NÎMES Violences dans les quartiers : des postes éducatifs supprimés, la CGT agacée

Un policier en patrouille dans le quartier de Pissevin
- Photo Corentin Corger"Ce n’est pas en désertant les quartiers les plus vulnérables que l’on affaiblira les réseaux criminels. Et ce n’est certainement pas un couvre-feu imposé aux moins de 16 ans qui y changera quoi que ce soit."
Avec sept fusillades sur les deux dernières semaines, les quartiers nîmois sont de nouveau le théâtre d'une escalade de la violence sur fond de règlements de compte liés à une guerre de territoire entre les trafiquants de drogue. Ce mercredi matin, dans un communiqué, la CGT-PJJ Gard Lozère, qui défend tous les travailleurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, annonce la suppression de trois postes éducatifs au sein des services de Milieu Ouvert de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) du Gard.
"En effet, à compter du 1er septembre 2025, ce sont 75 jeunes en attente de la mise en œuvre de leur décision de justice qui resteront sans accompagnement éducatif. 50 à Nîmes, 25 à Bagnols-sur-Cèze. Autant de parcours qui risquent de s’enliser, de basculer, de s’éteindre dans l’indifférence. C'est non seulement incompréhensible, mais profondément irresponsable", s'indigne le syndicat qui regrette cette baisse de moyens.
Avant d'ajouter, "supprimer des postes éducatifs, c’est fragiliser des équipes qui exercent déjà dans des conditions très dégradées, priver les mineurs de toute perspective éducative, avec de forts risques de récidive. Aggraver l’insécurité que le Ministre de la Justice prétend combattre. Et éloigner l’État des quartiers populaires, alors que les besoins sont colossaux."
"Sacrifier l’éducatif, c’est condamner à l’échec toute politique de sécurité"
Pour les agents de la protection judiciaire de la jeunesse, la répression seule ne suffit pas pour endiguer le fléau du trafic de drogue : "aucune politique sécuritaire ne tiendra sans une réponse éducative ambitieuse et durable. Ce n’est pas en désertant les quartiers les plus vulnérables que l’on affaiblira les réseaux criminels. Et ce n’est certainement pas un couvre-feu imposé aux moins de 16 ans qui y changera quoi que ce soit, il ne s’agit là que d’une réponse ponctuelle, aussi inefficace que démagogique. L’éducation est une réponse de fond, structurelle, humaine et ne devrait jamais être une variable d’ajustement budgétaire."
Avant de conclure en interpellant le Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, "il est aujourd’hui temps de revenir sur cette décision incomprise. Il est temps de rétablir les moyens à la hauteur des enjeux à Nîmes. Il est temps de comprendre que sacrifier l’éducatif, c’est condamner à l’échec toute politique de sécurité. Depuis l’annonce des suppressions de postes, la CGT-PJJ alerte sans relâche, à tous les niveaux hiérarchiques (Territorial, régional et national). Le 04 avril dernier, nous manifestions devant le Tribunal Judiciaire de Nîmes pour dénoncer ces coupes budgétaires, largement relayées par la presse locale. Depuis, nous sommes sans réponse satisfaisante de l’administration."