement, profitant du moindre mouvement de terrain et des déplacements des chameaux livrés à eux-mêmes. Le feu continue, intense de leur part, mais plus judicieusement réglé chez les légionnaires dont les munitions s’épuisent. Le combat dure encore plusieurs heures sans que l’ennemi puisse entamer la position défendue par les légionnaires.

Enfin, avant la nuit, l’arrivée d’une colonne de secours met en fuite les partisans de Bou Amama et permet de soigner les blessés, de réconforter les survivants et de s’occuper des morts.

Le capitaine Vauchez qui pendant toute la durée du combat n’avait laissé paraître aucune souffrance, n’ayant de soucis que celle de ses légionnaires, succombe à ses blessures le 3 septembre à midi. Le lieutenant Selchauhansen meurt le 4 septembre. Héros adoré par sa section, il demeure l’une des plus belles figures de jeune officier de légion. La 22e compagnie a perdu ce jour-là 36 morts, dont 2 officiers et 47 blessés.

Un monument a été élevé par la suite sur l’emplacement du combat. Les légionnaires qui l’ont construit y ont gravé l’inscription suivante :

« Ici ont combattu pendant 8 heures, contre les dissidents marocains, 113 légionnaires de la 22e compagnie montée du 2e régiment étranger. Deux officiers, le capitaine Vauchez et le lieutenant Selchauhansen, atteints mortellement, 34 tués et 47 blessés sont le témoignage impérissable de leur exemplaire et héroïque conduite ».

Yannick Pons

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