Publié il y a 2 h - Mise à jour le 07.10.2025 - Yannick Pons - 4 min  - vu 452 fois

VIOLS DE MAZAN "Hussamettin D. est resté au minimum 3h24 au domicile des Pelicot"

Gisèle Pelicot à la cour d'assises de Nîmes

- Photo Yannick Pons

Après les experts hier, c'est au tour des enquêteurs aujourd'hui de mettre à mal la défense de Hussamettin D. qui explique être resté une demi-heure seulement au domicile du couple et avoir été contraint de continuer le viol, sous la menace de Dominique Pelicot.

Les enquêteurs balayent le problème d’horodatage évoqué par la défense et affirment que Hussamettin D. est resté au minimum 3h24 au domicile des Pelicot. Après les psychiatres et les psychologues hier, cette matinée a été consacrée aux auditions du directeur de l’enquête et d’un témoin des gardes à vue.

Le procès en appel de l’affaire dite des “viols de Mazan” s’est poursuivi ce mardi matin devant la cour d’assises du Gard. L’unique accusé à comparaître, Husamettin D., 44 ans, continue de contester la sévérité de sa condamnation à neuf ans de réclusion criminelle, sans remettre en cause sa culpabilité. Même si hier il a minimisé sa responsabilité, notamment en se rangeant derrière la position coercitive de Dominique Pelicot.

Hier, les experts psychiatres avaient évoqué son absence de pathologie mentale et une personnalité peut être influencée mais consciente de ses actes. Ils avaient insisté sur la question du libre arbitre, estimant que, malgré la personnalité dominante du principal protagoniste, Dominique Pelicot, l’accusé conservait la capacité de discernement.

"Karim belle queue"

Ce mardi, la cour a entendu plusieurs témoins et, surtout, le directeur de l’enquête, un haut responsable de la police nationale des Hautes-Alpes, ancien directeur d’établissement pénitentiaire. C’est lui qui a coordonné les investigations après la découverte d’un réseau d’agressions sexuelles d’une ampleur inouïe. En effet, 62 individus identifiés comme ayant participé à au moins 92 viols sur une même victime, l’épouse de Dominique Pelicot., droguée à son insu pendant plusieurs années.

Selon le policier, les faits débutent après le déménagement du couple en 2011, avant de s’intensifier à partir de 2016. Les rendez-vous étaient fixés le soir, selon un schéma précis et répété. Les suspects recevaient des instructions détaillées : ne pas fumer, ne pas boire, chuchoter, se laver les mains à l’eau chaude, tout pour éviter le moindre bruit susceptible de réveiller la victime. Dominique Pelicot. allait jusqu’à violer lui-même sa femme, afin de “tester son niveau de conscience”.

Le témoin expert de la partie civile, qui a participé aux gardes à vue explique que l’accusé est plus arrogant que soumis. Il se présente comme « Karim belle queue ou Karim bien monté. Vous n’avez pas de preuves, vous ne m’avez pas pris en flag », raconte-t ’elle de ses premières auditions. La brigadier-chef semble particulièrement troublée. Selon elle, l’accusé évoque des menaces de Dominique Pelicot qui l’empêchent de partir, « il se cherche des excuses » « Il a entendu gémir, il a pensé que c’est soit du plaisir soit de la douleur. »

L’horodatage validé

L’exploitation des données saisies lors des perquisitions a révélé un disque dur contenant plus de 4 000 fichiers — photos et vidéos — classés dans un dossier nommé “abus”. Les images, selon l’enquêteur, ne laissent aucun doute : “il s’agit exclusivement de scènes de viols, la victime étant inconsciente”.

L’un des documents les plus accablants concerne Husamettin D., filmé dans la nuit du 28 juin 2019. L’horodatage, confirmé par l’expert, prouve que les violences ont duré plus de trois heures. « Au moins de 0h12 à 3h46 » selon le directeur de l’enquête, un point confirmé par le témoin expert. On y voit l’accusé agir de manière mesurée, en chuchotant, dans le but manifeste de ne pas provoquer de réveil.

Libre-arbitre

À la barre, le directeur d’enquête a écarté toute hypothèse d’un malentendu sur le consentement : “À aucun moment, on ne peut penser qu’elle faisait semblant de dormir. Elle est inerte, elle ronfle, s’étouffe, et Dominique Pelicot lui tient la tête pour éviter qu’elle ne tombe.” Le comportement de l’accusé démontre, selon lui, une parfaite conscience de l’état de la victime. Selon l’expert appelé à la barre, la femme de Husamettin D. décrit une personne tendre mais pas influençable.
À la question du président sur une éventuelle emprise exercée par D. P., l’enquêteur qui a visionné et compilé les vidéos, a parlé d’un rapport “directif, mais non coercitif” : “Sur les vidéos, il n’y a ni menace, ni contrainte physique. Tout se passe dans le chuchotement. Dominique Pelicot guide, il invite. C’est une complicité, pas une soumission forcée.”

"Il y a eu un jour ou j'ai bien pensé me foutre en l'air."

Avant la pause, le psychiatre, psychothérapeute de Gisèle pelicot, encore aujourd’hui, prend la parole par visio-conférence et raconte le tsunami interne qu'a vécu Gisèle Pelicot quand elle a compris ce qu'il s'était passé. Il dénonce une emprise psychologique, morale, sexuelle et chimique de son mari. Une soumission progressive. L'expert explique que l’isolement dans le Vaucluse va exacerber cette situation. Elle n’avait pas de voiture. « Elle n’avait pas les moyens de percevoir ce qu’on lui faisait subir », explique l’expert. Elle lui faisait une confiance aveugle même s’il était de plus en plus insistant sexuellement. « Un jour, dans son orgasme, il m’a dit dans l’oreille, j'aimerais te voir sodomisée par un noir », raconte l’expert dans un entretien avec la victime. « Aujourd’hui, elle a honte, elle estime avoir été traitée comme une poupée gonflable, elle n’avait pas les moyens de percevoir ce qu’on lui faisait subir. »

La journée doit se poursuivre cet après-midi avec le témoignage de Dominique Pelicot et l’analyse plus détaillée des fichiers vidéo.

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