Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 11.04.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 1862 fois

PRÉSIDENTIELLE Christophe Rivenq (LR) : "Zemmour a été l'idiot utile de Marine Le Pen"

Christophe Rivenq et Max Roustan ont collecté les derniers bulletins de vote du bureau centralisateur avant le dépouillement. (Photo Corentin Migoule)

À Alès, Marine Le Pen (Rassemblement national) a gagné du terrain pour se hisser à la première place avec 26,36% des suffrages et devance de peu Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, 26,13%). L'écart est un peu plus marqué avec le président sortant, Emmanuel Macron, (21,42%) qui est malgré tout au second tour au détriment du candidat LFI. Très loin derrière, Valérie Pécresse (Les Républicains) n'a récolté que 4,41% des voix dans la capitale des Cévennes, au grand dam du maire, Max Roustan, et de son premier adjoint.

Il ne tombe pas complètement des nues tant il s'y était préparé à la vue des sondages ces dernières semaines. Mais Max Roustan n'aurait "jamais pensé tomber aussi bas". Le maire Les Républicains d'Alès va même jusqu'à parler de "deuil" pour son parti qui, par l'intermédiaire de sa candidate Valérie Pécresse, a enregistré le résultat le plus bas de son histoire avec moins de 5% des suffrages.

Quelques minutes avant que les résultats ne s'affichent à 20 heures pétantes sur le mur de salle des États du Languedoc de l'hôtel de ville, Christophe Rivenq, patron des Républicains du Gard, annonçait la couleur après la réception d'une estimation "secrète" qui donnait la candidate LR autour de 8%. Un résultat qui constituait déjà "une déception" pour le tandem d'élus cévenols et la petite dizaine de curieux venus garnir la mairie.

Représentant local LREM, Simon Rossini participe au dépouillement pendant que Christophe Rivenq et Max Roustan découvrent avec stupeur les résultats d'une estimation peu avant le verdict. (Photo Corentin Migoule)

Près de trois longues heures plus tard, peu avant 23 heures, la feuille d'émargement du dernier des 28 bureaux de vote de la capitale des Cévennes arrivait enfin. De quoi connaître les résultats définitifs à Alès, lesquels ont montré que l'engouement pour Valérie Pécresse n'était pas plus marqué qu'à l'échelle nationale. Il est même très légèrement inférieur (4,41%).

Comme en 2017 lorsqu'il était arrivé en tête, Jean-Luc Mélenchon réalise un joli score avec 26,13% des voix. Mais il n'est que second puisqu'il talonne de près Marine Le Pen (RN), laquelle grappille deux points de plus qu'il y a cinq ans (26,36%). Emmanuel Macron, troisième, progresse lui aussi de près de deux points (21,42%), loin devant Éric Zemmour (8,13%), tandis que le Parti communiste, malgré son ancrage historique en Cévennes, a pris une gifle (3,66%).

Malgré la déconvenue, le sourire est revenu sur les visages de Max Roustan et de Christophe Rivenq, peu avant 23 heures ce dimanche soir et la fermeture de l'hôtel de ville. (Photo Corentin Migoule)

Avant de fermer à clé l'hôtel de ville après une soirée morose qui pourrait sonner le glas de son parti, Christophe Rivenq, beau joueur et tout sourire malgré la déconvenue (notre photo), a pris le temps de nous livrer son analyse : "Il y a eu un vote utile à Gauche pour Mélenchon et à Droite plutôt à destination de Macron car beaucoup d'électeurs ont eu cette crainte que Marine Le Pen arrive première au premier tour. Zemmour a été le trublion de la campagne. Alors qu'il avait un temps été donné au second tour, il finit à 7%. Il a été l'idiot utile de Marine Le Pen en la recentrant."

Interrogé sur l'avenir du parti LR, le premier adjoint de la ville d'Alès reconnaît qu'il y a "des questions à se poser pour reconstruire une Droite républicaine". Et d'ajouter : "Je pense que l'erreur qui a été faite est de vouloir marcher sur les plates bandes de Le Pen et Zemmour. L'électorat qu'il fallait reconquérir, c'est celui de Fillon en 2017 qui avait décidé de rejoindre Macron !"

Parce qu'il a "toujours été contre les extrêmes", le patron des Républicains du Gard ne donnera pas sa voix à Marine Le Pen. Sa décision, qui ne relève d'aucune évidence, n'est pas tranchée pour autant : "Je suis aussi en désaccord avec Emmanuel Macron sur sa vision de la France, une France hyper-métropolisée. Il a méprisé les collectivités locales. Il a méprisé les Français. Il ne les connaît pas. C'est son principal défaut. J'attends son débat du second tour. J'ai quinze jours pour me décider entre le vote blanc et le vote pour Emmanuel Macron."

Corentin Migoule

D'autres réactions alésiennes 

Francis Bassier, élu d'opposition RN à la mairie d'Alès : "Cela confirme ce que je pensais qui arriverait. J'aurais pensé que Valérie Pécresse soit plus haut. Elle a appelé à voter pour Emmanuel Macron mais ce n'est pas un problème car les gens l'ont déjà quittée pour voter Macron. Je suis persuadé que l'électorat de Dupont-Aignan, comme celui de Lasalle, se reportera sur le RN. Chez Mélenchon, il y a aussi des gens qui voteront pour nous. Les jeux ne sont pas faits. Tout est possible, contrairement à la dernière fois."

Alain Martin, figure locale de la CGT et militant LFI : "Je suis très très déçu pour les générations futures. Mais la lutte continue avec ce que Jean-Luc Mélenchon a su construire courageusement contre vents et marées. Ici est la force, nous avons une stratégie, le pôle populaire, nous avons un programme, nous avons devant nous d’autres élections. Nous tiendrons à chaque étape notre rang." Et de poursuivre au sujet du second tour : "C'est un duel ou un duo fratricide dans lequel nous n’avons rien à espérer. Rien au niveau social où les services publics, la sécu et notre système de retraite seront sacrifiés sur l’autel du profit à court terme. Rien non plus au niveau écologique malgré les alertes du GIEC."

Corentin Migoule

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