QUE SONT-ILS DEVENUS ? Franck Maurice : du Parnasse aux pyramides

Franck Maurice en Égypte avec son épouse Thouria
- Photo DRChaque mardi de l'été, Objectif Gard vous donne des nouvelles d'une personnalité qui a été sous les feux des projecteurs. Coach emblématique de l’USAM de 2014 à 2022, Franck Maurice vient de signer au Zamalek Sporting Club, le grand club africain de hand.
« Je suis bien installé dans le quartier des ambassades, il y a beaucoup d’expatriés et je suis à trois stations de métro de la salle ». C’est désormais au Caire que vit Franck Maurice. Il a posé ses valises dans la capitale égyptienne, il y a à peine deux semaines. Un tout nouveau défi pour l’entraîneur que l’on avait quitté en mars 2022 après une lourde défaite dans un derby et qui ne terminait pas la saison. « J’étais usé ! Je savais dès le début de la saison que ce serait ma dernière, mentalement, ça a été difficile. Il fallait être lucide sur la fin, quand tu n'as plus d’énergie, ça ne vaut plus le coup », se souvient-il. Une fin un peu amère d’un parcours plus que positif pour un des principaux acteurs qui a permis au club de changer de dimension.
« C’était une aventure excitante qui s’est construite petit à petit. On a gravi les échelons vraiment de manière pondérée et assumée pour s’installer dans le Top 5, finir sur le podium, se hisser en finale de la Coupe de France et retrouver la Coupe d’Europe 25 ans après », résume-t-il. Le Parisien reste d’ailleurs le dernier coach à avoir qualifié la Green team pour une compétition continentale qui lui échappe maintenant depuis trois saisons. Il garde en tête le retour du public au Parnasse dont l’ambiance atteint des sommets le soir du retour sur la scène européenne face aux Hongrois de Csurgoi, « ça reste un moment magique ! ».
Une période dorée marquée par l’éclosion de futures stars dont Prandi et Hesham ou encore d’internationaux tels que Desbonnet, Tobie et Acquevillo. Sans oublier l’aventure humaine avec ce groupe emblématique et l’épanouissement personnel. Quelques mois plus tard, c’est à l’autre bout de la France que Franck Maurice rebondit à Dunkerque, toujours en première division. La première année et demie se passe plutôt bien, les retours sont positifs même si les moyens financiers promis ne se concrétisent pas. « Le budget a diminué trois ans de suite, financièrement, c'était difficile, mais ça me convenait. »
Une fin difficile à Dunkerque
La dernière année a été en revanche très dure à vivre pour le coach qui a fini au bord de la dépression. « Il y a eu un manque total de transparence. On m’annonce que l’on ne me prolonge pas soi-disant pour des raisons économiques, mais ce n’est pas assumé. Au fur et à mesure, l’ambiance s’est détériorée et c’est devenu insupportable. Je ne fais pas ce genre de métier pour être isolé ». Des désaccords avec les dirigeants et un malaise profond qu’il surmonte grâce au soutien de sa famille. Le père de trois enfants, qui jouent tous au hand, parvient malgré tout à aller jusqu’au bout de la saison.
Mais cette fin douloureuse lui donne envie de se réorienter et de basculer vers le management. « Quand je vois les manques dans les clubs professionnels, je me dis qu’il y a peut-être des choses à faire et donc je m’inscris pour le diplôme de manager de club sportif professionnel à Limoges. » Alors que dans sa tête, il pensait avoir déjà tourné la page du métier d’entraîneur, en coupant court à toutes les sollicitations en France, une offre atypique arrive le 10 juin dernier. « Mon agent m’appelle pour me dire que le club égyptien de Zamalek s’est renseigné, savoir si je suis intéressé par leur projet. Il fallait réfléchir très vite et prendre la décision en deux semaines. »
Partir loin sur un autre continent, en vivant éloigné des siens, l’homme de 53 ans n’hésite finalement pas longtemps. « Ce qui m’a tout de suite redonné envie d’entraîner et motivé, c’est la démarche du club qui s’est tourné vers moi, car il voulait quelqu’un qui avait déjà travaillé avec des Égyptiens. » Le profil de Franck Maurice correspond après avoir entraîné plusieurs années Mohammad Sanad, ancien de Zamalek et surtout attiré à Nîmes Ahmed Hesham, aujourd’hui au MHB. « J’avais aussi fait venir l’équipe nationale U19 pour un stage au Parnasse donc j’avais les connexions. »
La pression de gagner des titres
Son épouse Thouria, ex joueuse professionnelle, a terminé de le convaincre avec un message prémonitoire, « depuis deux ans, elle me disait : il va se passer quelque chose avec l’Égypte. C’est une opportunité de dingue et ça ne peut qu’être positif. » Fin juillet, le couple s’envole alors au Caire et découvre les sommets des pyramides. Pour Franck, c’est un véritable challenge à relever au sein de Zamalek, considéré comme le plus grand club d’Afrique avec 19 titres de champion d’Égypte et surtout 12 Ligue des Champions remportées.
Le pays des Pharaons est devenu une grande nation du handball mondial, la quatrième et la seule capable de rivaliser avec les mastodontes européens. Les trois quarts de la sélection évoluent d’ailleurs en Europe. Une place forte d’autant plus à Zamalek où l’attente est forte, car ce club historique n’a plus remporté de trophées depuis trois saisons, désormais dans l’ombre du grand rival Al Ahly. « Cela me fait penser à Montpellier quand le PSG est arrivé avec plus d’argent, les meilleurs joueurs partent, c’est la fin d’un cycle et le rapport de force s’est inversé. » Au Français donc, le premier à entraîner en Égypte, de refaire gagner Zamalek, la pression est forte comme la passion des supporters. Il y a sept compétitions à disputer dont six presque en duel face à l’ennemi juré.
Tout s’en adaptant à cette toute nouvelle vie, l’ancien nîmois garde toujours un œil sur l’USAM, « c’est une équipe jeune avec du potentiel ! », qui démarre aussi de son côté une nouvelle ère.