NÎMES Victor Solf : "Une grande partie de l'influence de "Her" existe encore dans mon projet solo"
Victor Solf se lance en solo avec un premier album intitulé Still. There's Hope. L'ex-membre du duo Her, sera sur la scène de Paloma à Nîmes ce samedi 30 octobre 2021. Interview.
ObjectifGard : Ce concert à Paloma fait suite à la sortie de votre album, Still. There's Hope. C'est le premier en solo depuis la fin de Her, votre précédent groupe. Qu'est-ce qui a motivé la création de cet opus-là, maintenant ?
Victor Solf : Je l'ai presque fait par nécessité. Je venais de sortir un EP, Aftermath, qui a complètement été court-circuité par la pandémie et le confinement. J'ai un clip de prévu, des tournées etc. alors je me suis demandé ce que je pouvais faire en attendant. La réponse a été assez simple, un album. Je me suis plongé dans le travail. Rester actif, ça a toujours été ma philosophie. Je n'ai pas l'habitude que les choses viennent à moi mais plutôt d'aller les chercher. Les trois premières semaines ont été assez stressantes parce que l'inspiration ne vient pas en un claquement de doigt, mais après j'ai trouvé mon rythme. En un peu plus d'un mois, j'avais rassemblé les morceaux de l'album.
Ce premier EP vous a guidé sur la voie de l'inspiration ? Les deux objets sont-ils si différents ?
Avec ce premier EP, je pense que malgré moi, j'ai essayé de me prouver que j'étais capable de tenir un projet solo, d'avoir les épaules pour. Je n'ai eu que des expériences de groupes par le passé, donc même si ça a été inconscient, quand je réécoute cet EP, c'est un peu ce que j'entends, ce besoin de me prouver quelque chose. Ça m'a fait du bien parce que ça m'a permis d'aborder l'album en étant vraiment serein. Avec le recul, de la sérénité, de la douceur aussi, ressortent de cet album.
Vous le disiez, votre passé artistique est marqué par les groupes. Le plus connu est Her, un duo que vous avez formé avec Simon Carpentier, décédé des suites d'un cancer en 2017. Comment vous êtes vous détaché de ce duo-là, auteur de tube tel que Five Minutes ?
Je ne suis pas sûr d'avoir eu envie de m'en détacher parce que ça fait partie de moi-même, c'est une partie de ma vie que j'assume totalement. En fait, il y a une sorte de continuité dans cet album. J'ai voulu me réinventer en laissant les guitares de côté, les sons guitare étaient une signature de Her. J'ai beaucoup plus travaillé autour du piano, mais sinon pour le reste, cette idée de moderniser la soul, de mettre ma voix en avant, d'avoir une production très épurée, très minimaliste, c'est toujours là. Une grande partie de l'influence de Her existe encore dans mon projet solo.
Vous rendez hommage à Simon dans cet album...
Oui, je lui rends hommage, mais c'est aussi le rapport au deuil dont je parle. De réussir à gérer l'absence, à ne pas cultiver de haine ou de rancoeur face à cette situation, à cette grande injuste qu'est la perte de quelqu'un. Particulièrement quand il s'agit d'une personne âgée de 27 ans, qui n'aurait pas dû nous quitter. Et ça rejoint toute la philosophie de l'album : comment réussir à avoir un regard optimiste et plein d'espoir sur la vie et notamment lors de ce genre d'épreuve ? Ce n'est pas la seule évoquée dans l'album, il y en a d'autres mais c'est vrai que celle-là est la plus marquante de ma vie. Mais on peut décider de se battre pour être heureux, pour avoir un environnement autour de nous qui est tourné vers le positif, vers l'amour... On en revient toujours à l'amour plutôt que la haine.
C'est donc votre histoire que vous racontez au fil des chansons ?
Oui et c'est une pression supplémentaire que je me suis imposée. Je ne me cache derrière aucun pseudonyme. Je me devais pour ce premier album de parler de moi, de mes expériences. Ça a été assez déstabilisant pour moi de revenir à la première personne du singulier, mais à force, c'est venu et ça m'a permis de me rendre compte que lorsqu'on évoque des sujets que l'on croit très intimes, il y a toujours un côté universel et des personnes se retrouveront forcément dans les paroles... La tromperie par exemple, c'est un des sujets dont je parle dans l'album. J'évoque aussi ma paternité, mon fils dans le titre Comet. Je me livre, je me mets à nu, je parle de fausses couches. J'ai reçu des messages très personnels de personnes qui ont aussi vécu cette épreuve. J'ai été bluffé, ça me fait du bien, ça me donne de l'espoir.
Victor Solf sur scène, ça donne quoi ?
C'est vraiment dans la continuité de Her, c'est-à-dire que toute la musique est jouée en live. J'aime vraiment cette idée de laisser vivre la musique et de mettre en avant le côté hyper organique de ma musique. Ce qui me permet de pouvoir déformer les titres, soit rallonger des chants ou au contraire des intros. Ça renforce le dialogue que je peux avoir avec le public et rend le live très humain. C'est quelque chose qui me tient à coeur. Il y a aussi un piano droit sur scène, ce qui se fait de moins en moins sur les tournées à cause des contraintes techniques que cela impose.
L'esthétique de vos clips est remarquable. Y avez-vous apporté votre touche personnelle ?
Complètement. Je travaille avec le réalisateur Liswaya. On voulait un lien entre les quatre clips sortis, mais aussi avec la pochette de l'album et idéalement avec la scène, de par ma tenue par exemple. En réfléchissant à ce concept, c'est l'idée de la voiture qui est ressortie. On a illustré la voiture à travers les épreuves, donc un accident de voiture, mais aussi d'autres choses.
On vous imagine facilement à l'oeuvre pour le cinéma...
C'est quelque chose sur laquelle je suis en train de travailler, avec des projets de séries. C'est encore confidentiel, mais j'espère qu'ils se concrétiseront et que vous pourrez m'entendre et me voir sur des séries, des films.
Propos recueillis par Stéphanie Marin