VALDEGOUR La Maison de l'accompagnement scolaire (MAS) au bord de la rupture
Après avoir été lâchée financièrement par la préfecture qui évoque des irrégularités sur les dépenses de l'association, la Maison de l'accompagnement scolaire de Valdegour (MAS) est au bord de la rupture.
Un comité de pilotage a été organisé le 5 décembre 2023 au sein de l'espace Diderot réunissant les adhérents, les jeunes et les habitants appelés à exprimer leur soutien à la Maison de l'accompagnement scolaire de Valdegour (MAS).
Point de rupture
L’association est actuellement confrontée à une menace existentielle. Elle évoque la perspective imminente de fermeture et d'arrêt de ses activités de soutien scolaire à l’endroit des jeunes du quartier. Selon la directrice, Amina Benkhelouf-Segueg, c'est parce que l’association a refusé d’accueillir en son sein le mouvement des Gilets roses l’année dernière, que la préfecture du Gard a coupé les subventions annuelles de l'association à hauteur de 35 000 euros. Depuis, Amina Benkhelouf-Segueg a cherché en vain à faire réévaluer la décision de la préfecture tout en continuant à assurer la survie de la MAS, en puisant dans ses réserves de trésorerie qui se sont réduites comme peau de chagrin. Les 135 jeunes actuellement bénéficiaires de programmes de soutien scolaire pourraient être affectés par l’asphyxie programmée de l'association.
Lors de ce comité de pilotage, les partenaires institutionnels comme la Caisse d'allocations familiales (CAF), la Mairie, l’Éducation nationale et le Département du Gard ont manifesté leur soutien à l’association. "La MAS ne disparaîtra pas. Et il y a un mot important, c’est la liberté de l’association. Les institutions publiques n’ont pas à dire aux associations ce qu’elles ont à faire. Le soutien du Département est là et il ne défaillira pas", martèle Daniel Eyraud, qui représente Amal Couvreur pour le Département.
"Une structure qui compte dans le quartier"
Pascal Besson, directeur de l’ex-établissement scolaire qui était abrité par le complexe de l’espace Diderot enfonce le clou : "Les associations se doivent de préserver leur autonomie. Pour autant, il est nécessaire que les partenaires soient associés aux types de projets que la MAS souhaite mettre en place. Le but est de reprendre ce terrain qui est de l’accompagnement et du bien-être des enfants à l’école. Avec la transmission des valeurs républicaines", ajoute l’enseignant à la retraite.
Inquiets par le spectre de la fermeture qui plane sur l’association, les parents et les élèves sont venus en nombre afin d’affirmer leur soutien. "La structure est essentielle. Je la connais depuis 23 ans. Elle assiste nos enfants pour les devoirs mais pas uniquement", glisse une maman. D'anciens élèves ont tenu également à apporter leur soutien. "Aujourd’hui je suis infirmière grâce à la Mas qui m’a soutenue pendant mon parcours scolaire", lance Inas, aujourd'hui infirmière en soins intensifs au CHU de Carrémeau. Amina Benkhelouf-Segueg a écrit une lettre au ministre de l‘Intérieur afin que l’on entende sa voix. Sans soutien de l’État, la directrice devra démissionner et la survie de l’association sera sévèrement remise en cause.
La procureure de la République saisie
Contactée par Objectif Gard, la préfecture du Gard répond que "les services de l’État contrôlent les associations bénéficiaires d’aides publiques, qui doivent chaque année rendre compte de l'usage des fonds publics qui leur sont confiés par l'envoi d'un bilan financier. Suite à la communication du bilan financier de la MAS au titre de l'année 2022, et au regard de certaines dépenses présentes dans ce bilan, il a été procédé en mars 2023 à un contrôle administratif approfondi de l’association. Au cours de ce contrôle (fondé sur l'envoi de différentes pièces comptables), des irrégularités et des anomalies sur des dépenses ont été constatées."
Des dysfonctionnements qui ont amené la préfecture à suspendre "à titre conservatoire, le versement des subventions en numéraire au titre de l'année 2023. La mise en œuvre d'une procédure contradictoire n’a pas permis de lever le doute sur la justification des dépenses. Au regard du caractère potentiellement pénalement répréhensible de certaines de ces dépenses, la procureure de la République de Nîmes a été saisie en application des dispositions de l'article 40 du code de procédure pénale." Pour autant, aux dires de la préfecture, "la Mas continue néanmoins de bénéficier de deux conventions d’adultes relais afin de permettre d'assurer une continuité dans l'accompagnement scolaire des enfants du quartier."
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