Avant que la cour ne se retire pour délibérer, l’accusé a pris la parole une dernière fois : « J’ai jamais voulu faire du mal à cette dame. »
Les réquisitions de l’avocat général
Presque inaudible à cause d’un problème de son, l’avocat général a replacé le dossier dans une perspective plus large, celle d’un « fonctionnement social archaïque qui fait de l’homme celui qui décide et de la femme celle qui n’a pas son mot à dire ». Il a évoqué « un acte monstrueux qui ne fait pas de lui un monstre, car il a encore de l’humanité en lui », avant de requérir douze ans de réclusion criminelle contre Husamettin D.
La défense plaide le doute et la manipulation
Me Menvielle, pour Husamettin D., a contesté la lecture trop simple du dossier. « On vous a dit que le viol était évident, que la soumission chimique était évidente », a-t-elle déclaré. Selon elle, trois jours de débat auraient été remplacés par « douze minutes » d’images, comme si le reste du dossier n’avait aucune importance.
L’avocate a insisté sur le rôle central de Dominique Pelicot, qu’elle a qualifié de « pervers et menteur XXL », « un diable qui manipule tout le monde tout le temps ». Selon lui, les vidéos ne constituent pas une preuve objective mais un montage séquencé au service des fantasmes de Pelicot : « Ces vidéos parachèvent l’œuvre criminologique de Pelicot ». Me Menvielle a décrit Husamettin D. comme un homme « dominé », « détruit physiquement et psychiquement », qui n’aurait pas eu conscience de la situation réelle de Gisèle Pelicot : « Monsieur Pelicot a manipulé tout le monde, un psychiatre, sa famille, son épouse... Quelle est la marge pour le libre arbitre quand on est manipulé ? »
Rappelant le parcours de son client, marqué par les difficultés sociales, la maladie et un rôle de père présent auprès de son enfant handicapé, Me Menvielle a plaidé l’acquittement, estimant qu’un défaut d’intention pouvait justifier la relaxe.
Me Darrigade, la voix de la défense
Dernier à plaider, Me Jean-Marc Darrigade, avocat de Husamettin D. a livré une importante plaidoirie. D’une voix qui monte souvent jusqu’au cri, il a tenu à rendre hommage à Gisèle Pelicot après avoir évacué "l’horrible suspicion de complicité portée sur la victime" à Avignon : « Une femme dont le courage en première instance fait qu’elle est devenue, contre son gré, une icône », a-t-il déclaré, rappelant les applaudissements qui saluent ses sorties du tribunal. « La culture du viol, c’est tous ensemble qu’on devra l’abandonner », a-t-il poursuivi.
Revenant sur Dominique Pelicot, il l’a décrit comme « un criminel hors normes », capable de tromper son entourage pendant plus de trente ans. « Lui qui a trompé son entourage professionnel, conjugal, familial pendant plus de 30 ans, car sa criminalité hors normes, elle est datée (1991). En 1999, il est marié, parfaitement respectable. Il reconnait qu'il est allé agresser cette femme avec un chiffon empli d’éther, une pulsion. Ah bon, vous vous êtes muni d’un chiffon d’éther, une pulsion ? Et Husamettin D., son crime en 1999, c'était au pied d’un immeuble pour une barrette de shit vendue pour survivre parce que son père l’avait foutu dehors. »
Pelicot reponsable
« Il a tout préparé, tout organisé, tout contrôlé. » Face à lui, Husamettin D. lui semble « d’un tout autre monde », un homme sans comparaison possible : « Pouvait-on concevoir que ces deux individus fussent aussi différents ? Monsieur Pelicot l'a conditionné. »
Me Darrigade a rappelé que « la circonstance aggravante, c’est la réunion, et la réunion, c’est Pelicot ».
Il a défendu le droit de Husamettin D. à faire appel, tout en comprenant que ce recours ramenait les victimes et leurs conseils devant la cour.
Puis sa voix s’est encore élevée : « Je ne veux pas qu’on oublie Dominique Pelicot parce que c’est lui le responsable ! » a-t-il lancé, avant de conclure en évoquant « le plus grand pervers psychopathe qu’on ait eu en France probablement ».
Verdict attendu dans l'après-midi.