Lancé par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), ce programme visait à réhabiliter les centres anciens les plus dégradés de 25 villes en France. Saint-Gilles, avec un bâti très endommagé, un tiers de logements indignes, une population précaire et des contraintes patrimoniales fortes, était un terrain d’action prioritaire. Aujourd’hui, la transformation est chiffrée. 222 logements ont été rénovés via les dispositifs publics, à quoi s’ajoutent de nombreuses réhabilitations portées par des propriétaires privés. Cinq biens à l’abandon ont été repris par la commune puis revendus à des acquéreurs désireux de les rénover. Le permis de louer a permis de contrôler 60 logements, dont 10 ont nécessité des travaux suite à la visite. Neuf équipements publics, parmi lesquels des écoles, une salle polyvalente, des salles de spectacle et un parking souterrain, ont été réhabilités. En parallèle, 14 rues et places ont été réaménagées. 66 devantures de commerces ont également été rénovées et le taux de vacance est passé de 25 % à 11 % en dix ans.
Au total, 35,1 millions d’euros ont été investis dans le centre ancien de Saint-Gilles, dont 16,1 millions apportés par les partenaires institutionnels (État, ANRU, Europe, Département du Gard, Région Occitanie, Nîmes métropole ANAH, DRAC) et donc 19 millions d’euros par la municipalité saint-gilloise. Le préfet du Gard, Jérôme Bonet et Mathias Nieps, sous-préfet chargé de la politique de la ville, ont fait le point in situ, mardi dernier, tandis que ce PNRQAD s’achève. "On a pu faire le tour de projets aboutis ou en voie de l’être. Il y a une énergie et une alliance forte entre la commune, les bailleurs sociaux, l’État. Le centre ancien était déserté. Il est en train de se repeupler, de redevenir attractif. Il y a de nouveau des transactions immobilières », a indiqué le représentant de l’État.
Le programme ne s’est pas limité à la réhabilitation du bâti. Il s’est construit autour d’une réappropriation collective du centre ancien, avec de nombreuses actions menées en lien avec des associations et des habitants : végétalisation des espaces, repas partagés, médiation patrimoniale dans les écoles, spectacles son et lumière, chantiers éducatifs. Le patrimoine de la ville est devenu un levier de cohésion sociale. Cette vision se traduit aussi dans les projets d’habitat. Le bailleur social "Un Toit pour Tous" a choisi Saint-Gilles comme territoire test pour expérimenter une nouvelle approche : intervenir sur l’existant.
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Sur trois îlots, 17 logements seront proposés. Jean-François Dalançon, responsable de programme chez "Un Toit pour Tous", souligne le changement de culture que cela implique. "Aujourd’hui, c’est un enjeu majeur. L’étalement urbain est de plus en plus restreint, donc la question de reconquérir la ville se pose. Ce n’était pas naturel pour nous. Là, on est dans une nouvelle logique." En ce qui concerne le neuf, une "maison en partage" est en cours de construction. Ce projet, dédié aux personnes âgées, prévoit la création de 20 logements neufs. Le dernier enjeu identifié est la finalisation de l’îlot voisin à l’abbatiale, où sera implanter le futur musée du Moyen Âge. Ce nouvel équipement qui a pour vocation de redynamiser économiquement le cœur de ville, en renforçant les volets touristique et culturel de Saint-Gilles.