Publié il y a 1 an - Mise à jour le 14.04.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 1908 fois

ALÈS La Storia, jazz-club vaste et ambitieux en plein centre-ville

(photo François Desmeures)

Au 6 de la place Henri-Barbusse, Alain Frobert a acquis l'étage avant de le transformer en club de jazz, où on peut assister à un concert tout en se restaurant ou en buvant un coup. Une salle qui n'a pas vraiment d'équivalent dans la région. 

Alain Frobert a entièrement rénové une ancienne salle de billard pour créer un lieu unique dédié au jazz • (photo François Desmeures)

Une porte noire d'entrée de club. Mais une salle, au premier étage, à découvrir entièrement. Au 6 de la place Henri-Barbusse, le passionné de jazz qu'est Alain Frobert a construit un monde selon ses rêves, rénové un espace imposant pour que les amateurs s'y sentent chez eux, placé un long comptoir de bois, des tables disposées comme un cabaret et une zone de buffet pour picorer et enchaîner les tapas toute la soirée. 

"Très tôt, à Paris, c'est une ambiance qui m'avait beaucoup marqué, raconte Alain Frobert, notamment cette proximité avec les musiciens." Car dans un jazz-club, la scène est juste un piédestal, pour permettre au public du fond de voir les musiciens. Mais la musique ne toise pas le public, elle l'accompagne dans la bonne tenue de sa soirée, comme un compagnon, à sa hauteur, en accoustique. Ouvert il y a quatre semaines, après une petite expérience en octobre, le jazz-club alésien tient à cette proximité, tout en respectant l'intimité des convives et mélomanes. 

"La salle était un restaurant, puis un club de billard." Au-dessus du parfumeur Marionnaud, Alain Frobert a tout rénové, traité l'accoustique des lieux, installé de l'isolation phonique, "de façon à faire la musique qu'on veut faire, tout en ayant la paix", résume le maître des lieux. Car le fil conducteur, ici, c'est bien sûr la musique. "Ouvrir un bar à tapas avec une sono, ce n'était pas ma vocation", tranche Alain Frobert. Alors, si les tapas valent le détour, si les produits frais et locaux façonnent leur gourmandise, si les bars à vin et bière invitent à la dégustation, si le cadre est très agréable et le personnel qualifié, c'est avant tout pour la musique qu'on vient passer la soirée, en s'acquittant d'un montant de concert qui va intégralement à l'artiste. 

"Thomas Ibanez m'a dit qu'il n'avait pas vu l'équivalent de cette salle au niveau national"

Alain Frobert, créateur du jazz-club la Storia

La Storia organise donc deux soirées par semaine, les vendredi et samedi. Ce soir, le Franck Nicolas trio investit la scène (*). Demain, Franck Monbaylet se mettra seul au piano. La semaine prochaine, ce sera un trio de musique brésilienne le vendredi, puis le Jean-Philippe Sempéré quartet le samedi. Le lieu ouvre à 19h, mais les concerts débutent à 21h. Le tout à un tarif raisonnable pour le niveau des artistes qui se produisent, entre 12 et 14 € pour le tarif plein. "On ne peut pas faire plus de deux soirées par semaine à Alès, raisonne Alain Frobert. Après, il est possible qu'on ouvre de temps en temps le jeudi, ou selon la disponibilité des groupes." 

La vaste salle allie convivialité et intimité • (photo François Desmeures)

Ce qui rassure le créateur des lieux, c'est qu'il a déjà pu noter "un début de fidélisation", malgré une ouverture récente. "S'ils sont fidèles une ou deux fois par mois, c'est déjà bien. Il nous faut, environ, une cinquantaine de personnes par concert pour vivre confortablement." Soit près de 400 personnes par mois. Même si Alès ne transpire pas le jazz, l'objectif ne paraît pas insurmontable. "Il y a quand même un public", tempère Alain Frobert, qui constate avec bonheur l'engouement qu'ont suscité les deux premières éditions du festival Jazzoparc, à Anduze. 

Et puis, il n'est pas interdit de rêver d'attirer des inconditionnels de Nîmes et Montpellier sur certains concerts, en s'appuyant sur ce qui est déjà une réussite, le cadre : "Thomas Ibanez, l'un des premiers à être venu jouer, m'a dit qu'il n'avait pas vu l'équivalent de cette salle au niveau national." Et puis, Alain Frobert ne manque pas d'idée. "Je veux développer les ciné-concerts, ce qui serait une alternative aux grandes salles de cinéma. Ici, on peut se lever, aller manger une pâtisserie, etc." La Storia diffuserait donc des films muets accompagnés en direct par les musiciens, comme Pascal Comelade l'avait fait, à l'occasion d'Itinérances, sur des films de Segundo de Chomon, il y a quelques années. Une offre supplémentaire éventuelle pour une salle qui veut être agitatrice culturelle.  

(*) Réservations conseillées au 07 67 95 45 47 ou sur la page Facebook de la Storia. 

François Desmeures

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