Publié il y a 1 h - Mise à jour le 07.10.2025 - Yannick Pons - 3 min  - vu 401 fois

VIOLS DE MAZAN Dominique Pelicot entre en scène, en tension face à son ex-femme et à son fils

Gisèle pelicot à la cour d'assises de Nîmes

- Photo Yannick Pons

Extrait de sa cellule pour témoigner lors de la deuxième journée du procès, Dominique Pelicot a pris la parole depuis le box des accusés de la cour d’assises du Gard. Devant Gisèle, son ex-femme, et leur fils Florian, il affirme avoir toujours prévenu les participants que la victime était sédatée et nie toute contrainte sur l’accusé Hussamettin D., qu’il décrit comme consentant et actif durant les faits.

Après les psychiatres et psychologues hier, cette deuxième journée du procès en appel de l’affaire dite des “viols de Mazan” s’est ouverte ce mardi matin devant la cour d’assises du Gard avec les auditions du directeur de l’enquête et d’un témoin des gardes à vue. Très vite, les enquêteurs ont balayé le doute soulevé par la défense sur la question de l’horodatage des vidéos. Ils ont confirmé que Hussamettin D. est resté au moins trois heures et vingt-quatre minutes au domicile des Pelicot.

Dominique Pelicot entre en scène

L’unique accusé à comparaître, Hussamettin D., 44 ans, conteste toujours la sévérité de sa condamnation à neuf ans de réclusion criminelle, sans remettre en cause sa culpabilité. Hier, il avait tenté de minimiser sa responsabilité, se présentant comme un homme sous emprise, contraint par Dominique Pelicot, le mari de la victime, à commettre l’irréparable.

L’après-midi, la tension est montée d’un cran avec l’audition de Dominique Pelicot, extrait de sa cellule pour témoigner. Dans le box, cheveux gris, silhouette voûtée, il paraît presque chancelant. À ses côtés, son avocate Béatrice Zavarro. En face, son ex-femme Gisèle, figée, et leur fils Florian, penché en avant, les coudes plantés sur la table, le regard rivé sur son père. Dominique Pelicot admet avoir filmé la scène et administré des médicaments à son épouse “dans un verre de vin apéritif”. Il nie toute contrainte exercée sur Hussamettin D. : “Je sais ce que j’ai fait. » Il semble sangloter, mais reprend, presque défiant : “Pendant quarante ans, j’ai été impeccable. »

"Il a pris du plaisir"

Le président pose la question qui reste en suspens depuis hier : « Combien de temps monsieur D. est-il resté chez vous ? », demande Christian Pasta « Environ deux heures. Il est arrivé vers minuit, il est reparti vers 2h du matin », répond Dominique Pelicot qui commence à se relever. Maître Menvielle lui demande quelle était sa relation avec son épouse à l’époque des faits. “Je ne répondrai pas à cette question”, lâche-t-il d’un ton sec. Le président lui demande si Hussamettin D. savait ce qui l'attendait et s’il lui avait fait peur en l’obligeant à continuer.

« Je leur ai toujours dit avant qu’elle serait sédatée, et ils sont tous venus quand même. Je ne l’ai pas menacé, il n’a pas pris la fuite, la porte était fermée à clé. Il a pris du plaisir, il a éjaculé. » Dominique Pelicot se redresse. Celui qui paraissait affaibli quelques instants plus tôt retrouve soudain de la vigueur. Le regard fixe, perçant, la tête légèrement penchée vers l’avant, il se défend pied à pied. Une joute tendue s’engage entre Dominique Pelicot et Me Darrigal, l’avocat de Hussamettin D.

Le ton monte, chaque mot semble peser. L’avocat lui demande s’il existe des photographies pouvant s’apparenter à des scènes libertines. Pelicot répond d’une voix ferme qu’elles sont toutes des scènes de viol. Me Darrigal insiste, évoquant la possibilité de clichés où apparaîtrait une femme ressemblant à Gisèle Pelicot. « Elles existent », soutient l’avocat. Il évoque une photo intitulée « Nadine attachée dans le garage ». Une soirée libertine jouée dans son propre garage de Mazan en compagnie de plusieurs hommes et une femme qui ressemble terriblement à Gisèle Pelicot. « Je ne répondrai pas », se mure Pelicot. La tension est à son comble, puis le témoin quitte la salle afin d’être reconduit dans sa cellule.

La tension retombe

Un policier, auteur des premières découvertes, est venu rappeler comment tout a commencé, après qu’un vigile l’a surpris en train de filmer sous les jupes des femmes au supermarché Leclerc de Carpentras : « En ouvrant Skype sur le téléphone de Pelicot, j’ai vu des conversations évoquant des rapports sexuels avec sa femme endormie. J'ai compris qu’il y avait un souci. »

Enfin, comme pour alléger une journée particulièrement dure, une amie du couple a témoigné de sa proximité avec Gisèle avant et après les faits : “Elle est solaire, foncièrement positive. Elle n’a jamais excusé son mari, mais elle avait la nostalgie de leurs cinquante ans passés ensemble. Elle s’est battue quand elle a compris ce qu’il s’était passé.”

En sortant, Gisèle Pelicot a été accueillie par les acclamations et les applaudissements de plusieurs centaines de personnes. Elle prend le temps d'embrasser une petite fille qui l'interpelle. Une parenthèse inattendue dans l’atmosphère oppressante des assises.

Demain, la journée s’annonce tout aussi chargée. À 9 h, reprise de l’audience avec l’audition de la partie civile, Gisèle Guillou, suivie des dernières questions et lectures. Les plaidoiries des parties civiles sont prévues en fin de matinée. À 14 h, la cour reprendra pour le réquisitoire de l’avocat général, étape cruciale avant les plaidoiries de la défense et le verdict attendu en fin de semaine.

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