Un phénomène qui touche tous les milieux
Certaines mineures ont des parents « défaillants », d’autres des mamans « aimantes »… Des mineurs jouent parfois les rabatteurs.
C’est l’âge où on sort à peine du CM 2. On découvre le collège. On peste contre les cartables trop lourds. On ronchonne car les copines ne sont pas dans la même classe... Émilie* n’a pas connu cette vie-là. À 12 ans, elle n’était pas en sixième. Elle a été retrouvée, lourdement tuméfiée, dans la rue, à Nîmes. Prise en charge à l’hôpital, on découvre qu’elle se prostitue. L’adolescente frôle aujourd’hui les 15 ans. Elle est difficile à joindre. L’avocate des droits de l’enfant, appelée à la rescousse dans cette affaire, reconnaît que la prostitution a fait tomber la jeune fille dans un milieu « extrêmement violent », dont elle n’arrive pas à se sortir.
Une « inquiétante expansion » de la prostitution des mineurs
Émilie n’est pas un exemple isolé. En mai 2024, alors qu’elle est ministre déléguée à l’Enfance, Sarah El Haïry, donne un chiffre : entre « 6 000 et 10 000 enfants » seraient victimes chaque année de la prostitution.
L’avocate d’Émilie se remémore les sévices constatés par les médecins dans le détail, sans avoir besoin de se replonger dans le dossier. Elle brosse à grands traits le parcours sinueux de l’adolescente : une vie familiale compliquée, une maman « défaillante », un placement en foyer dans un autre département… …