QUISSAC 130 caravanes et camping-car s'installent au bord du Vidourle

La communauté d'environ 350 personnes est installée le long de la ripisylve du Vidourle, au-dessous du pont qui part vers la route de Montpellier
- François DesmeuresIls sont arrivés dimanche soir, en transit prolongé de deux semaines, entre Avignon et Millau, leur prochaine destination, et ont installé environ 130 caravanes au bord du Vidourle. Le maire de Quissac - dont la commune n'a aucune obligation au regard au regard du schéma départemental d'accueil des gens du voyage - attend un arrêté de mise en demeure préfectoral, qui doit intervenir dans la journée. Il a rencontré deux responsables de la communauté évangélique, dont se réclament les gens du voyage, qui se sont engagés à partir dimanche.
Le terrain avait été précédemment repéré, au bord du Vidourle, au pied du parking de la grande pharmacie Chabrol. Dimanche soir, environ 130 véhicules et caravanes ont investi l'espace en question, qui appartient à la commune. Soit, sur place, entre 350 et 400 personnes, principalement des familles. Les gens du voyage ont également installé un chapiteau pour satisfaire aux moments religieux, le groupe se réclamant des évangélistes. Ils sont, d'après ce qu'ils ont dit au maire, Serge Cathala, en transit entre Avignon et Millau, et avaient prévu de rester quinze jours.
L'installation d'évangélistes sur des terrains communaux - en premier lieu ceux qui servent à la pratique du sport - c'est un peu le tube de l'été 2025 dans le sud de la France, avec de nombreuses occupations sauvages en cours dans les Bouches-du-Rhône ; et après, dans le Gard, celles de Saint-Hilaire-de-Brethmas et Saint-Gilles. Si le manquement des institutions en matière d'infrastructures pour les gens du voyage est souvent montrée du doigt par ces mêmes évangélistes, cela ne concerne pas Quissac : commune de moins de 5 000 habitants, elle est liée à l'intercommunalité Piémont cevenol, qui n'a pas fait le choix de se charger de cette compétence. "On n'a pas de ville de plus de 5 000 habitants, on n'est donc pas dans une obligation de s'en occuper", confirme Fabien Cruveiller, président du Piémont cévenol.
En zone fortement inondable
C'est donc au maire de la commune concernée - en l'occurrence Serge Cathala - de demander un arrêté préfectoral de mise en demeure pour occupation illégale de terrain. "Lundi matin, j'ai signifié à la communauté qu'ils étaient en zone d'aléa fort à l'inondabilité dans le cadre du PPRI (plan de prévention du risque inondation), et qu'ils ne pouvaient pas rester, précise Serge Cathala. Ils m'ont dit qu'ils comptaient rester 15 jours... J'ai donc saisi les services de la préfecture. J'ai fini d'envoyer le dossier hier (mardi, NDLR), parce que la préfecture m'a demandé de justifier que le terrain appartenait bien à la commune..."
Sur l'esplanade, Quissac reçoit actuellement la semaine bouliste. Et la fête de Vièle s'annonce pour le samedi 25 juillet. En plus des "violations des règles d'urbanisme", Serge Cathala dénonce "des risques pour l'hygiène et la sécurité". Si deux représentants de la communauté lui ont assuré, ce mercredi matin, que la communauté possédait ses propres dispotions en matière d'assainissement - notamment des toilettes, dont le terrain est dépourvu - le maire craint des vidanges sauvages des "caissettes de leurs camping-car" directement dans le Vidourle, "alors qu'on est surveillés sur la perte d'effluents par la station d'épuration". Dès l'installation, il a déjà constaté deux branchements sauvages sur des bornes électriques, ainsi que deux autres sur des hydrants, soit des bornes d'incendie.
"Je trouve ça un peu fort de café", réagit Serge Cathala, qui signale tout de même que l'entrevue de ce mercredi matin, avec deux responsables, s'est bien passée. Côté préfecture, on annonce un arrêté "de mise en demeure sous 24 heures", dans cette journée de mercredi, après un mardi très occupé par la traversée du département par le Tour de France, qui a justement emprunté le pont qui passe au-dessus du camp provisoire. Serge Cathala se doute qu'il y aura des recours contre l'arrêté, ce qui repousserait son application à la fin de la semaine. Ce qui correspond, justement, au délai que la délégation qui rencontrait Serge Cathala, a donné ce mercredi matin, estimant un départ possible pour dimanche...
Contactée, l'une des deux personnes de la communauté évangélique qui a rencontré le maire a refusé de répondre aux questions d'Objectif Gard, prétextant des propos systématiquement déformés par les journalistes rencontrés précédemment. Cette personne - l'un des pasteurs de la communauté - disait être partie en repérage sur le prochain site où les plus de 350 personnes devraient s'installer, soit Millau d'après ce qui a été dit au maire.
"Près de 400 personnes en plus, ça a quand même un impact sur notre château d'eau"
Serge Cathala, maire de Quissac
Un maire qui regrette, entre autres, la mise devant le fait accompli. Et, s'il se félicite que la situation n'ait entraîné aucun débordement de la part des habitants de sa commune, il n'en relève pas moins les problèmes posés. "On est concernés par l'inondabilité du Vidourle et par les ruissellements. On demande bien souvent des compléments de travaux de sécurité pour un permis de construire, et là, 130 caravanes s'installent en zone rouge... Près de 400 personnes en plus, ça a quand même un impact sur notre château d'eau. Et ça influe sur la réserve disponible pour les pompiers en cas d'incendie", se désole Serge Cathala.
Côté communauté de communes, le président signale que les terrains de sport, souvent cible des gens du voyage pour une installation proviosire, sont globalement sécurisés. "Mais il faut peut-être se mobiliser pour des actions collectives et une meilleure oganisation pour répondre à ces situations-là, poursuit Fabien Cruveiller. Il y a un fait qui est accepté, sur le principe, par l'État. Mais derrière, sur le terrain, il faut aussi qu'il y ait une forme de respect des gens, des situations et des sites. Peut-être faut-il dynamiser le schéma départemental pour que des communes, comme Quissac, ne soient pas prises de cours."